Magazine Le Mensuel

Nº 2931 du vendredi 10 janvier 2014

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

En pointillé…
Depuis plusieurs semaines, les forces d’opposition perdent du terrain dans la province frontalière d’al-Hasaka, une nouvelle alliance ayant été conclue entre les combattants kurdes et les forces loyales au président Bachar el-Assad. Les miliciens proches d’al-Qaïda n’ont pas laissé le choix aux militants kurdes. Ils les ont harcelés et en ont kidnappé plusieurs. Ce changement d’alliance s’est traduit par d’importants changements sur le terrain, les anti-Assad ne contrôlant plus qu’une infime partie de la province d’al-Hasaka et se repliant dans celle de Qamishli. Des sources à Damas rapportent que des dirigeants kurdes à Irbil ont joué un rôle primordial dans cette nouvelle entente, les deux clans Barzani et Talabani ayant toujours entretenu de bonnes relations avec le régime Assad, même avant l’accès de Bachar el-Assad au pouvoir en 2000. 

     

Elections sans surprises au Soudan
Les élections parlementaires et présidentielles soudanaises en 2015 ne devraient pas changer grand-chose dans le paysage politique. Les partis d’opposition ont décidé, à l’unanimité, de boycotter les deux scrutins, tant qu’une nouvelle Constitution n’aura pas été adoptée et qu’un gouvernement transitoire n’aura pas été formé. Même le parti al-Oumma, présidé par l’ancien Premier ministre Sadek el-Mahdi, qui entretient des relations avec le régime, a décidé de s’abstenir de participer car, selon les anti-Bachir, les résultats sont connus d’avance. Pour sa part, le président Omar Hassan el-Bachir fait la sourde oreille et affirme qu’il n’y a aucune raison d’amender la Constitution ou de changer le gouvernement actuel.   

Christopher Ross émissaire personnel du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon, serait sur le point de réunir autour de la même table les belligérants du conflit sahraoui. Après des mois de tractations, le diplomate américain rassemblera à Stockholm des représentants du royaume marocain et du Mouvement Polisario. La seule condition de Rabat: que ces négociations ne soient pas considérées officielles, mais plutôt informelles. Une condition qui ne gâche pas la fête puisque, selon Ross, le plus important actuellement est de rétablir la confiance entre les deux partis.      

Tamarrod le mouvement égyptien qui avait mené la fronde contre le régime des Frères musulmans et avait réussi, le 30 juin 2013, à renverser le président Mohammad Morsi, n’est plus que l’ombre de lui-même. Cause de ce déclin, les intérêts personnels des dirigeants du mouvement qui se préoccupent peu du peuple et de ses ambitions. Ainsi, l’aide humanitaire envoyée par les Emirats arabes unis a été utilisée par les dignitaires de Tamarrod en récompenses personnelles, seuls les villages dont ils sont originaires ayant bénéficié de cette générosité. Entre-temps, Mahmoud Badr et Mohammad Abdel-Aziz, les deux noms les plus connus et les plus actifs de la mouvance, n’ont pas caché leurs ambitions présidentielles, menaçant l’unité de Tamarrod. D’autres dirigeants ont annoncé leur intention de soutenir la candidature du ministre de la Défense, le général Abdel-Fattah el-Sissi.        

Londres change les règles du jeu
La Grande-Bretagne a toujours été une terre d’asile pour les islamistes fuyant la répression dans leurs pays d’origine. Des milliers d’entre eux ont choisi d’y vivre tout en ne renonçant pas au langage de haine qu’ils ont toujours véhiculé. Situation inacceptable après les nombreuses attaques terroristes menées à Londres et ailleurs dans le monde par des jihadistes de nationalité britannique. C’est probablement ce qui a poussé le gouvernement de David Cameron à adopter une politique sévère à l’égard de ces prêcheurs de la mort. Désormais, quelques dizaines d’imams, connus pour leurs discours radicaux, seront privés d’accès à leurs mosquées, et le ministère de l’Intérieur pourra bloquer les sites des salafistes sur lesquels ils appellent les jeunes au jihad et à la révolte contre le gouvernement de Sa Majesté. Cameron veut ainsi envoyer un message fort afin de montrer que son pays ne tolérerait plus de tels actes.

 

Le Maroc vers la modernité?
Driss Lachgar, leader du principal parti d’opposition marocain, l’Union socialiste des forces populaires, exige que le gouvernement, présidé par Abdel-Ilah Benkirane, apporte des changements aux lois sur l’héritage et la polygamie. Une question qui affecte directement le statut de la femme marocaine, qui se trouve désavantagée devant la loi en cas de conflit avec la gent masculine. Lachgar a ainsi lancé un cri fort: «Soyons audacieux, n’ayons peur de rien et discutons de tout autour de la table». Cet appel du cœur n’a pourtant pas été bien accueilli par le parti Justice et Développement au pouvoir, qui considère que ces questions n’avaient pas lieu d’être. Ainsi, les proches de Benkirane ont accusé le chef de l’opposition de tenter de se faire passer pour un modernisateur.            

