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Nº 3060 du vendredi 1er juillet 2016

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Bachir Khodr, mohafez de Baalbeck-Hermel. «Les habitants se sentent en danger, ils veulent se défendre»

«Le festival débute dans un mois à Baalbeck, située à une heure du Qaa. En principe, sur le plan sécuritaire, rien n’empêche les concerts de s’y dérouler. Conjuguons tous les efforts pour que la volonté de vivre soit plus forte que la culture de la mort que les terroristes tentent d’imposer». Interview de Bachir Khodr, mohafez de Baalbeck-Hermel.

Plusieurs kamikazes se sont fait exploser au Qaa, dans la région de la Békaa. Il semble que cette localité était directement visée. Qu’en pensez-vous?
Qaa est un village libanais limitrophe de la Syrie. Le nombre de ses habitants en hiver est de 2 500 citoyens, un nombre qui s’élève jusqu’à 4 500 pendant la saison estivale. Dans cette localité, le nombre de réfugiés syriens s’élève à 25 000 personnes et, de ce fait, leurs déplacements ne sont pas contrôlés. La situation est très complexe malgré tous les efforts déployés par l’armée. Mais nous devons reconnaître que le courage des habitants a joué un rôle important, leur vigilance a permis que le pire soit évité. Lorsque des habitants ont tiré sur l’un des kamikazes qui a prétendu appartenir aux services de renseignements de l’Armée libanaise, ce dernier s’est fait exploser, alors que son complice hurlait «appelez l’armée» pour essayer de faire un maximum de victimes.

Est-ce que cette région a été prise pour cible parce que c’est une localité chrétienne?
Je ne le pense pas. Le terrorisme a touché toutes les régions libanaises indépendamment des confessions et des communautés.

Il semble que la majorité de ces kamikazes sont d’origine syrienne. D’ailleurs, vous avez décrété un couvre-feu pour les ressortissants syriens dans la région. Est-ce une mesure efficace?
Certainement. En décrétant le couvre-feu à Qaa et à Ras-Baalbeck, et en donnant le choix à toutes les municipalités de la région d’en faire de même, nous protégeons les Libanais mais aussi les camps syriens, parce que nous devons reconnaître que tous les réfugiés syriens ne sont pas des terroristes.

Les terroristes ont-ils coordonné leurs opérations avec des ressortissants syriens vivant dans la localité?
Il paraît que les terroristes n’ont pas traversé les frontières syro-libanaises, mais vivaient dans les camps des réfugiés.

Malgré toute la vigilance des habitants et de l’armée, ce qui est effrayant c’est que les explosions se sont répétées à une cadence régulière – huit attentats. Cela est-il dû au fait que l’armée est paralysée par les divergences politiques qui l’empêchent de mener jusqu’au bout les opérations nécessaires à la lutte contre les terroristes?
Dans cette région précisément, l’armée n’attend pas les conditions politiques pour faire son travail. Je peux assurer que l’armée fait tout le nécessaire pour traquer les terroristes et les empêcher de pénétrer sur le territoire libanais.

Il semble que les habitants du Qaa ont décidé de s’armer et de défendre eux-mêmes leur localité. Cette mesure ne risque-t-elle pas de déstabiliser encore plus la situation?
Nous devons nous mettre à la place des habitants. Ils se sentent en danger et entendent se défendre quel qu’en soit le prix.

Certains lient ces opérations à la reprise des batailles en Syrie, plus précisément à l’ingérence militaire du Hezbollah dans ce conflit. Etes-vous de cet avis?
Je suis un mohafez et non pas un homme politique. Je n’ai pas d’avis à donner sur le sujet.

Baalbeck s’apprête à une série de festivals. Ces actions terroristes auront-elles des répercussions néfastes sur la tenue des spectacles sur les sites des temples romains?
Le festival débute dans un mois à Baalbeck, située à une heure de route du Qaa. Nous ferons tout le nécessaire pour assurer la sécurité du citoyen bien qu’en principe, sur ce plan, rien n’empêche les concerts de s’y dérouler. Conjuguons tous les efforts pour que la volonté de vivre soit plus forte que la culture de la mort que les terroristes tentent d’imposer.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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