Magazine Le Mensuel

Nº 2931 du vendredi 10 janvier 2014

Expositions

Tammam Azzam. Moi, le Syrien

Jusqu’au 30 janvier, à la galerie Ayyam.

La galerie Ayyam de Beyrouth propose les œuvres de l’artiste syrien Tammam Azzam. Cette exposition se déroule en même temps que la première exposition personnelle de l’artiste en Europe, à la galerie Ayyam de Londres. Le jeune artiste de 32 ans, réfugié à Dubaï grâce à la galerie Ayyam qui l’a aidé à quitter la Syrie, utilise l’art pour parler de la détérioration de la situation dans son pays. Il superpose, par photomontage, des œuvres connues à la triste réalité syrienne. Une manière pour cet exilé de faire «quelque chose qui appartient à la révolution».
Tammam Azzam vit à Damas pendant les sept premiers mois de la révolution, puis se voit obligé de quitter la Syrie avec sa famille afin d’éviter l’enrôlement dans l’armée. Il se concentre alors sur l’utilisation des médias numériques. Il estime que ces derniers sont des outils puissants et un moyen de contestation, difficile à réprimer. Azzam s’est fait connaître mondialement, lorsque, début 2013, il fait la une des médias du monde entier quand son œuvre Freedom Graffiti envahit les réseaux sociaux. Il utilise Le Baiser de Gustav Klimt pour montrer la souffrance de son pays. Il superpose cette évocation de l’amour à des murs criblés de balles d’un bâtiment de Damas. Cette œuvre appartient à une série, Syrian Museum, dans laquelle l’artiste s’approprie des images des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art occidental qu’il intègre à des photos de dévastation prises à travers la Syrie. Ces images se veulent d’attirer l’attention sur «la destruction du patrimoine culturel de la Syrie et de juxtaposer le potentiel créatif de l’humanité aux dégâts qu’elle est aussi capable d’infliger».
Cette série, dont une nouvelle présentation de Freedom Graffiti, est exposée à la galerie Ayyam. Par ailleurs, dans Bon voyage, sa dernière série d’œuvres, Azzam s’intéresse à la fragilité des structures politiques post-révolution.
«Dans ses collages numériques, de grandes grappes de ballons de couleurs vives emportent des bâtiments éventrés par la guerre; ceux-ci sont directement cueillis des rues de Damas et flottent au-dessus de certains des lieux-clés et des sièges politiques les plus connus du monde». Les œuvres de Tammam Azzam sont une façon pour lui de continuer à lutter contre les injustices commises dans son pays, la Syrie.

Christianne Tager Deslandes

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