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Nº 3047 du vendredi 1er avril 2016

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Walid Phares, conseiller de Donald Trump. Eclairage sur la politique moyen-orientale du candidat républicain

Le candidat américain républicain Donald J. Trump a choisi Walid Phares, Libanais d’origine, comme conseiller pour les questions de politiques étrangères. Dans une interview accordée à Magazine, Phares expose les grandes lignes politiques prévues au Moyen-Orient et au Liban.

Qu’est-ce qui changerait sur le plan politique au Moyen-Orient et au Liban si Donald Trump est élu président des Etats-Unis en novembre prochain?
Le candidat républicain révisera tous les dossiers concernant le Moyen-Orient et adoptera une politique différente de celle qui est appliquée actuellement, comme l’avait d’ailleurs annoncé Barack Obama, en 2008, lorsqu’il a accédé à la Maison-Blanche. En ce qui concerne le Liban, des principes bien définis et clairs seront appuyés par l’Administration Trump. Quant aux détails de sa politique et à la structure qu’il choisira, les changements interviendront selon des circonstances précises, l’avis des Libanais et des personnalités politiques libanaises…tout cela interviendra après son élection pas avant.

Quelles sont les grandes lignes de ces principes auxquels vous faites allusion?
Il soutiendra l’application des résolutions internationales dont la 1559. Il exigera le retrait de toutes les forces étrangères armées qui sont toujours présentes sur le terrain, qu’elles soient terroristes ou détentrices de la force des armes. Il appuiera le désarmement de toutes les milices présentes sur le territoire libanais et demandera à les transformer en partis politiques. Il aidera les Libanais à affronter les difficultés économiques et sociales qui entravent le développement du Liban. Mais cela n’interviendra qu’après l’application totale de la résolution 1559. Ce serait, en somme, un consensus sécuritaire qui ferait en sorte que seule l’Armée libanaise détienne les armes. Il aidera les Libanais à entamer un véritable dialogue à travers lequel ils pourront exprimer, clairement et honnêtement, leurs opinions et leur vision de l’avenir.

Les Libanais sont des champions du dialogue sans aucune traduction dans la vie politique qui piétine depuis longtemps. Comment Donald Trump compte-t-il bousculer ce statu quo s’il est élu?
Ce sera la première fois, depuis 1943, qu’un dialogue aura lieu en profondeur. L’accord de Taëf a été conclu pour mettre un terme à la guerre libanaise. Il a été signé alors que la guerre se poursuivait et il a été appliqué par la force des armes. L’Administration de Trump n’interviendra pas pratiquement au niveau du contenu des pourparlers qui auront lieu, mais aidera avec ses partenaires européens et arabes à instaurer une certaine confiance qui conduira à un véritable dialogue et mènera à la mise en place de la formule que les Libanais souhaitent voir adopter dans leur pays.

Trump semble déterminé à combattre le terrorisme. Comment compte-t-il le faire sur le plan pratique?
L’Administration de Trump adoptera une nouvelle vision et différentes stratégies pour combattre Daech, dont une meilleure coordination entre les pays qui luttent contre le terrorisme et la mise en place d’une coalition des pays arabes qui interviendra sur le terrain dans les régions concernées, notamment en Syrie et en Irak. Une fois le terrorisme vaincu, il faudra s’atteler à dynamiser les ONG, les mouvements et les rassemblements qui luttent contre l’extrémisme dans les mentalités.

Quelle sera sa politique à l’égard de l’Iran?
Il souhaite s’opposer à l’accord nucléaire conclu entre les Etats-Unis et l’Iran. Il a d’ailleurs déjà déclaré, à plusieurs reprises, qu’il fallait reconsidérer cet accord qui, aussitôt conclu, donne accès à l’Iran à des milliards de dollars, ce qui est inquiétant.
 

Tom Harb «Trump n’a pas de problèmes avec les musulmans et les Arabes»

Tom Harb, co-chair d’American Middle East Coalition for Trump (AMCT), explique les raisons qui l’ont poussé à soutenir un candidat controversé et se prononce sur les sujets épineux que Walid Phares lui a délégués.

Pourquoi avez-vous décidé de fonder l’American Middle East Coalition for Trump?
Des représentants de différents groupes politiques établis aux Etats-Unis d’ethnies et de religions différentes ont fondé l’American Mideast Coalition for Trump (AMCT) pour soutenir la candidature de Donald J. Trump à la présidence des Etats-Unis. Ils sont libanais, syriens, égyptiens, irakiens, assyriens, syriaques, yazidis, berbères, iraniens… Ils ont donc décidé de soutenir le candidat aux primaires pour les raisons suivantes: son opposition à l’accord signé par Barack Obama avec l’Iran. Son opposition à toute influence islamiste aux Etats-Unis. Sa détermination à détruire Daech et tous les groupes terroristes. Sa volonté de défendre les chrétiens et les Yazidis persécutés au Moyen-Orient. Sa détermination à aider à la création de zones libres en Syrie et en Irak pour y reloger les réfugiés. Son support pour la formation d’une coalition arabe contre les terroristes. Sa vision pour aider à la stabilité et la prospérité au Moyen-Orient.

Votre support pourra-t-il contribuer à changer sa vision du Moyen-Orient?
Le lobbying constitue une force influente. Nous pouvons l’influencer sur des questions précises. L’Administration US n’a pas nécessairement des détails pointus sur certains pays. Nous ne devons pas toujours considérer que les administrations politiques décident à l’avance du destin des pays. Nous croyons que les populations ont le droit de faire entendre leurs voix à travers divers moyens dont le lobbying.

Est-il vrai qu’il n’aime pas les musulmans?
Donald Trump n’a pas de problèmes avec les musulmans et les Arabes. Soyons précis. Il a déclaré, à plusieurs reprises, que ce sont eux qui détestent l’Occident dont les Etats-Unis, ajoutant qu’il aimerait connaître les raisons de cette haine. Il y a plusieurs religions dans le monde et leur coexistence ne suscite ni rancune ni guerres. Pourquoi cela serait-il différent avec les musulmans? Dans ce contexte précisément, s’il est élu, il compte établir un dialogue sur ce point avec les hauts dignitaires et responsables religieux et politiques des pays arabes et des pays musulmans.

Et lorsqu’il parle de la fermeture des frontières face aux réfugiés…
Il précise bien que cela doit se faire de façon temporaire le temps de mettre au point un système qui empêchera les terroristes de s’infiltrer. Il est clair et réclame, entre-temps, que les pays arabes interviennent sur le plan militaire et financier pour contribuer à l’éradication de l’extrémisme. Le Trésor américain souffre de déficit, alors si on demande aux Américains d’être les policiers du monde et d’intervenir partout, ils doivent être pour le moins récompensés matériellement pour cela.

Il a déclaré, à maintes reprises, que les chrétiens d’Orient sont en danger et qu’il faut les protéger. Comment le fera-t-il concrètement?
Il considère qu’il faut détruire Daech comme je l’ai déjà dit. Dans un autre registre, les Républicains sont des partisans de la décentralisation administrative et politique, ce qui conduit par la force des choses à des fédérations autonomes. L’Occident a réussi cette expérience, pourquoi ne pas l’étendre au Moyen-Orient?

Propos recueillis par Danièle Gergès

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