Magazine Le Mensuel

Nº 3052 du vendredi 6 mai 2016

Semaine politique

Législatives de 2017. Rendez-vous inévitable, loi électorale introuvable

Selon des sources informées, le mandat du Parlement ne sera pas prorogé une troisième fois en mai 2017. Malgré le débat interne portant sur la nécessité de ne pas organiser les législatives avant l’élection du chef de l’Etat, la réalisation du scrutin municipal rend difficile, en quelque sorte, le torpillage des prochaines élections parlementaires. Dans les coulisses politiques, on indique avec force que la clôture des urnes municipales signifie le compte à rebours des législatives. Cela explique l’escalade des conflits autour de la loi électorale.
Le Courant du futur a informé le commandement du Hezbollah qu’il refusait catégoriquement la loi basée sur la proportionnelle, car celle-ci pourrait carrément le rayer du paysage politique. Aussi a-t-il décidé d’y faire face par tous les moyens.
Ceci étant, le Hezbollah réalise que les chances de voter une loi fondée sur la proportionnelle sont difficiles. Il a fait savoir au Futur qu’il était inique de maintenir la loi actuelle et que la solution pourrait être une formule mixte. Selon les informations, le commandement du Futur a promis d’étudier cette option sans aucun engagement préalable.
Toutefois, ceux qui suivent de près le débat autour de la loi électorale réalisent très bien les difficultés auxquelles se heurte une loi mixte, en commençant par le nombre des circonscriptions et celui des sièges qui doivent être soumis à la proportionnelle et d’autres à la majorité, en finissant par les alliances qui se fondent sur les divisions politiques connues. Ainsi, Walid Joumblatt refuse catégoriquement d’intégrer Aley et Baabda dans une même circonscription. Il veut, par ailleurs, éviter le bloc chiite sans oublier le vote chrétien qu’il commence à prendre en compte. En contrepartie, il ne semble pas que le projet mixte, sur lequel le Futur et les Forces libanaises étaient d’accord alors qu’ils coopéraient, soit toujours valable. Les divergences chrétiennes autour du nombre de circonscriptions et la manière de les partager sont toujours présentes.
En résumé, l’échéance municipale constitue un premier pas d’une longue marche vers une élection présidentielle en attendant la nouvelle carte politique que dessinera le Parlement.

Walid Joumblatt
Pourquoi fait-il des avances au Hezbollah?
Le rapprochement avec le Hezbollah, entamé par Walid Joumblatt dans l’émission Kalam el-nass de la LBCI, le 28 avril, en a intrigué plus d’un. Discréditant tous les partis libanais, il a fait l’éloge du Hezb. Il reconnaît qu’entre Haret Hreik et son protecteur régional, l’Iran, il ne s’agit pas seulement d’une collaboration sur les dossiers libanais, mais sur tous ceux de la région. Il a effacé de son lexique tous les qualificatifs de suivisme et de dépendance, pour les remplacer par «partenariat». Après avoir souligné que le problème des armes pouvait être résolu pacifiquement, il a créé l’ultime surprise en liant la décision de son parti à celle du Hezb dans son refus d’assurer le quorum pour l’élection présidentielle. «Je ne participerais à aucune séance parlementaire à laquelle le Hezb ne serait pas présent, car c’est un partenaire essentiel et nous tenons au respect des conventions politiques».   
Par cette prise de position, Joumblatt torpille le scénario que Saad Hariri tentait d’imposer en assurant un quorum sans le Hezbollah et le Bloc du Changement et de la Réforme pour élire Sleiman Frangié à la présidence de la République.
Ceux qui disent bien connaître Joumblatt affirment qu’il avait toujours voulu sortir d’une relation de routine ennuyeuse avec le Hezbollah pour passer à autre chose que la tergiversation entre des hauts et des bas, du positif au négatif. Il est entendu que le degré de chute avait été assez haut après l’attaque joumblattiste contre l’Iran, que le parti a qualifiée de faille dans l’accord conclu précédemment de ne pas s’en prendre à la République islamique.
Joumblatt aurait aussi compris qu’avec l’échec des négociations politiques, la Syrie était entrée dans une crise de longue durée. Le Liban étant lié à la Syrie, la crise bloquera la présidentielle pour longtemps. Joumblatt sait pertinemment que les tentatives américaines et saoudiennes pour isoler le Hezbollah pousseraient le parti à durcir ses positions et renforçaient sa volonté de ne faire aucune concession à ses alliés dans l’élection présidentielle ou sur d’autres dossiers…
Ainsi, Joumblatt serait entré dans une révision de la situation en se rapprochant du Hezbollah et de sayyed Hassan Nasrallah, afin de construire au mieux leur relation. Mais combien le Hezbollah est-il prêt à l’accepter et reste-t-il entre eux des bases de confiance?
 

Chaouki Achkouti

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