Magazine Le Mensuel

Nº 3052 du vendredi 6 mai 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

La bataille du jurd de Ersal d’ici l’été
Après les frappes préventives assenées par l’armée aux groupes de l’Etat islamique (EI) dans le jurd de Ersal, un expert militaire dévoile un pan de la future guerre contre le terrorisme. Ces frappes, de par leur efficacité et leur timing, montrent l’entière disposition de l’institution militaire à déclencher la bataille de liquidation des groupes armés, de façon à ce que celle-ci soit définitivement réglée d’ici l’été. «Je parle des quelques prochains mois, dit-il, infirmant l’existence d’une volonté de laisser le front ouvert jusqu’à la prochaine saison des neiges», soulignant l’importance de la liquidation par l’armée de Nayef Chaalan Hadid (Abou el-Faouz), l’émir de l’EI dans la région, et de son second, Ahmad Mroué, ainsi que l’arrestation du responsable sécuritaire de l’EI, Mohammad Moussalli (Abou Melhem), d’abord à cause de leurs registres criminels bien chargés et, ensuite, parce que cet achèvement traduit la détermination du commandement de l’armée à en finir avec les terroristes.

 

Rifi-Hariri: rupture consommée
Rupture consommée entre le général Achraf Rifi et le président Saad Hariri. Les propos du ministre démissionnaire de la Justice, dans le cadre d’une récente interview télévisée, ont irrité l’ex-Premier ministre. Rifi y a qualifié le Moustaqbal de «parti totalitaire» et s’est attardé sur la «faute» commise par son chef, à savoir l’adoption de la candidature de Sleiman Frangié, se considérant atome libre issu de l’école du président Rafic Hariri et non lié au Moustaqbal. Le ministre de la Justice ne s’est pas contenté de critiquer le Moustaqbal, son chef et ses membres, il n’a pas épargné non plus le directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Ibrahim Basbous, et le chef du département des Renseignements des FSI, le général Imad Othman, «qui ne sont pas plus robustes que moi ou que le général Wissam Hassan».

L’histoire du rendez-vous parisien
Une source proche de Aïn el-Tiné raconte l’histoire de la rencontre Frangié-Hariri à Paris. «Le président Nabih Berry, dit-elle, était le deuxième après le Hezbollah à être informé de ce rendez-vous. A l’issue de la première séance du dialogue, à 15h00, Sleiman Frangié s’est dépêché pour rattraper le vol d’Air France de 16h00 à destination de Paris, s’excusant de ne pouvoir rester à déjeuner et confiant au ministre Ali Hassan Khalil un message à remettre au chef de l’Assemblée. Après le déjeuner, Khalil a révélé la teneur du message: «Frangié a rendez-vous avec le président Saad Hariri qui va adopter sa candidature à la présidence». Berry est tombé des nues et demandé si Frangié avait prévenu le Hezbollah. «Oui, hier». En apprenant le lendemain que l’homme d’affaires, Gilbert Chaghouri, a réuni Hariri et Frangié, le leader du mouvement Amal n’a pas caché son aigreur. Comment son ami Chaghouri ne lui en a-t-il pas parlé? Mais ce dernier lui a expliqué, plus tard, comment, sans être au courant de l’affaire, Frangié lui a demandé de l’accompagner à cette rencontre pour ne pas se retrouver seul face à Hariri et ses deux conseillers, Ghattas Khoury et Nader Hariri.

Lutte des clans au Moustaqbal
La lutte interne des clans au sein du Moustaqbal est désormais une réalité que nul ne peut ignorer. Après le cas du député Khaled Daher, c’est le phénomène émergent Achraf Rifi qui représente un poids pour Saad Hariri, sans oublier quelques pôles du parti qui ont des affinités avec le président Fouad Siniora. Dernièrement, l’affaire du directeur d’Ogero, Abdel-Menhem Youssef, a franchement dévoilé cette lutte interne. Lorsque ce dernier a participé à la réunion de la Commission des Communications et des Médias, il s’est retrouvé face aux députés du Moustaqbal qui ne l’ont pas défendu pendant que le ministre Waël Abou Faour l’accusait d’être corrompu. Seul Siniora s’est distingué de ses collègues en exhibant des documents officiels acquittant Youssef.

