Magazine Le Mensuel

Nº 2980 du vendredi 19 décembre 2014

general

Arsenal. Les nouveaux missiles du Hezbollah

L’attaque menée par Israël, début décembre, contre des cibles militaires au sud et au nord-ouest de Damas met en exergue l’arsenal de plus en plus important du Hezbollah. De quoi est-il composé?
 

Selon des sources liées à l’opposition syrienne, les deux dernières attaques aériennes israéliennes près de Damas auraient ciblé des entrepôts abritant des missiles S-300, destinés au Hezbollah.
Cette théorie ne convainc cependant pas le journaliste et chercheur Nicholas Blanford, spécialiste du Hezbollah. «Ce type de missiles antiaériens n’a pas besoin d’être transféré au Liban pour servir. Les bases de lancement peuvent être simplement installées aux frontières libano-syriennes afin de protéger l’espace aérien libanais», déclare l’expert.
Ce type de missiles vient rejoindre la pléthore d’armes acquises par le Hezbollah dont des missiles iraniens à la technologie avancée. Cette information a été communiquée en novembre dernier par le cheikh Naïm Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah. Le parti disposerait de 80 000 à 100 000 missiles à courte et moyenne portée, selon les chiffres avancés par l’armée israélienne.

 

Missiles de la 4e génération
L’Iran aurait fourni au Hezbollah des missiles balistiques téléguidés Fateh, qui peuvent transporter une ogive de 500 kg et ont une portée de 250 à 350 km. Ce qui lui permettrait de frapper le réacteur nucléaire israélien de Dimona dans le sud d’Israël, qui se trouve à 225 km au sud de la frontière avec le Liban. «Cela serait possible à condition que les plateformes soient placées à la frontière. Mais ce n’est pas souvent le cas, ce type de missiles étant en général lancé à partir de la Békaa», assure Blanford.
Ce type de missiles ferait partie de la quatrième génération Fateh A-110 introduite en 2012. Une première version du missile Fateh A-110, datant de 2002, fait partie des systèmes de défense dont dispose le Hezbollah depuis la guerre contre Israël en 2006, commente l’expert. Une cinquième version du Fateh, appelée Khalij Fars, aurait également été transformée en missile balistique antinavire. «L’Iran et la Syrie ont entrepris, il y a plusieurs années, un programme de collaboration visant au développement et à la production de missiles en Syrie», affirme Blanford.
D’autres armes comme le M600 syrien, ou Tishreen, qui seraient également en la possession du Hezbollah, sont considérées comme une variante du Fateh A-110 avec un GPS doté d’une capacité de guidage amélioré qui lui permet de frapper dans un rayon de 500 mètres de sa cible à une distance maximale de 250 km. «Des sources diplomatiques croient aussi que le Hezbollah se serait porté acquéreur de quelques dizaines de missiles Scud-D pouvant atteindre des cibles à une distance de 700 km. «Mais ce type d’armes représente un véritable casse-tête logistique par rapport à d’autres systèmes de défense», selon Nicholas Blanford. Les Scud sont en effet des missiles à combustible liquide, ce qui rend le processus de lancement long, compliqué et potentiellement dangereux relativement aux missiles ayant recours à des combustibles solides. Ils sont généralement déclenchés à partir de plateformes de lancement de taille importante. Cela les rend donc beaucoup plus difficiles à cacher et à être employés sans être repérés. En comparaison, les Fateh A-110 à combustible solide et les M600 peuvent être lancés à partir de camionnettes reconverties en plateformes de lancement, explique Blanford.
La guerre en Syrie ne paraît pas avoir sérieusement affecté la puissance militaire du Hezbollah qui semble militairement, tout au moins, de plus en plus fort, que ce soit au niveau de l’échiquier libanais ou celui qui se dessine en Syrie.

Mona Alami

Missiles supersoniques
Citant des responsables du Renseignement américain, le Wall Street Journal avait rapporté en début d’année que le Hezbollah disposerait de systèmes de missiles de croisière supersonique Yakhont de fabrication russe. Certains composants d’un système antinavire de missiles puissant auraient déjà été déplacés au Liban, selon les services de renseignements, tandis que d’autres systèmes, qui pourraient cibler l’aviation israélienne, les navires et les bases, seraient stockés dans des dépôts d’armes sous le contrôle du Hezbollah en Syrie. Selon Nicholas Blanford, la plupart des cibles en Israël qui seraient dignes de l’attention du Hezbollah se trouvent dans la moitié nord du pays où la majorité de la population vit et où la plupart des installations militaires, les entreprises et les industries d’Israël sont situées. 

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