Magazine Le Mensuel

Nº 2989 du vendredi 20 février 2015

Interview

Questions à Walid Khoury

Où en est-on de la déclaration d’intention entre le CPL et les FL?
Le CPL et les FL sont tous deux très sérieux dans cette affaire et nous arrivons à la fin du processus. Il y a une entente profonde sur plusieurs dossiers, dont celui de la loi électorale et celui de la présidentielle.

Quand aura lieu la rencontre entre le général Michel Aoun et le docteur Samir Geagea?
Elle aura lieu bientôt. Les deux parties ont eu raison d’attendre, car elles avancent ainsi sur des bases solides. Heureusement qu’il n’y a pas eu de hâte, les gens attendent beaucoup de ce sujet et placent leurs espoirs dans cette rencontre. Les partisans des Forces libanaises, à l’instar de ceux du CPL, sont connus pour suivre leurs leaders. Un leader est celui qui peut amener ses partisans à le suivre et à l’appuyer, même s’ils ne comprennent pas tout à fait ses choix. Ceux-ci finissent par adhérer à ses options. Si les partisans du CPL n’ont pas compris au départ l’entente avec le Hezbollah, ils ont fini par suivre le général. Les Forces libanaises ont la même capacité de faire suivre leurs adhérents. Quand une entente profonde aura lieu entre les deux hommes, ils se rencontreront d’autant que c’est une réclamation des chrétiens. Nous espérons que d’autres partenaires se joindront à nous. Nous tendons la main à tout le monde.

Geagea pourrait-il appuyer la candidature de Aoun à la présidence?
Je pense cela possible. D’après ce qu’on entend dernièrement, les deux hommes se sont mis d’accord sur un président fort.

Le discours de Saad Hariri pourrait-il mettre en péril le dialogue?
C’était un discours dans le cadre d’un grand événement, et même en évoquant les quatre conditions pour le retour du Hezbollah à la vie politique, il n’a pas été violent ou cassant. Si quelqu’un a le droit de s’opposer à ses propos, c’est bien  sayyed Hassan Nasrallah qui a passé outre. Tous les deux ont mis en avant le dialogue. Dans des circonstances différentes, les deux discours auraient mis le feu aux poudres. Hariri a voulu transmettre un message disant que son parti continue à dialoguer avec le Hezbollah sans pour autant renoncer à ses propres demandes. Il devait dire cela à son public et, de son côté, le Hezbollah a été sage. On dirait qu’il y a une entente ou une connivence entre eux.

Sommes-nous au bord d’une crise gouvernementale?
C’est impossible qu’il y ait une crise gouvernementale. C’est un équilibre difficile à maintenir et certaines forces ont besoin de s’affirmer. La situation restera telle quelle. La seule solution serait l’élection d’un président de la République. Toutefois, même avec la présence d’un président, des différends existeront toujours, car ce n’est pas la majorité qui gouverne. Celle-ci est conditionnée par la minorité qui détient un droit de veto. Pour qu’il y ait un changement véritable, il faut qu’il y ait une nouvelle loi électorale, équitable pour tous les Libanais, qui enterre toutes les anciennes lois depuis 1960 à ce jour. Je pense à la proportionnelle et pas nécessairement la loi orthodoxe.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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