Magazine Le Mensuel

Nº 3072 du vendredi 2 décembre 2016

Temps fort

Quatre opportunités à saisir

1-Améliorer la compétitivité
Les réformes structurelles constituent, pour le Liban, un véritable défi mais aussi une fabuleuse opportunité. «Un gouvernement d’union nationale facilite la prise de décisions, améliore la gouvernance, l’efficacité et la rapidité de la mise en place de nouvelles mesures», estime Nassib Ghobril, économiste en chef du groupe Byblos Bank. Cela offre, enfin, une opportunité de mettre en œuvre ces réformes, même si le chantier est immense.
«Il faut arrêter de répéter que la cause du ralentissement économique est la situation sécuritaire au Liban et en Syrie ou dans les pays voisins. Nous devons profiter de cette nouvelle donne pour régler les problèmes structurels de l’économie, qui n’ont rien à voir avec l’environnement régional», insiste l’économiste.
Selon lui, il faut améliorer la compétitivité du Liban, 101e sur 138 pays dans le monde dans le dernier rapport du Forum économique mondial. «Cela signifie que 73% des pays du monde sont plus compétitifs que le Liban! Pourquoi?
A cause des infrastructures délabrées, de la corruption, de l’instabilité gouvernementale, du manque de continuité dans les décisions politiques…».
Au Liban, les entreprises souffrent, en moyenne, de 51 coupures électriques par mois. C’est le 3e chiffre le plus élevé de la planète après le Bangladesh et le Pakistan. «C’est un problème structurel qu’on peut très bien régler en interne, tout comme le coût des télécommunications et du réseau routier, ajoute M. Ghobril. Cela n’a rien à voir avec ce qui se passe en Syrie!».

2-Extraire le gaz et le pétrole
Pour Ghazi Wazni, la formation d’un nouveau gouvernement peut aussi laisser espérer un déblocage du dossier du gaz et du pétrole. Les ressources au large des côtes libanaises ont été estimées à au moins 600 milliards de dollars, soit 14 fois le PIB et 10 fois la dette extérieure. Seulement voilà, cela fait depuis 2013 que le Conseil des ministres doit adopter deux décrets indispensables au lancement de l’appel d’offres sur l’attribution des licences d’exploration. Quarante-six sociétés avaient été présélectionnées pour présenter leurs offres. Elles attendent toujours de pouvoir faire leurs propositions. Ces fameux décrets pourraient-ils être finalement débloqués l’année prochaine?

3- Augmenter l’aide internationale
La formation d’un gouvernement pourrait aussi être une opportunité pour le Liban d’accentuer la prise de contacts à l’international et demander une augmentation de l’aide humanitaire pour gérer la crise des réfugiés syriens sur son sol. «De 2011 à 2015, le Liban n’a perçu que 3,3 milliards de dollars, soit moins de la moitié de ses besoins», souligne Ghazi Wazni. Il faut que la formation d’un nouveau gouvernement soit l’occasion de se faire entendre sur ce dossier auprès de la communauté internationale.

 

4-Restaurer la confiance des ménages
Enfin, l’amélioration du climat politique est une chance pour retrouver la confiance des ménages. «Au Liban, la confiance du consommateur est directement liée aux développements politiques, insiste Nassib Ghobril. L’élection d’un président constitue ainsi un choc positif pour l’économie, même s’il n’est pas de l’ampleur des accords de Doha en 2008. Sachant que 78% des dépenses au Liban proviennent du secteur privé et des ménages, l’opportunité de relancer la consommation est bien réelle», considère-t-il.
Cela dit, pour un retour des investissements, cela risque d’être plus difficile. Les investissements directs étrangers, qui constituaient 14% du PIB en 2008, sont tombés à 4,5% en 2015, le niveau le plus bas des pays arabes. «Pour restaurer un climat propice à l’investissement, l’élection d’un président n’est pas suffisante, selon M. Ghobril. Il faut améliorer le climat des affaires, effectuer les réformes structurelles citées plus haut et remettre le train sur les rails avec un programme clair et des mesures très basiques». 

Soraya Hamdan

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