Magazine Le Mensuel

Nº 3029 du vendredi 27 novembre 2015

Événement

La fête oubliée par les officiels. Les citoyens célèbrent l’Indépendance

En l’absence d’un président à la tête du pays et avec la paralysie qui frappe toutes les institutions dont le gouvernement et le Parlement, le Liban officiel n’a pas célébré, comme il se doit, la fête de l’Indépendance. Toutefois, le parti Kataëb, ainsi que plusieurs mouvements et associations de la société civile ont décidé de ne pas baisser les bras et se sont retrouvés à la place Riad el-Solh et dans plusieurs autres localités du Liban.
 

C’est dans un esprit solennel et convivial que s’est déroulée cette journée de célébration de la fête de l’Indépendance, une commémoration oubliée par tous les officiels et les formations politiques. Seul le parti Kataëb a décidé de célébrer cette date symbolique. Dès le matin, les manifestants se sont rassemblés devant le siège central à Saïfi. Des chants patriotiques s’élevaient, entrecoupés par des slogans appelant au respect des institutions et de la Constitution. D’ailleurs, c’est sous le thème La République a besoin d’un président, clamé haut et fort, que la marche a été entamée. Dans les premiers rangs, Joyce Gemayel, qui a assuré aux médias présents que tant que le cœur du Liban battra, son fils Pierre ne sera pas mort pour rien. Ralph Sahyoun, chef de la section des étudiants au parti, a indiqué que «les hommes comme Pierre Gemayel donnaient la priorité au Liban et il n’y a jamais eu avec eux une vacance à la tête du pays».
Brandissant le drapeau libanais et celui des Kataëb, la foule s’est donc dirigée, à 10h30, vers la place de l’Etoile, sécurisée par un important déploiement des forces de l’ordre. Un fauteuil vide, en allusion à la vacance présidentielle qui dure depuis près de dix-huit mois, était également porté, ainsi qu’un cercueil drapé du drapeau libanais.

 

La société civile
Les mouvements Badna nhasseb et Tol3et rihetkon, qui se sont également retrouvés place Riad el-Solh, ont réclamé de leur côté la solution au dossier des déchets et dénoncé la corruption. Ils ont demandé à ce que l’Etat œuvre pour le bien du citoyen en lui assurant tous ses droits sociaux, des plus élémentaires aux plus essentiels. Des roses blanches ont été déposées devant le monument au soldat inconnu, dans un recueillement respectueux. L’enthousiasme et la détermination dont ces jeunes font preuve ont fait dire à certaines personnes présentes sur les lieux: «Peut-être devons-nous garder espoir en des lendemains meilleurs tant que ces jeunes se battent pour nous tous indépendamment de nos différences communautaires et confessionnelles».
La  marche organisée par l’association libanaise Offre-Joie, à l’occasion du 72e anniversaire de l’Indépendance du Liban, a débuté, elle, dans la région de Baabda à Beyrouth. Des bénévoles de l’association à but non lucratif, des magistrats et des hommes de religion chrétiens et musulmans se sont retrouvés, au rythme des chants patriotiques. De nombreux drapeaux libanais étaient également brandis par les manifestants. «Il ne suffit pas de brandir le drapeau de son pays, il faut également protéger celui-ci», pouvait-on lire sur les banderoles brandies. Alors que tous réclamaient en chœur l’instauration d’un Etat civil et démocratique.
Egalement présents à la place Riad el-Solh, les parents des soldats enlevés qui ont clamé: «C’est un cri que nous lançons en ce jour de l’Indépendance dans un pays qui n’est pas indépendant et qui restera dans cette situation tant que nous n’aurons pas de président et tant que les prisonniers ne sont pas libérés».
L’Ordre des avocats a également appelé à un sit-in et Antonio el-Hachem, nouvellement élu bâtonnier, a assuré: «Personne ne peut nous empêcher de célébrer cette date, en espérant que l’année prochaine nous aurons un président».
A Raouché, des jeunes et des moins jeunes se sont rassemblés et des artistes et des sportifs ont donné libre cours à leur imagination déambulant dans les rues à pied, mais aussi à bicyclette et certains à moto, n’hésitant pas à danser au son d’une musique joyeuse et tonitruante. Tout à coup, ils se mettent à courir. Les drapeaux volent au vent comme si c’était la vie qui défilait à toute vitesse au milieu de Raouché, au son du tambour et des cris encourageants des badauds qui se promenaient sur la corniche.
L’orchestre harmonique qui relève des Forces de sécurité intérieure (FSI) a fait des arrêts dans toutes les régions libanaises, célébrant au son de la musique la fête de l’Indépendance, des chanteurs connus et reconnus reprenant des chansons patriotiques traditionnelles chantées par Feyrouz, Wadih el-Safi, Sabah…

Danièle Gergès
 

La plus grande mankouché
Une école libanaise de Choueifat, Amjad, a célébré à sa manière la fête de l’Indépendance. Elle a demandé à ses élèves et à leurs parents de faire la plus grande mankouché au monde (longueur 32 mètres, 80 kg de pâtes, 10 kg de thym et 20 litres d’huile d’olive. Certains journalistes qui couvraient l’événement n’ont pas hésité à mettre la main à la pâte. C’est l’Arabie saoudite qui détenait le record de la plus grande mankouché pour 2014-2015.

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