Magazine Le Mensuel

Nº 3051 du vendredi 29 avril 2016

general

Prince n’est plus. Quand le ciel devient pourpre

Après David Bowie ce janvier, le monde de la musique perd un autre de ses monuments, de ses légendes: Prince n’est plus…
 

«I’m not a woman/I’m not a man/I am something that you’ll never understand» (Je ne suis pas une femme/Je ne suis pas un homme/Je suis quelque chose que vous ne comprendrez jamais). Ces paroles tirées de la chanson I would die 4 u pourraient esquisser le portrait de ce qu’était Prince, le Kid de Minneapolis, le «love symbole», ce pictogramme imprononçable qui donne lieu à un album (Love symbol album) et à un nouveau surnom: T.A.F.K.A.P, pour «The artist formerly known as Prince» (L’artiste anciennement connu en tant que Prince), la star, l’artiste qui a marqué tant et tant de générations et dont la musique continuera de résonner encore et encore. Et c’est peut-être aussi cette aura d’audace mystérieuse, cette inexplicable attraction qu’il exerçait sur tous, par sa voix, son génie, qui nous pousse, tous, à pleurer sa mort soudaine.
Le 21 avril, la Toile est secouée par une onde de choc. Prince meurt à l’âge de 57 ans. Les réseaux sociaux commencent à foisonner de pluie pourpre, la couleur de Prince, sa chanson phare. Purple rain se fraie un chemin dans nos esprits et nos souvenirs, côtoyant Kiss, Sexy MF, When doves cry, I wanna be your lover, Cream, Little red corvette… Progressivement, l’information se précise: Prince a été retrouvé inconscient dans un ascenseur des studios d’enregistrement situés dans sa résidence à Minneapolis. Son décès est confirmé, mais la cause reste encore inconnue.
Quelques jours plus tôt, Prince avait connu certaines difficultés médicales après un concert donné à Atlanta, le 14 avril, provoquant l’annulation de quelques shows de sa tournée Piano and a microphone. Et son hospitalisation pendant près de trois heures. On a évoqué une grippe, une surdose d’opiacés. L’option du suicide est écartée et, malgré l’autopsie, il est impossible encore de définir les réelles causes de sa mort. Peut-être ne le saura-t-on jamais… Les rumeurs continuent d’alimenter la Toile, les théories du complot et le mystère des stars.
Mais au-delà de tout, reste sa musique. Les traces, nombreuses et innombrables, qu’il a laissées, les esprits qu’il a marqués. Les témoignages se multiplient, les hommages se succèdent. De Bruce Springsteen à Ophélie Winter à U2, et surtout tous ses fans de par le monde, affichant son symbole-surnom «Love symbol», aux dessins, animations et autres images le plaçant notamment sur la planète dont est originaire Le Petit prince de Saint-Exupéry, jusqu’à l’espace interplanétaire, à la Nasa qui posté sur Twitter l’image d’une nébuleuse pourpre, en référence à Purple rain, accompagnée du message «En l’honneur de Prince qui est décédé aujourd’hui».  

 

Prince retrouve sa planète
Né Prince Rogers Wilson, en 1958, à Minneapolis, il s’affirme comme un monument incontournable dans le monde de la musique, une légende qui restera éternelle. Le monde du rock, le monde de la pop n’aura pas été ce qu’il est actuellement sans son œuvre, non seulement ses propres tubes, mais également les chansons qu’il a composées pour d’autres, à l’instar du mythique Nothing compares to u interprété par Sinead O’Connor. Prince retrouve sa planète, ses étoiles, à l’instar de David Bowie décédé au début de cette année, à l’instar de Michael Jackson mort en 2009, autre icône de la musique, leur «rivalité» ayant plané sur le monde de la musique des années 80 et 90.
Tout commence en 1984: Prince compose la bande-son du film Purple rain dans lequel il joue et qui raconte d’ailleurs sa propre histoire. Le succès est planétaire et Prince est propulsé au-devant de la scène mondiale, une scène qu’il avait déjà d’ailleurs bien apprêtée avec ses deux précédents tubes: Little red corvette et 1999. De succès en succès, il se fait de plus en plus audacieux, de plus en plus provocateur, de par son attitude, ses prestations scéniques, ses costumes, ses dénuements sur scène, en photo, ses propos engagés, sa sexualité androgyne, son «mojo» inexplicable, éphèbe, esthète, bête de scène… Prince c’était tout cela à la fois. C’est toujours tout cela à la fois. Inoubliable. Eternel. Un mot qui résume tout: Prince.

 

Nayla Rached

Related

Electricité du Liban. De revendeur à demandeur

2014 selon Martin Zoller. Pessimisme au Liban et au Moyen-Orient

Un paysage hallucinant. Les torrents de déchets dans les rues de Beyrouth

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.