Sissi président!
L’Egypte, confrontée à la crise la plus sérieuse depuis la perte du Sinaï, en 1967, se prépare à élire un nouveau président pour la deuxième fois en moins de deux ans. Alors que les islamistes de la Confrérie des Frères musulmans ont, d’ores et déjà, annoncé qu’ils boycottaient ce processus, des signaux montrent que le ministre de la Défense, principal artisan du coup contre les Ikhwan, se prépare à briguer la magistrature suprême. Ceci explique les manifestations organisées chaque semaine dans diverses provinces du pays demandant à Abdel-Fattah el-Sissi d’accepter la confiance qui lui est accordée par le peuple. Un mouvement qui rappelle les méthodes utilisées par le régime de Hosni Moubarak. De son côté, Sissi assure n’avoir aucune ambition personnelle… jusqu’à nouvel ordre.

Krekar veut rentrer chez lui
Selon des sources bien informées, l’ancien leader d’Ansar al-Islam Mullah Krekar, détenu en Norvège et auquel on impute trente chefs d’accusation, serait prêt à retourner dans la province du Kurdistan. Une annonce surprise, puisque Najmeddin Ahmad Faraj, âgé de 60 ans, avait été chassé de son pays à la suite des combats qui l’avaient opposé au Parti de l’Union nationale du président irakien Jalal Talabani. Sa seule condition pour revenir est de ne pas être inquiété par la justice d’Irbil ni par la justice internationale. Drôle de proposition puisqu’Oslo n’a, à aucun moment, exprimé sa volonté de le libérer, alors que les autorités kurdes se réjouissent de l’exil de ce leader religieux très encombrant. Vu la situation dramatique en Syrie et le rôle primordial des mouvements jihadistes proches d’al-Qaïda, il n’est pas du tout sûr que Washington souhaite la libération d’un des émirs islamistes les plus radicaux au monde, surtout que le Mullah Krekar n’a jamais caché son amertume de ne pas pouvoir prendre part aux combats en Syrie.       

Mystérieuse disparition
Les circonstances entourant la mort de Jamal el-Jamal, ambassadeur de Palestine à Prague, intriguent les observateurs. La version officielle est que le diplomate a succombé à l’explosion de son coffre-fort. Mais la police scientifique, qui s’est rendue sur place, s’est aperçue de la présence d’un arsenal à l’intérieur du domicile du représentant de l’Autorité palestinienne. A 56 ans, Jamal el-Jamal avait été nommé, il y a deux mois à peine, ambassadeur en République tchèque, après avoir été pendant plusieurs années consul à Alexandrie. Face à ces suspicions, le président palestinien Mahmoud Abbas a nommé un comité d’enquête chargé d’élucider les circonstances exactes de la mort de Jamal. Pour sa part, Rana, la fille du diplomate, a assuré qu’il s’agit d’un attentat et non d’un accident. Affaire à suivre.   

Retour à la Jamahiriya
Il semble que la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi n’a pas vraiment changé grand-chose dans le pays de Omar el-Mokhtar. En effet, les rebelles libyens exigent désormais la distribution à la population de l’argent du pétrole. Un principe qui rappelle les slogans de la Jamahiriya et les idéaux de Kadhafi tels qu’il les a expliqués lui-même dans son fameux Livre vert. Résultat, les groupuscules qui contrôlent par la force les puits et les raffineries dans les régions est du pays, ont fait savoir qu’ils ne bougeraient pas d’un iota avant que les bénéfices de l’exportation de l’or noir ne leur reviennent directement. Une demande inacceptable pour le gouvernement de Tripoli, qui ne réussit pourtant pas à libérer les installations stratégiques malgré les nombreuses menaces adressées aux protestataires tout au long de l’année.          

1,6 milliard de dollars est le montant de l’accord signé entre l’Arabie saoudite et le gouvernement égyptien pour relier le réseau électrique des deux pays voisins. Selon l’accord de principe, le projet sera opérationnel début 2016 et permettra ainsi au Caire de profiter du réseau ultrasophistiqué du royaume. Selon Ahmad Imam, ministre égyptien de l’Energie, l’Etat dépense chaque année près de 4 milliards de dollars en compensation des pertes de la compagnie nationale d’électricité, sans que cela n’affecte financièrement le peuple, qui fait déjà face à des conditions de vie très difficiles. Riyad compte ainsi soutenir son allié dans le monde arabe afin de démontrer qu’il ne laissait pas tomber ses amis, à l’inverse peut-être du Qatar, avec qui Riyad n’a jamais été en très bons termes. Mais, selon des experts économiques, ce nouvel accord ne sera pas suffisant pour mettre fin aux pertes de l’Etat égyptien, le nombre de consommateurs devant augmenter de plus de 5 millions d’ici 2016.                  

3 livres pour un dollar américain. Tel est le nouveau record atteint par la monnaie turque après le scandale politico-financier impliquant des ministres du gouvernement actuel. Les investisseurs ont perdu confiance dans les politiques suivies par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui avait pris le pouvoir en brandissant le slogan des «mains propres». Ses ministres, voire peut-être son propre fils, ne semblent pas avoir les mains aussi propres qu’on le pensait. Cette situation alarmante a poussé le ministre de l’Economie à tenter de rassurer les marchés financiers, en leur annonçant que cette chute était due à une crise politique passagère, sans grande conséquence. Il n’est pas sûr que cet argument suffise à calmer le jeu, le gouvernement se trouvant désormais en lutte ouverte avec la justice et l’armée.

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