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Nº 2991 du vendredi 6 mars 2015

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Ziad Assouad, député de Jezzine. Pessimiste au sujet du dialogue CPL-FL

«Seuls les hommes libres peuvent établir un dialogue». Ces propos sont ceux du député de Jezzine, Ziad Assouad, membre du Bloc du Changement et de la Réforme. Avec son franc-parler habituel, il répond aux questions de Magazine sur le dialogue entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises.  
 

Nous avons l’impression que le dialogue entre les FL et le CPL stagne. Serait-ce un dialogue commencé pour ne pas finir?
Le dialogue a commencé pour aboutir à des solutions, à un moment où la situation des chrétiens au Liban et dans la région n’est pas saine. Il y a un très large contentieux entre le CPL et les FL allant de l’accord de Taëf, dont les FL sont l’un des parrains principaux alors que nous étions ses farouches adversaires, jusqu’à l’élection présidentielle. Taëf était mauvais pour les chrétiens qui, par leurs divisions, ont rendu les effets de cet accord encore plus néfastes. Il fallait une mise au point pour redresser la situation au milieu du silence sur ce qui passe sur les frontières libanaises et la claire intention des instances internationales d’implanter au Liban les réfugiés syriens. Avec la présence déjà pesante des Palestiniens, la population libanaise sera composée majoritairement d’étrangers. Cela contribuera à réduire le rôle des chrétiens en Orient, une manœuvre qui a commencé au Liban et qui s’y achève. Tout dialogue a besoin de bonne foi et de bonne volonté pour œuvrer à la récupération par les chrétiens de leurs droits et les libérer de toute pression étrangère afin de traduire les actions en paroles, sans prêter l’oreille aux conseils ou ordres de qui que ce soit. J’espère que l’expérience du projet de la loi orthodoxe ne se répètera pas, car elle a été douloureuse pour les chrétiens qui ont raté l’occasion de récupérer leurs droits.

Etes-vous optimiste à ce sujet?
Je ne le suis pas, car la concrétisation de ce dialogue se fait par l’étude de dossiers épineux tels que la loi électorale, la participation aux décisions de l’Etat libanais, le rôle des chrétiens dans les institutions publiques et l’équilibre au sein de celles-ci, mettre un terme à l’émigration des chrétiens, trouver une solution au chômage, élire un président fort et reconnaître aux chrétiens ce droit à l’instar des musulmans, établir une stratégie de l’Eglise pour assurer un enseignement bénévole, s’occuper des réfugiés chrétiens jusqu’à leur retour dans leurs pays, la vision concernant Israël et la Syrie, accepter l’autre. Si nous nous mettons d’accord sur ces points, nous ferons le bonheur des chrétiens. Autrement tout dialogue, long ou court, serait une perte de temps.

La fameuse rencontre entre le général Michel Aoun et le docteur Samir Geagea aura-t-elle lieu prochainement?
Je me base sur les vœux adressés par le docteur Geagea au général Aoun. Peut-on attendre un an pour aboutir à une entente, alors que la situation est tellement grave? Geagea parle d’un an alors que Aoun parle de la fin du Carême. Ces deux points de vue montrent deux approches tout à fait différentes, l’une sournoise et l’autre sincère. Si un accord n’est pas réalisé, les chrétiens se dirigent vers une crise existentielle, sociale, économique, philosophique et religieuse très grave. Le général Michel Aoun est le plus représentatif. Il est le seul capable de mélanger les cartes et il est combattu pour cette raison. Son poids lui permet d’imposer une nouvelle réalité. Il est malheureux de constater que certains misent sur l’âge avancé du général et font tout pour gagner du temps en espérant que la nature se chargera du reste. Geagea joue sur le facteur temps et estime ce dialogue comme une sorte de marketing sur le plan chrétien. Si ce dialogue aboutit, il espère se faire pardonner tous ses méfaits et, s’il n’aboutit pas, cela l’accablera encore plus.   

Peut-on encore élire un président «made in Lebanon»?
Je ne pense pas. Pour élire un président «made in Lebanon», il faut d’abord être «made in Lebanon» sur le plan financier et régional. Preuve en est, encore une fois, le projet de la loi orthodoxe. Il a été fait «made in Lebanon» et refusé par ceux qui ne sont pas «made in Lebanon».  

Le général Aoun a-t-il toujours des chances d’être élu président?
Certainement, en raison de sa situation populaire et politique, ainsi que de sa manière de trouver librement des solutions. Il est le plus représentatif sur le plan chrétien et au niveau de ses alliances avec les plus forts dans leurs communautés. Il a également prouvé la justesse de sa vision et de ses choix, sa manière de mettre l’accent sur les sujets épineux. Aujourd’hui, nous avons besoin d’un homme qui inspire confiance. Ce sont les hommes libres qui peuvent établir un dialogue avec les autres.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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