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Nº 3025 du vendredi 30 octobre 2015

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Un paysage hallucinant. Les torrents de déchets dans les rues de Beyrouth

Ce qui devait arriver arriva. Depuis des mois que l’on tirait la sonnette d’alarme, rien n’a été fait. C’était sans surprise car on s’y attendait. Pourtant, le choc était de taille. En quelques minutes, les rues de Beyrouth se sont transformées en véritables fleuves, charriant des sacs de poubelles et des déchets. Le paysage est hallucinant et les images dépassent la fiction.

Alors que la pluie est supposée être une bénédiction du ciel, au Liban elle s’est transformée en une véritable malédiction. En quelques instants, les rues de la capitale sont devenues de véritables torrents. Comme chaque année, les canalisations n’ont pas été nettoyées, et si ce spectacle est devenu coutumier et se répète chaque saison, la nouveauté de cette année réside dans les sacs d’ordures qui ont rejoint les gravats. Le choc des images, véhiculées sur les réseaux sociaux, a fait croire à un film de science-fiction. Ce fleuve d’ordures qui se déversent dans la région de Sed el-Bauchrié est hallucinant. A tel point que le Premier ministre, Tammam Salam, a déclaré que ces images étaient fabriquées oubliant que, depuis plus de 100 jours, plus de 300000 tonnes de déchets envahissent les routes du Liban, les abords des fleuves et tout le pays.
Face à l’ampleur de cette catastrophe dont le pouvoir est le principal et l’unique responsable, les citoyens sont impuissants. Depuis plus d’un an, tous savaient que le dépotoir de Naamé devait être fermé le 17 juillet 2015. Tout ce, auquel les Libanais ont eu droit, ce sont les propos du ministre Akram Chéhayeb menaçant de «tout» révéler. Les Libanais vivent dans l’angoisse craignant les maladies et les épidémies que ces déchets dans les rues peuvent développer.
Au-delà de la catastrophe écologique, les Libanais s’inquiètent pour leur santé et celle de leurs enfants. Interrogé par Magazine, un spécialiste en maladie infectieuse confirme que la menace est bel et bien réelle et que le choléra frappe à nos portes. «C’est une maladie très grave qui peut tuer celui qui en est atteint en quelques jours si elle n’est pas bien traitée. Elle provoque la nausée, une forte diarrhée et une déshydratation rapide». Cette maladie contagieuse se transmet par les mains sales, par des aliments souillés ou de l’eau contaminée. Selon le spécialiste, la prévention reste les mesures d’hygiène générale. Le seul moyen de se prévenir contre la maladie est de boire de l’eau filtrée et d’utiliser celle-ci pour laver les dents, les produits alimentaires, fruits et légumes. «Il faut aussi se laver les mains avant de manger et avant de préparer la nourriture». Le symptôme clinique principal du choléra est la forte diarrhée, les vomissements, pas de fièvre ou de douleurs abdominales, mais surtout des signes de déshydratation. Mais, selon le spécialiste, le choléra n’est pas la seule maladie qui guette les Libanais. «La présence de tous ces déchets à l’air libre peut provoquer également des maladies du système respiratoire et du système digestif, sans compter celles des yeux et de la peau».

Joëlle Seif
 

Offre Joie à la rescousse
Face à l’ampleur du désastre et en l’absence de tout plan sérieux de l’Etat, la société civile a pris la relève. Le collectif «Vous puez» s’est chargé de nettoyer le lit du fleuve de Beyrouth où des tonnes de déchets s’entassent sur les berges et menacent à tout instant de s’effondrer dans le fleuve. D’ailleurs la violence de la tempête avait causé la chute d’un impressionnant volume de déchets. Armés de masques et de gants, ils ont procédé au tri des déchets qu’ils ont emballés dans des sacs.
Offre Joie a lancé, à son tour, la campagne Ça suffit sur plusieurs étapes pour mettre un terme à la propagation des maladies. Il faut commencer par ramasser les ordures jetées sur les routes et impliquer les municipalités dans le processus pour mettre fin à cette catastrophe. Il faut également entreprendre une campagne de sensibilisation de la population et commencer à trier à la source pour faciliter le recyclage. Sur le plan pratique, l’empaquetage des déchets se fait dans un sac à double niveau, en deux couches. Une première en nylon pour empêcher les liquides de suinter et une deuxième en plastique. Il faut, ensuite, surélever les sacs à 10 centimètres du sol. Selon Offre Joie, ce procédé arrête la propagation des odeurs, empêche le contact des animaux avec ces déchets et les ordures de se mélanger aux eaux de pluie.
Dans le même ordre d’idées, Offre Joie suggère que les citoyens, clubs, scouts, associations, municipalités et le secteur privé participent à cette campagne. Une collaboration entre ces différents partenaires est nécessaire pour la réussite du projet. Une hot-line a été mise au (04) 548 305, de 9h du matin à 4h de l’après-midi, pour aider ceux qui voudraient participer à cette campagne.    

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