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Nº 3054 du vendredi 20 mai 2016

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Albert Kostanian, conseiller du président des Kataëb. «A Jounié, Michel Aoun a perdu»

Dans une interview recueillie par Magazine, Albert Kostanian, conseiller de Samy Gemayel, président des Kataëb, affirme que le parti «a quadruplé sa présence dans les municipalités et constitué une valeur sûre dans plusieurs régions du Mont-Liban, notamment à Jounié, où il a réussi à faire basculer la balance et à assurer la victoire de la liste présidée par Juan Hobeiche». Selon Kostanian, le grand perdant à Jounié est Michel Aoun.

Comment évaluez-vous les élections au Mont-Liban? Les Kataëb seraient particulièrement fiers des scores enregistrés et des sièges remportés.
Pour les Kataëb, les résultats étaient excellents puisque nous avons réussi à quadrupler notre présence par rapport aux élections municipales de 2010. Nous avons remporté plusieurs batailles politiques décisives. Nous n’avions pas donné de consignes de vote au niveau national laissant le choix à chaque chef de section de décider des alliances. Notre logique était que lui sait mieux que le directoire politique et même que le président du parti quelles seraient les alliances les plus appropriées. Cette stratégie a porté ses fruits puisque nous avons raflé une trentaine de municipalités, près de trente chefs de municipalités sont des Kataëb ou principalement soutenus par le parti, et nous avons gagné des sièges dans une grande majorité des conseils municipaux.

Ce qui expliquerait que vos alliances différaient d’une région à l’autre, avec Aoun dans certaines régions, les Forces libanaises dans d’autres, et Michel Murr quand il le fallait…?
Tout à fait. Nous avons considéré que les municipales constituaient un cadre adéquat pour assurer le développement des régions, mais certains ont voulu donner une dimension politique à ces batailles pour montrer qu’ils possédaient les 86% des voix chrétiennes. Cela ne s’est pas passé ainsi, malheureusement pour eux. A Ghosta, par exemple, nous avions conclu une alliance avec Farid Haykal el-Khazen contre le tandem CPL-FL et nous avons remporté tous les sièges. A Sin el-fil, bataille politique par excellence, ils ont déployé les grands moyens pour rafler les sièges. Mais nous les avons emportés en fin de compte. A Jounié, nous considérons que Juan Hobeiche a gagné grâce aux Kataëb et que Michel Aoun a perdu. Sans nous, la liste de Juan Hobeiche aurait totalement échoué, chiffres à l’appui. D’ailleurs, quatre candidats de la liste adverse ont réussi à percer évinçant trois candidats aounistes. Les candidats Kataëb ont tous gagné.

En coulisse, les Kataëb jubilent pour avoir réussi, disent certains d’entre eux, à arrêter «le tsunami» CPL-FL. Est-ce vrai?
Il n’y a jamais eu de tsunami CPL-FL. Il y a une diversité dans les régions chrétiennes et cela s’est traduit dans les urnes. D’ailleurs, après une lecture pointue des élections dans la Békaa, il s’est avéré que même les chiites en ont marre de l’embrigadement aveugle et ont voté, pour certains en tout cas, contre le Hezbollah. Nous souhaitons préserver la diversité dans la rue chrétienne, nous voulons travailler de pair avec toutes les forces politiques, mais sur base de programmes clairs et précis et non selon des intérêts ponctuels de circonstance. En tant que parti Kataëb, nous avons toujours prôné le dialogue et l’union, mais sur des bases solides.

Selon plusieurs observateurs, les partis politiques ont été sérieusement menacés par les représentants de la société civile, qui avaient le vent en poupe. Qu’est ce que cela signifie
à votre avis?

C’est tant mieux parce que les partis politiques au Liban devraient se moderniser, se démocratiser, s’institutionnaliser davantage. Le citoyen est plus progressiste que ses responsables politiques. Il réclame la transparence, la parité… les gens en ont marre de la façon traditionnelle de faire. Notre message à nous est: «Nous vous avons entendus, nous vous avons compris, nous allons sans cesse nous renouveler». D’ailleurs, cela se ressent déjà au sein du parti et se constatera encore plus dans les mois à venir. Nous ne sommes pas contre la société civile, nous lui tendons la main et lui demandons de s’impliquer davantage soit en se ralliant aux partis existants, soit en fondant d’autres.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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