Magazine Le Mensuel

Nº 3036 du vendredi 15 janvier 2016

Hommage

David Bowie n’est plus. Une galaxie s’allume

La nouvelle est tombée comme un couperet: David Bowie est mort… Quatre mots qui nous ont coupé le souffle…

Le dimanche 10 janvier au matin, c’est le choc. David Bowie est mort. Impensable. Inimaginable. Inenvisageable. Parce que c’est David Bowie, parce qu’on attendait impatiemment d’écouter son dernier album. Au lieu de cela, on apprend sa disparition! L’hommage est unanime, plus qu’unanime. Universel, passionnel, à l’image de son héros, David Bowie, décédé à l’âge de 69 ans, des suites d’un cancer contre lequel il luttait depuis 18 mois, quelques jours à peine après la sortie de son 25e opus, Blackstar. Une étoile «nébuleuse», une étoile «noire», une dernière étoile pour le Starman, toujours filante, éternellement filante.
David Bowie n’est pas seulement une star. Il est, avant tout, un artiste. Un vrai de vrai, inclassable, mystérieux, incomparable, indémodable, parce que ne suivant aucune mode justement, aucun courant, mais en en créant lui-même, toujours novateur, innovant, c’est aux autres de suivre, lui jamais. Lui, il crée, toujours; il se renouvelle, toujours; il se réinvente, toujours.
On ne pouvait envisager sa finitude. Il est des artistes qui ne meurent jamais. Bowie est l’un des rares à faire partie de cette trempe. Eternel. Immortel. David Bowie, on ne se contente pas de l’admirer, on l’aime, profondément. Et on jubile en écoutant sa musique, les yeux dans les étoiles, la main tout près du cœur et le cœur dansant. David Bowie n’est plus, mais sa musique reste; c’est ce qu’on se dit pour se consoler, pour accepter cette réalité. On se dit aussi qu’il est mort en nous laissant un dernier cadeau, inestimable. Un dernier album qui reste à découvrir, un album presque posthume, un album posthume parce qu’il mettait en scène sa propre mort. La vidéo de la chanson Lazarus en devient encore plus glaçante d’effroi. Gros plan sur une armoire en bois, des doigts qui entrouvrent les battants. Et on le voit sur un lit d’hôpital, les yeux bandés et, à la place, il y a des boutons. David Bowie souffre, il lutte, ambiance glaçante… Mais Bowie, alias Ziggy, lui, il danse, dernière valse, et il entre à reculons dans l’armoire, le visage toujours fixant la caméra. Lazare même se dédouble. C’était prémonitoire, c’était un testament, une rétrospective de sa vie, un dernier adieu, il aurait voulu nous prévenir. «Look up here, I’m in heaven/I’ve got scars that can’t be seen/I’ve got drama, can’t be stolen/Everybody knows me now […] Oh, I’ll be free/Just like that bluebird/Oh, I’ll be free/Ain’t that just like me?»…

 

Le ciel, l’enfer et le paradis
Il est impossible de contenir une vie en quelques mots, que seraient-ce les multiples vies de David Bowie. Il était une icône, une star, un artiste, un poète, un visionnaire, un inventeur, un réinventeur, un funambule, un androgyne, un extraterrestre, un homme… Il était David Robert Jones, David Bowie, Major Tom, Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Starman, Thin White Duke… et puis Lazarus, l’ultime témoin, celui qui a tout vu et qui revient pour raconter. Parce que David Bowie se distingue notamment par ce qu’il a à raconter et à nous raconter, ses démons et les nôtres. Ses chansons resteront insondables, des puits creusés dans l’immensité de l’univers.
Psyché, folk, glam, rythm’n blues, jazz… de Londres, à Los Angeles, à Berlin… ses tenues excentriques, ses frasques, ses ingéniosités, sa versatilité, touchant au cinéma dans des rôles qui resteront iconiques, The Man who fell to earth de Nicolas Roeg et The Hunger de Tony Scott… son interaction avec le monde de la mode qui a notamment été célébrée en 2013 par l’exposition/rétrospective David Bowie is au prestigieux Victoria & Albert Museum de Londres…
Personne n’a autant marqué le monde de l’art dans sa totalité que David Bowie. En musique en premier; de 1967 à 2003, il enregistre 23 albums studio, dont Space oddity, The man who sold the world, The rise and fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, Let’s dance, Earthling, Reality. Et après dix ans d’absence, depuis son infarctus sur scène en 2004, alors que les rumeurs le disaient malade, en 2013, à l’occasion de son 66e anniversaire, il sort The next day. Trois ans plus tard, il récidive, à son 69e anniversaire, Blackstar sort. Mais au bout de deux jours, la nouvelle tombe comme un couperet, confirmée sur Twitter par son fils Duncan Jones, né d’un premier mariage avec la mannequin Angela Barnett: «Je suis vraiment triste de dire que c’est vrai. Je serai déconnecté pendant un moment. Je vous aime tous». Et dans les jours qui avaient précédé sa mort, sa deuxième femme, la mannequin somalienne Iman, avec qui il avait eu une fille, Alexandria en 2000, avait publié plusieurs messages émouvants sur Facebook: «Je t’aimerai jusqu’à ma mort».
David Bowie, éternel jusqu’au bout, son idéal toujours brandi, le ciel, l’enfer et le paradis… Oh, I’ll be free/Just like that bluebird/Oh, I’ll be free/Ain’t that just like me?».

 

Nayla Rached

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