Magazine Le Mensuel

Nº 3007 du vendredi 26 juin 2015

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Saudi Cables. Médias et politiques

Depuis quelques jours, le site WikiLeaks publie, dans le cadre d’un projet intitulé Saudi Cables (Dépêches saoudiennes) près de 60 000 câbles et mémos. Présentés comme étant fondés sur des communications d’ambassades, des échanges de courriers électroniques entre diplomates, ces documents mentionnent plusieurs personnalités politiques ou médiatiques libanaises.

Dans le cadre d’un partenariat avec le site WikiLeaks, le quotidien al-Akhbar a commencé à distiller des dizaines de notes diplomatiques saoudiennes concernant le Liban. Des copies des originaux sont disponibles sur le site lanceur d’alerte. Jusqu’à présent, Riyad n’a pas nié l’authenticité de ces documents. Toutefois, le ministère des Affaires étrangères a mis en garde les médias et les citoyens de toute diffusion ou publication, car ils pourraient être des faux. L’avertissement, diffusé par le ministère des Affaires étrangères sur Twitter, ne conteste pas directement l’authenticité des documents mis en ligne par WikiLeaks.
Les fameuses dépêches de WikiLeaks prétendent que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, aurait réclamé, en 2012, une assistance financière de l’Arabie pour soutenir son parti «en état de faillite». Dans une lettre adressée par l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, à son ministère des Affaires étrangères, celui-ci raconte que le chef des Forces libanaises avait dépêché auprès de lui Elie Bou Assi, qui lui a confié que le parti de Geagea avait de graves difficultés financières, qu’il était au bord de la faillite et qu’il n’était même plus capable de payer les personnes chargées de sa protection. Geagea avait également fait part de sa disposition à se rendre en Arabie pour exposer sa situation aux dirigeants du royaume. Assiri avait recommandé dans une dépêche d’aider Geagea, alléguant le fait qu’il «était la seule force capable de faire face au Hezbollah et à ses alliés». Il avait également ajouté que «Geagea était le plus proche allié chrétien du royaume, que ses positions étaient solidement opposées au régime syrien et qu’il était prêt à exécuter toutes les instructions du royaume».
 

Les médias aussi
L’ancien président Amine Gemayel aurait demandé «l’autorisation» du roi saoudien de faire une ouverture en direction de Damas et aurait fait part de son souhait de se rendre en Syrie, assurant qu’il ne ferait rien sans l’accord de l’Arabie. Le ministre actuel des Télécommunications, Boutros Harb, aurait aussi, selon les WikiLeaks, réclamé que l’aide financière de l’Arabie soit reçue directement par lui, sans passer par l’intermédiaire de Saad Hariri. Harb aurait également formulé des critiques à l’encontre de ce dernier pour son absence prolongée en dehors du Liban. Il aurait aussi fait état de son souhait de quitter le mouvement du 14 mars et de fonder un nouveau rassemblement politique. A son tour, le président du Parti national libéral (PNL), Dory Chamoun, aurait réclamé une aide financière de l’Arabie «pour soutenir son parti».
Les médias libanais sont copieusement mentionnés dans les dépêches de WikiLeaks. Il semble que l’Arabie saoudite aurait financé la MTV à la suite des «difficultés financières» de la chaîne en contrepartie de l’exécution des instructions du régime saoudien et de servir les intérêts du royaume et de sa politique. Selon WikiLeaks, le président de la chaîne, Michel Gabriel Murr, aurait sollicité une aide de vingt millions de dollars. «Nous voulons que la chaîne soit au service du royaume. Nous payerons cinq millions de dollars et non toute la somme réclamée».
Les Saoudiens auraient tenté d’imposer le silence à la LBC lorsque la chaîne avait révélé une information selon laquelle l’ancien président Michel Sleiman aurait demandé au ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal, de faire une médiation avec Israël au sujet des fermes de Chebaa. Dans sa dépêche, Assiri avait mis cela sur le compte du différend qui oppose Pierre Daher au prince Al-Walid Ben Talal, proposant de faire pression sur la LBC à travers les publicités du Groupe Choueiri qui possède de grands intérêts en Arabie.

Joëlle Seif  

Le Hezbollah soupçonne Bazzi
Dans l’un des câbles diplomatiques, une source présentée comme «proche du Hezbollah» affirme que le député du bloc de Nabih Berry, Ali Bazzi, aurait été «retourné par les services de renseignements américains avec pour mission de collecter des informations sur le parti chiite». Le parti a publié un communiqué niant l’existence d’«une source du Hezbollah» et rejetant en bloc le contenu de la note.
Ali Bazzi a, quant à lui, affirmé qu’il n’avait pas besoin de présenter à qui que ce soit un certificat de patriotisme.

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