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Nº 3025 du vendredi 30 octobre 2015

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Ces amours de papier qui prennent l’eau de Bélinda Ibrahim. La quête de l’impossible

Pour son dernier roman, Ces amours de papier qui prennent l’eau, Bélinda Ibrahim est sortie de la lignée des livres qui lui «collent à la peau» pour forger un roman fictif portant sur la quête des êtres en manque que nous sommes. Des êtres en recherche perpétuelle d’un amour idéalisé qui n’existe que dans nos fantasmes. Interview d’une auteure subversive, passionnée des relations humaines.
 

Vous avez plusieurs ouvrages à votre actif, et votre plume a souvent fait le tour des relations hommes-femmes. Sur quoi porte ce nouveau roman?
Ce livre a eu pour point de départ un projet d’écriture à l’aveugle à quatre mains avec un inconnu jamais rencontré. Ce travail a été fait au quotidien durant 55 jours (selon les dates convenues par mon partenaire et moi). Le thème choisi est celui de l’amour impossible. Je ne peux pas en dévoiler davantage pour ne pas compromettre l’intérêt des lecteurs pour ce roman qui porte essentiellement sur la quête de l’amour, de ces mendiants de l’amour que nous sommes tous.

Pourquoi avoir choisi pour titre Ces amours de papier qui prennent l’eau? L’amour est-il aussi fragile que vous le dites?
J’avais envie d’un titre long, inversement proportionnel au temps d’écriture qui, lui, a été relativement court pour un roman. Même s’il y a eu des corrections et des ajouts par la suite, l’essentiel avait été achevé au jour J et à l’heure H décidés dès le début. Hormis les deux phrases succinctes que nous devions dévoiler l’un à l’autre par mail en prenant bien soin de marquer la date et l’heure de l’envoi, il n’y avait pas de communication entre mon partenaire d’écriture et moi pour garder plus ou moins secret ce qu’écrivaient l’un et l’autre. Pour en revenir au titre, je ne l’ai choisi que lorsque mon roman était bouclé. Il illustre parfaitement les naufrages amoureux et les projets poreux.

Votre ouvrage est-il inspiré de votre vécu ou est-ce une fiction?
J’avais besoin de m’assurer que je pouvais inventer une, voire des histoires. J’ai pris un plaisir fou à me transporter dans des lieux et dans des situations très loin de ma réalité. Je me promenais, par exemple, à Florence en étant dans mon lit avec mon PC calé sur mes genoux. Ceci dit, il y a toujours une grande part de réalité dans tout ce qu’on écrit. Les situations sont fictives, les ressentis sont réels, d’autant plus que je partais toujours d’un fait divers ou d’une importante actualité qui avait vraiment eu lieu. Je me suis également projetée dans un exercice d’introspection qui m’a apporté, au final, des réponses à certaines questions que je me posais inconsciemment. Il y a trois ou quatre personnages masculins, avec lesquels la narratrice est en relation, qui sont au cœur de ce roman. Vous imaginez bien que c’est bel et bien une fiction!
 

Un extrait que vous aimez particulièrement et que vous avez envie de partager avec les lecteurs?
(…) Nos vies se confondent entre rêve et réalité. Entre le connu et l’inconnu. Entre l’espéré et le redouté. Entre les bulles qui nous abritent et celles qui nous font exploser de joie. Et s’il fallait choisir une devise de vie, ce serait la suivante: il faut rêver sa vie et vivre ses rêves. Se hisser sur un nuage ou sur un quartier de lune et observer le monde avec détachement. S’abreuver de poussières d’étoiles et tutoyer l’infini.
Nous sommes tous des êtres en manque. Lorsqu’il ne nous manque peu, nous pouvons composer avec ce que nous avons. Mais lorsque le manque devient une béance, nous ne pouvons que colmater ces brèches pour survivre.
Il est des rencontres et des mots qui nous catapultent vers des lendemains sereins et doux. Doux comme le baiser qu’on pose sur une enfance déjà lointaine et qu’on souhaite retrouver au tournant d’un sourire. Son sourire à lui. Il me plaît aussi d’imaginer que les ondes de sa voix − que je ne connais pas − sont celles de toutes les voix de l’enfance qui m’appellent de loin.

 

Propos recueillis par Danièle Gergès
 

Noir Blanc Et Caetera, une maison d’édition qui sort du lot
Fondée en 2012, ce n’est qu’en 2014 que cette jeune maison d’édition, qui a une vingtaine d’ouvrages à son actif, prendra son envol avec un panel de publications qui s’est élargi en quantité et en qualité entre le Salon du livre francophone de 2014 et celui de cette année. A la gestion? Deux femmes qui font le travail de dix personnes.
Portées par l’amour des mots et la passion des maquettes, Bélinda Ibrahim et Jessie Raphael Bali, respectivement auteure et graphiste, forment un tandem de choix. Si elles éditent leurs auteurs au coup de cœur, elles n’en sont pas moins sélectives. Pour leur cuvée 2015, elles annoncent dix signatures au salon du livre dont huit sont de nouvelles publications à lancer au cours de ce salon.

Zoom sur quatre publications
Le dos au mur d’Isabelle Morand est une courte nouvelle romancée qu’on lit d’une seule traite, captés par la puissance des mots et le rythme du récit qui ne connaît pas de pause. Cette journaliste française éclectique s’est penchée avec brio sur le thème de la violence, dans ce cas cette fois, faite aux femmes, à savoir le viol et ses effets sur les victimes.
Les loups de Dieu de Hoda Kerbage (auteure-scénariste-réalisatrice) est un roman profondément émouvant dans lequel alternent euphorie et spleen. Ce récit introspectif explore les hauts et les bas du sentiment amoureux à travers le prisme d’une jeune femme à la sensibilité à fleur de peau.
Actes manqués de Marie-Christine Tayah, roman théâtral dans lequel la scène devient tribunal. L’acteur n’a que le droit de garder le silence et d’écouter une à une, acte après acte, les femmes accusatrices qui témoignent contre lui: la trahie, l’amoureuse, la divorcée, la forte, la faible… Il est lui-même son propre avocat de la défense…
Du fond des coulisses noires, sur les planches sobres, ressortent ses mots qui déconstruisent des états d’âme blanche, des images aux mille couleurs et un vécu émotionnel essoufflant.
@Beyrouth?! #Watezefeuk!! de Nasri Messarra est une compilation de textes caustiques qui dépeignent la vie au Liban et son quotidien désespérant. Consultant en stratégies de communication en ligne, l’auteur dévoile, avec sa plume vitriolée teintée d’humour, ses états d’âme de citoyen lambda dans le pays de toutes les aberrations. Cet ouvrage est une compilation de certains de ses textes publiés sous forme de statuts sur Facebook ainsi que d’autres, totalement inédits.
www.noirblancetc.com

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