Riyad mécontent de Salam
Pas de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et le président Tammam Salam. Trois indices prouvant l’insatisfaction de Riyad sont relevés par les analystes:
– Toujours pas de rendez-vous défini pour une visite du Premier ministre Salam en Arabie.
– Pas de rencontre avec le roi Salmane Ben Abdel-Aziz en marge du sommet islamique d’Istanbul.
– Pas de condoléances présentées par l’ambassadeur Ali Awad Assiri au président Salam qui a récemment perdu sa mère.

Nabih Berry fait un pas en arrière  
Lorsque le président Nabih Berry a pris l’initiative de convoquer les parlementaires à une séance législative consacrée à la révision d’une décision prise par l’Assemblée donnant la priorité à la présidentielle, et à la validation des projets d’urgence, avant de tenir la séance destinée au débat sur la nouvelle loi électorale, le CPL et les FL se sont insurgés contre la proposition, insistant sur la nécessité d’inscrire le scrutin électoral à l’ordre du jour de la première séance. Alors que les Kataëb sont restés fidèles à leur position de principe selon laquelle l’Assemblée se transforme aussitôt en collège électoral en cas de vacance de la présidence.
La nouvelle initiative soumise par Berry, considérée par certains comme un pas en arrière, prévoit le gel de la convocation à la séance législative et l’octroi de la priorité à la loi électorale en transférant tous les projets et projets de loi électoraux à la sous-commission parlementaire conjointe chargée du dossier. On en déduit que les règles du jeu ont changé après les accords de Maarab, et qu’avec la mort annoncée du 14 et du 8 mars, la carte politique confessionnelle est désormais répartie entre trois acteurs principaux: chiite (Amal-Hezbollah), sunnite (Moustaqbal) et chrétien (CPL-FL).

Rapprochement Aoun-Joumblatt
«La rencontre populaire» dans le village de Dfoun (caza de Aley), en présence des ministres Gebran Bassil et Akram Chéhayeb qui ont successivement pris la parole, est un indice clair de la coopération au niveau municipal dans la Montagne entre le Parti socialiste progressiste et le Courant patriotique libre, et aussi avec les Forces libanaises, dans tous les villages mixtes, sous le grand titre de la sauvegarde de la réconciliation. A l’étape prochaine, nous pourrions assister à une coordination entre Michel Aoun et Walid Joumblatt, ce dernier étant convaincu que la protection du Liban et de sa spécificité passe par une relation solide entre les druzes et les chrétiens face à la montée des majorités qui menacent les minorités au Liban et dans la région. Une alliance druzo-chrétienne protègerait la pluralité et la communication interconfessionnelle, estime le seigneur de Moukhtara.

Le Hezbollah se méfie
Des garanties, un accord préalable incluant la présidence de la République, un panier complet comprenant une loi électorale équitable et une déclaration ministérielle mentionnant franchement l’équation tripartite: l’armée, le peuple et la Résistance… C’est ce que désire le Hezbollah, d’après ses proches. Ces conditions sont encore plus incontournables depuis que la Résistance a été taxée de terroriste.
Comment la formation chiite placée sur les listes internationales, arabes et même islamiques du terrorisme peut-elle faciliter l’élection d’un président sans accord préalable sur l’ensemble des problématiques? se demandent ces milieux.

Aoun: la stratégie de l’usure
C’est sur une stratégie de l’usure que le général Michel Aoun mise dans sa bataille présidentielle. Il espère que ses adversaires seront contraints de réviser leur choix après avoir réalisé qu’il restera incontournable, disent les milieux proches de Rabié: celui qui s’attend à un faux pas de la part du leader du CPL risque d’attendre longtemps, sa candidature est immuable et définitive, que nul ne pense qu’il est possible que le général se rétracte, surtout qu’il bénéficie de l’appui de deux composantes fondamentales du paysage politique.
Les sources ne comprennent pas comment on rejette «le plus représentatif des chrétiens», sous prétexte que le président Nabih Berry n’est pas le plus représentatif des chiites, pas plus que le président Tammam Salam pour les sunnites, en oubliant de mentionner que le choix de Berry est issu d’une décision exclusive du tandem chiite et que Salam a été nommé par le président Saad Hariri.


