Magazine Le Mensuel

Nº 3053 du vendredi 13 mai 2016

  • Accueil
  • general
  • Ghada el-Yafi, candidate à Beyrouth. «Les forces du mal unies contre le citoyen»
general

Ghada el-Yafi, candidate à Beyrouth. «Les forces du mal unies contre le citoyen»

«Les forces du mal se sont réunies contre le citoyen pour rester coûte que coûte au pouvoir et ne rien perdre de leurs prérogatives». Dans une interview recueillie par Magazine, Ghada el-Yafi, candidate sur la liste du mouvement Citoyens et citoyennes dans un Etat, considère qu’il est temps que les gens «coupent le cordon ombilical qui les relie à leurs zaïms» et réclament leurs droits les plus élémentaires.

Vous n’avez jamais cessé d’essayer de briser le traditionalisme politique. Quelles sont vos impressions après avoir mené bataille à Beyrouth en faisant partie de la liste de Charbel Nahas?
Il est temps de briser les prisons communautaires dans lesquelles les Libanais sont enfermés, de sorte à les faire passer du statut de sujets à celui de citoyens au sein d’un Etat digne de ce nom. C’est sur cette idée essentielle que notre mouvement Citoyens et citoyennes dans un Etat (Mouwatinoun wa mouwatinat fi dawla), a mené sa campagne électorale en prévision des élections municipales. Lors des tournées à thème dans un bus qui a sillonné la capitale, nous avons exposé les grandes lignes de notre programme. En ce faisant, nous avons réalisé que les citoyens ne comptaient pas se rendre aux urnes parce qu’ils étaient dégoûtés de l’état des choses. Ils ont considéré que la loi électorale pour les municipales n’était pas juste et démocratique, qu’il y avait beaucoup d’intérêts en jeu et trop d’argent versé par la liste du pouvoir. Les citoyens avaient la conviction que quoi qu’ils fassent, ils ne pourront rien changer. Ils ont donc préféré rester chez eux.

S’ils avaient participé plus massivement, ils auraient pu changer la donne. Vous n’avez pas réussi à les en convaincre?
Ils ont eu peur de voter contre la liste du pouvoir. Ils ont craint pour leur petite vie, pour leurs intérêts. La structure électorale est si organisée, si bien tenue par les autorités que les politiciens savent au millimètre près qui a voté pour qui, où, comment… Une machine infernale qui tient entre ses griffes la voix des citoyens et l’enferme dans une spirale de doute et de peur. Notre campagne a quand même eu des répercussions fantastiques qui apparaîtront avec le temps. Nous avons réussi à redonner espoir aux gens et à les bousculer pour qu’ils réalisent qu’ils ont des droits et qu’ils doivent tout faire pour les récupérer. Il est temps de couper le cordon ombilical qui relie le citoyen à son zaïm. A Saghbine, nous avons réussi à percer puisqu’une des candidates qui s’est présentée au nom de notre mouvement a remporté les élections.

Si vous devez qualifier les élections de Beyrouth en quelques mots, que diriez-vous?
Les forces du mal se sont réunies contre le citoyen pour rester coûte que coûte au pouvoir et ne rien perdre de leurs prérogatives. Nous devons aussi parler de toutes les fraudes qu’il y a eu et qui sont innombrables. Les autorités étatiques se sont alliées de façon ouverte avec la liste du pouvoir, n’hésitant pas à jouer avec les noms, les chiffres, empêchant les délégués de rester dans les salles de vote, inventant des prétextes pour détourner leur attention…

Pourquoi ne vous êtes-vous pas alliés à Beirut Madinati pour mieux affronter ce que vous appelez la liste du pouvoir?
Ce sont eux qui ont refusé de s’allier à nous. Ils ont certains intérêts avec le pouvoir, ils n’ont donc pas voulu le contrer de façon frontale comme nous avions décidé de le faire.

Le Hezbollah vous a donné quelques voix, mais il ne s’est pas réellement engagé dans la bataille à vos côtés pour affaiblir les listes adverses. Comment expliquez-vous cette attitude?
Les partisans du Hezbollah nous ont appuyés parce qu’ils soutiennent toujours le droit des citoyens. C’est donc dans la logique des choses. Mais en effet, le parti ne s’est pas réellement engagé dans la bataille de Beyrouth pour des raisons qui le concernent.

Allez-vous poursuivre votre combat?
Tout à fait. Nous n’allons pas baisser les bras. Nous sommes encore plus motivés qu’avant. Ils sont de plus en plus nombreux les citoyens qui nous encouragent et qui placent leurs espoirs en nous et cela nous porte. Nous allons certainement nous lancer dans la bataille des législatives quand les élections se dérouleront.

Propos recueillis par Danièle Gergès

Related

Musée virtuel d’art moderne. Un concept audacieux et ambitieux

Abdel-Majid Saleh, député d’Amal. «Un président au 1er trimestre»

Les résolutions santé. Comment garder ses objectifs?

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.