Magazine Le Mensuel

Nº 3092 du vendredi 3 août 2018

Immobilier

Sin el-Fil. Nouvelle destination pour les affaires

Moins chère qu’au centre-ville, une nouvelle génération de bureaux au standing élevé attire de plus en plus d’entreprises dans la région de Sin el-Fil, dans le Metn. Les promoteurs attendent une baisse des prix des terrains pour poursuivre le développement d’une région à haut potentiel.

Multinationales ou compagnies locales, elles sont de plus en plus nombreuses à venir installer leurs locaux à Sin el-Fil. « Il y a dix ans, les promoteurs ont vu qu’il y avait un créneau à exploiter par rapport aux stocks de bureaux à Achrafieh. Ils ont réussi à faire bouger les choses et à imposer Sin el-Fil comme une destination d’affaires», explique Guillaume Boudisseau, consultant pour Ramco. La construction d’une poignée de bâtiments luxueux a permis de refaçonner cette région pour en faire un point de chute recherché par les entreprises. «On a choisi cette zone en premier lieu pour sa proximité avec Beyrouth qui est accessible en 10 minutes», assure Rudy Chalhoub, directeur exécutif de Joseph Chalhoub Real Estate Development, à l’origine de cinq centres d’affaires à Sin el-Fil, lesquels abritent plus d’une centaine de firmes, dont des multinationales comme Huwaei, le groupe pharmaceutique MSD, le siège de General Electric au Liban, des compagnies locales, à l’instar de Château Kefraya ou de l’agence de publicité Grey, mais aussi des professions libérales; ingénieurs, avocats, médecins. «40% des entreprises avaient leur locaux à Beyrouth mais les blocages successifs à chaque manifestation les ont poussés à quitter le centre-ville», indique Rudy Chalhoub. Les vagues de mouvements de protestation et la fermeture des abords de la place de l’Etoile de 2015 à 2017 ont entrainé une vague de départ des entreprises basées au cœur de la capitale, lesquelles ont préféré se rabattre sur des régions plus calmes. «Pour les bureaux, la première couronne de Beyrouth – Dbayeh, Antelias, Sin el-Fil et Hazmieh- constitue une alternative aux produits du centre-ville et d’Achrafieh», observe Guillaume Boudisseau. Parmi ces destinations, Sin el-Fil présente un point fort, «celui d’être situé au niveau du point central de l’agglomération de Beyrouth». C’est aussi une région haut de gamme. «Horch Tabet a une très belle cote. Les immeubles ne sont pas collés les uns aux autres, l’environnement urbain est plaisant, les rues sont larges. A une période, beaucoup d’ambassades ont pensé y déplacer leur locaux», note le consultant. Seul inconvénient: «C’est une région qui reste assez congestionnée, avec beaucoup de trafic», relève-t-il.
Projets luxueux. En quelques années, le prix des terrains est passé de 1 800 dollars/m2 en 2011 à 3 000 dollars aujourd’hui. Le montant des loyers tourne lui autour de 260 dollars/m2. Avec un prix de vente de 4 500/m2, le nouveau quartier d’affaires est désormais plus cher qu’Achrafieh. Pour Guillaume Boudisseau ce coût est justifié «car il s’agit de produits de niche avec des prestations qu’on ne trouve pas à Achrafieh». «Les promoteurs se sont positionnés sur un créneau de projets luxueux. Tous les bureaux sont très tenus. Les bâtiments offrent des vues incroyables sur Beyrouth. Il y a des salles de conférence, des espaces verts, de beaux lobbies. C’est aussi raffiné et élégant qu’au centre-ville mais moins cher en même temps», remarque le spécialiste. Inaugurées en 2018, les tours Central Business Center et Qubic Square sont les deux premiers centres d’affaires au Liban dotés de systèmes de protection anti-incendie et parasismique aux normes européennes et américaines.
Ralentissement. La poursuite du développement du nouveau quartier d’affaires s’est toutefois ralenti à cause de la crise que traverse le secteur immobilier depuis le début de l’année. «Malgré ses atouts et sa vitalité, la région n’a pas pu échapper à la morosité du marché. Aujourd’hui, le stock a beaucoup de difficultés à s’écouler», constate Guillaume Boudisseau. «On est dans une période d’attente même si les répercussions restent moins fortes ici qu’ailleurs. A chaque fois qu’il y a une crise, c’est Beyrouth qui prend le plus», assure Rudy Chalhoub qui estime à 100 000 m2 la superficie encore disponible à Sin el-Fil. «Il y a encore un grand potentiel devant nous. Le problème est que les prix sont toujours les mêmes depuis le boom immobilier. On trouve des terrains vendus entre 3 000 et 4 000 dollars le m2 à Sin el-Fil, ce qui est impensable puisque l’on vend à 4 500 dollars», soulève le constructeur. Et de conclure: «Quand les gens baisseront les prix, le développement reprendra».

Philippine de Clermont-Tonnerre

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