Le Liban épinglé
La réputation du Liban, au double plan de l’investissement et du tourisme, semble inquiéter un sociologue de l’UL, après le rapport annuel de l’organisation Transparency International, qui lui octroie une mauvaise note parmi les pays arabes touchés par la corruption. L’intensification de ce fléau est signalée dans neuf pays de la région: le Liban, le Yémen, l’Egypte, le Soudan, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Jordanie et l’Autorité palestinienne. Le Yémen et la Jordanie ayant obtenu un score encore plus minable que celui du Liban. Les sondages d’opinion dans ces pays montrent que la proportion de citoyens qui pensent que la corruption gagne du terrain a atteint 92% pour le Liban, 84% pour le Yémen, 75% pour la Jordanie, 28% pour l’Egypte et 26% pour l’Algérie. Les observateurs n’ont pas manqué de relever cependant que le rapport de Transparency, publié le 3 mai, ne fait aucune allusion aux pays du Conseil de coopération du Golfe… Coralie Pring, auteure du rapport, dit avoir des inquiétudes quant aux résultats du Liban. «Le public, a-t-elle confié, apparaît très critique à l’égard des efforts du gouvernement pour lutter contre la corruption et la perception du niveau de corruption dans le secteur public est très élevée. C’est très inquiétant, les résultats sont similaires à ceux du Yémen qui a rapidement glissé dans une guerre civile!».

Siniora et la reconstruction de la Syrie
Dans la foulée de la guerre d’usure, menée par les Etats-Unis en Syrie, des informations filtrent sur les tentatives du président Fouad Siniora de se frayer une place dans l’opération de reconstruction prévue, via des médiateurs. Un diplomate arabe croit savoir que l’ex-Premier ministre est l’associé de l’ancien responsable syrien, Abdallah Dardari, sur plusieurs projets. Dardari, qui a obtenu un poste dans une organisation onusienne à Beyrouth, a conservé des liens solides avec Damas où il se rend de temps à autre pour des rendez-vous avec des dirigeants. Dans le flot de rapports qui traitent de l’après-guerre, on mentionne que des personnalités du monde libanais des affaires s’activent dans le cadre de ce qu’on appelle «le rôle de l’économie libanaise dans la reconstruction de la Syrie». Dans cette perspective, le Conseil des affaires libano-russes a publié un communiqué incluant les noms des sociétés qui font partie de la délégation officielle russe qui doit arriver à Beyrouth pour participer au congrès économique qui s’y tient, cette semaine. Ces entreprises cherchent à trouver des partenaires libanais et syriens en vue d’élaborer des projets pour la reconstruction.

Sobhi Toufayli vs le tandem chiite
Le cheikh Sobhi Toufayli est prêt à mener la «bataille de Brital». Il n’y a aucun espoir de conciliation entre la liste de Développement de Brital, présidée par Abbas Zaki Ismaïl, actuel chef de la municipalité, et la liste de Fidélité aux martyrs, soutenue par l’alliance Amal-Hezbollah, selon des citoyens de Baalbeck.
L’escalade politico-médiatique contre le Hezbollah, menée par Toufayli dans les organes de presse et dans ses milieux, pèse sur le village. Ce sont ces pressions qui ont porté le mouvement Amal à retirer ses candidats de la liste commune pour laisser le libre choix à ses électeurs. Les disciples de Toufayli contrôlent le conseil municipal de Brital depuis 18 ans. Mais le round 2016 est plus politisé que par le passé parce que le cheikh ne dispose plus d’aucune ligne de démarcation pour se confronter avec le Hezbollah, à part ce village pauvre qui ne compte même pas 10000 voix. Plus de 90% des électeurs avaient appuyé la liste Amal-Hezbollah et leurs alliés lors des dernières législatives. Bassam Tleiss, responsable du mouvement Amal dans le village, estime que «la situation à Brital se résume à une lutte interne à laquelle la presse accorde une importance démesurée».

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