Magazine Le Mensuel

Nº 3070 du vendredi 7 octobre 2016

Assurance

«Il faut repenser toute l’industrie de l’assurance»

Elie Nasnas, directeur général de la compagnie d’assurance AXA Middle East, réfléchit et élabore un tableau de bord dont les projections s’inscriraient en 2025, voire en 2030. Les besoins des individus en couverture assurance évoluent selon un rythme rapide correspondant aux modes de vie. L’innovation et la créativité doivent suivre la tendance, afin que les sociétés d’assurance ne soient pas prises au dépourvu par des demandes spécifiques sophistiquées.
M. Nasnas énumère, à titre indicatif, les évolutions possibles, comme l’espérance de vie, qui serait de 110 ans en 2025, la part des voitures sans chauffeur, qui représenterait 70% du marché en 2030… «Dans le dernier cas, le marché traditionnel de l’assurance auto disparaîtrait au profit d’une garantie des fabricants de voitures et d’une autre des fournisseurs de GPS; tant le fabricant que le fournisseur seraient assurés non plus par des assureurs locaux, mais par des multinationales dotées de moyens financiers importants», souligne-t-il, ajoutant qu’«il y aurait toujours des opportunités pour les assureurs locaux bien préparés, mais le paysage de l’industrie de l’assurance serait complètement différent de celui qui existe aujourd’hui». En réponse à une question de Magazine, M. Nasnas reconnaît qu’il est difficile de vivre décemment au Liban sans souscrire à de multiples polices d’assurance. Il s’interroge, dans le même temps, sur le nombre de Libanais qui seraient en mesure de le faire, vu leur pouvoir d’achat en baisse constante. Ceci dit, au pays du Cèdre, la part de l’assurance du PIB est de 3,4%, une proportion convenable en comparaison à celle des autres pays de la région, mais bien inférieure à celle des pays matures, qui est de 7% et 8%.
Déclarer les déplacements. Concer-nant les polices d’assurance couvrant les souscripteurs à l’étranger, le numéro deux d’AXA Middle East considère que l’assuré devrait déclarer à son assureur son déplacement dans des pays qui sont le théâtre de violences, conformément à la théorie de l’aggravation du risque. A ce moment-là, la couverture dépendrait de la nature du contrat qui lie l’assureur et l’assuré. Certes, la naissance d’un marché commun arabe de l’assurance ouvrirait de nouvelles portes aux compagnies arabes. Malheureusement, ce sujet est abordé dans les coulisses des rencontres du GAIF (General Arab Insurance Federation) sans aucun projet sérieux, les politiques protectionnistes des pays arabes constituant une entrave à cette ouverture.
Quid de l’inflation et des primes d’assurance? Le directeur général d’AXA Middle East pointe du doigt la concurrence serrée que se livrent les assureurs locaux, empêchant un réajustement des primes d’assurance en fonction du taux d’inflation. Cependant, les primes d’assurance maladie sont majorées d’environ 6% et 7% par an, un impératif afin que les assureurs puissent continuer à fournir la couverture dans cette branche, les progrès de la médecine et le perfectionnement des équipements tirant à la hausse les prix des soins médicaux. Concernant l’assurance vie, elle aurait entamé un démarrage en douceur dopée par les polices d’assurance vie exigées pour les prêts logement. «Cette obligation a sensibilisé les personnes au concept de l’assurance vie. Mais il reste beaucoup à faire en termes d’incitations fiscales accordées par l’Etat tant aux individus qu’aux entreprises», dit M. Nasnas. Dans tous les cas de figure, il n’y a pas de doute que toute l’industrie de l’assurance devrait être repensée autant que le système de couverture sociale et médicale de la part de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Les assureurs opèrent conformément à la loi de l’assurance de 1990. Une nouvelle législation moderne avait été élaborée en 2007, mais elle se trouve toujours entre le Sérail et le Parlement, figurant parmi les 49 projets de lois dont la légalité est contestée par certains hommes politiques, qui considèrent que le gouvernement, présidé par Fouad Siniora à cette époque, était
non légitime.
Les compagnies d’assurance continuent de fonctionner selon des critères obsolètes, telles l’exigence d’un capital d’un million et demi de dollars et une marge de solvabilité qui permet d’avoir un chiffre d’affaires égal à 1/10 des fonds propres.

Elie Nasnas
directeur général d’AXA Middle East

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