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Nº 3000 du vendredi 8 mai 2015

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La grande bataille du Qalamoun. Le compte à rebours a commencé

Tous les indices laissent croire que la grande bataille du Qalamoun, qui a fait couler beaucoup d’encre, est imminente, une question de jours, tout au plus. Cette bataille, considérée d’abord un véritable tournant sur le terrain et la plus importante après celle de Qoussair, a pour objectif: dominer totalement la région syrienne du Qalamoun et en évincer l’opposition syrienne islamique.

La région du Qalamoun s’étend de Zabadani à Assal-el Ward, Rankous et Flita. Le principal indice sur le terrain laissant prévoir l’imminence de la bataille est l’appel du Hezbollah à la mobilisation de ses militants et des combattants de la région du nord de la Békaa.
La dernière touche a été mise sur les préparatifs logistiques, sécuritaires et du renseignement et les médias du Hezbollah sont appelés à se tenir prêts à se rendre dans la Béckaa pour couvrir une bataille qui pourrait être proche et très importante.
Les informations en provenance des milieux du Hezbollah reviennent au 15 février, date à laquelle sayyed Hassan Nasrallah, dans son discours à la mémoire des martyrs du parti, a préparé ses principaux lieutenants au caractère décisif de la bataille dans le jurd pour la fin avril, après la fonte des neiges. Il a déclaré profiter de ce laps de temps pour recueillir tous les renseignements, amasser suffisamment d’informations sur la région, étudier la scène des opérations, entraîner les hommes et les équipements logistiques en prévision de la bataille. Il fallait également profiter de l’expérience acquise sur le terrain dans la lutte contre les groupes islamistes armés. Selon les mêmes sources, la coopération et la coordination entre l’armée syrienne et le Hezbollah ont permis de fixer les cibles à atteindre et la mise en place des mouvements de troupes sur le terrain, les voies de ralliement et les missions spécifiques requises dans la bataille.
Des manœuvres ont été exécutées d’après les différents scénarios possibles. Toujours selon les renseignements recueillis, les préparatifs en vue de la bataille du Qalamoun dépassent en matériels et en importance d’équipements ce qui avait été utilisé dans la bataille de Qoussair. La prochaine bataille sera lancée par un assaut à partir des jurds face à Britel et Nahlé, mais la nature de l’affrontement sera différente de celle de Qoussair en fonction de la différence de la nature, car il s’agit d’une région étendue et rocailleuse.
Le timing de la bataille du Qalamoun est particulier. Elle coïncide avec la guerre du Yémen et apparaît comme partie prenante de celle qui se déroule dans l’ensemble du monde arabe. Elle survient au moment où le régime syrien est en difficulté au nord, après la prise par l’opposition d’Idlib et Jisr el-Choughour en direction de Lattaquié. L’un de ses objectifs est de relever le moral du régime syrien qui a essuyé des revers ces dernières semaines.
Toutefois, pour le Hezbollah, ce pourrait être l’un des résultats de cet affrontement, mais non sa raison ni son mobile. La décision de cette bataille est prise depuis des mois et son exécution a été reportée au printemps, son objectif essentiel étant de chasser les terroristes de la région frontalière libanaise en coupant la route à leur infiltration à l’intérieur du Liban.
La bataille du Qalamoun soulève une série de questions et suscite des craintes avant même d’être lancée. Quelles peuvent être les répercussions militaires, sécuritaires et politiques sur le plan interne libanais: sur le sort des soldats pris en otages par Daech et le Front al-Nosra en guise de carte de négociations?

