Magazine Le Mensuel

Nº 3072 du vendredi 2 décembre 2016

Editorial

Pour inverser l’effet papillon

Certes, le facteur psychologique est important pour la relance de l’économie. Le sentiment de sécurité des ménages, l’optimisme de la jeunesse et la confiance des entrepreneurs peuvent inciter à la consommation et booster l’activité commerciale à la veille des fêtes. La normalisation des relations entre le Liban et les Etats du Golfe (le président Michel Aoun a déjà reçu neuf invitations pour visiter des pays arabes et étrangers) pourrait annoncer le retour prochain des touristes arabes, après quatre ans de boycott. Le montage financier de Riad Salamé a permis à la Banque centrale de consolider ses réserves en devises, et les mesures qu’il a récemment prises (l’émission de certificats de dépôts à 5%) ont absorbé l’excédent de liquidités en livres libanaises, né de cette ingénierie et qui menaçait de faire monter l’inflation.
Toutes ces bonnes nouvelles, couplées aux mesures de la BDL, ne sont cependant pas suffisantes pour redresser une économie frappée de plein fouet par la crise syrienne, en partie responsable de la baisse des exportations libanaises vers les pays arabes et de l’activité de transit, et par la chute des prix du pétrole, qui a provoqué un tarissement des flux de capitaux entrants. Ces facteurs, ajoutés, entre autres, à une conjoncture internationale défavorable, ont freiné la croissance et paralysé l’économie.
Pour stopper l’effet papillon et inverser la tendance baissière de la plupart des indicateurs, il est impératif d’encourager le retour des investissements, afin de relancer l’économie réelle. L’Etat peut, dans ce domaine, jouer un rôle de premier plan, en offrant aux investisseurs un environnement plus propice aux affaires. Il doit, pour cela, assurer les services élémentaires, comme l’électricité, l’eau et un réseau de télécommunications performant. Ces projets peuvent être lancés sans attendre les inévitables réformes structurelles, qui nécessitent un vaste chantier législatif, afin de moderniser les lois ou en élaborer de nouvelles.
Pour atteindre ce modeste objectif, il faut d’abord former un gouvernement. Chaque jour de retard dans la naissance du Cabinet assombrit le climat positif observé depuis l’élection présidentielle, replonge les Libanais dans l’état d’esprit qui prévalait avant le 31 octobre et fait disparaître les faibles signaux d’espoir apparus ces quatre dernières semaines.
Il est inadmissible que le Liban manque l’opportunité de relancer son économie, une question de survie pour quatre millions et demi de Libanais, à cause de tiraillements autour de l’attribution d’un portefeuille ministériel à telle ou telle personnalité.   

 

Paul Khalifeh

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