 

Quid de l’Armée libanaise?
Quel est le rôle de l’Armée libanaise dans cette bataille dont les répercussions sont difficiles à contrôler, car on ne sait pas de quel côté se dirigeront les hommes armés, vers l’intérieur syrien ou libanais à travers Ersal? L’armée déploiera certes ses forces défensives après avoir amélioré ses positions et renforcé en l’élargissant son champ de déploiement vers les cimes stratégiques des jurds de la Békaa et Ras Baalbeck. Son rôle principal consistant à protéger les frontières et à empêcher l’infiltration des terroristes sur les terres libanaises.
Quelle sera la position politique en Conseil des ministres et à la table du dialogue, qui réunit le Moustaqbal et le Hezbollah dont le secrétaire général sayyed Hassan Nasrallah avait prêché pour une coordination tripartite entre l’Armée libanaise, son parti et l’armée syrienne? Il avait mis chacun devant ses responsabilités dans cette bataille, qui ne permet pas, dit-il, des hésitations… Le Moustaqbal soutient l’Armée libanaise et sa mission dans les jurds de Ersal, mais ne veut en aucune façon permettre qu’elle intervienne dans n’importe quelle bataille en dehors du territoire libanais ni se laisse entraîner à une coordination avec l’armée du régime syrien.
Enfin, des sujets et des dossiers en suspens provoquent, sans aucun doute, des confrontations et des divergences politiques internes dont la principale porte est l’élection présidentielle et la nomination d’un commandant en chef de l’armée. De toute évidence, tous ces sujets sont gelés jusqu’après la bataille du Qalamoun dont le cours et les résultats auront un rôle important dans la saisie de ces dossiers et dans l’équilibre des forces politiques qui avait connu une amélioration en faveur du 14 mars après la Tempête de la fermeté et ce qui en a découlé sur le nouvel équilibre dans la région, les batailles du nord de la Syrie et qui en a résulté comme début de changement sur la réalité du terrain.

 

La guerre médiatique
La bataille du Qalamoun a été lancée médiatiquement, il y a quelques jours, et il était prévu qu’elle soit enclenchée quelques jours plus tard. Les préparatifs sont achevés comme les plans militaires de part et d’autre et tout est prêt à l’exécution. Ces préparatifs reflètent l’importance de la bataille qui s’étend sur une large étendue géographique. Mais cette bataille frontalière sur la ligne de démarcation avec la Syrie, par ses développements militaires, notamment au sud, et en bordure des frontières libanaises, par ses répercussions sécuritaires et politiques provoque des conflits et des divergences à l’intérieur du Liban avant même d’être entamée. Ces divergences tournent autour des causes de la bataille et ses objectifs: pourquoi a-t-elle été décidée et dans quel but? Le Courant du futur et ses alliés du 14 mars ne cachent pas leur inquiétude quant à la situation qu’une telle bataille peut répercuter sur le Liban vu sa précarité politique et sécuritaire. On ne peut pas minimiser les risques des répercussions communautaires. D’une part, le dialogue réduit la tension sunnite chiite, car le Hezbollah tente d’obtenir une couverture politique, notamment du Courant du futur et minimise les répercussions de cette bataille sur l’intérieur libanais. Le Hezb considère que cette bataille jouit d’une couverture internationale et régionale du fait qu’il s’agit d’une lutte antiterroriste et que la décision de maintenir la stabilité au Liban est préservée du fait qu’il s’agit d’une chasse aux réseaux et aux cellules terroristes.

Chaouki Achkouti

Offensive préventive d’al-Nosra
Le Front al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaïda, et d’autres groupes extrémistes ont attaqué, lundi, des positions tenues par l’armée syrienne et son allié, le Hezbollah, dans la région du Qalamoun. Selon les observateurs, il s’agit d’une attaque préventive contre le parti de Dieu qui se prépare à une offensive majeure contre les insurgés au Qalamoun dans les prochains jours.
Une source proche d’al-Nosra a confirmé à l’AFP les combats, sous couvert d’anonymat. Une source syrienne sur le terrain a également fait état de combats dans le secteur, assurant que «l’armée syrienne et ses alliés ont bloqué une attaque des groupes armés». Selon elle, plusieurs insurgés ont été tués et blessés dans un guet-apens tendu par les forces gouvernementales. Sur son compte officiel Twitter, al-Nosra affirme avoir «achevé la formation d’unités d’artilleurs, qui ont été positionnés sur les hauteurs du Qalamoun en prévision d’une attaque ennemie».

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