Magazine Le Mensuel

Nº 3099 du vendredi 1er mars 2019

Focus personnalité

Bertrand Besancenot. Double mission pour un ambassadeur atypique

Tout juste nommé ambassadeur au Liban de l’Ordre Souverain de Malte,  Bertrand Besancenot entame en mars une nouvelle étape de sa vie d’homme et de diplomate, mettant en suspens une retraite parisienne paisible pour un nouveau mandat exaltant qui va lui permettre de reprendre le chemin de l’«Orient bien-aimé».
 

C’est «un retour aux sources» dit-il de sa nouvelle mission. Ce diplomate français atypique et expérimenté, 67 ans, a passé au pays du cèdre dix ans de son enfance (1956-1966) quand son père était directeur d’une compagnie d’assurances à Beyrouth. Ce lien avec le Liban, il n’a jamais voulu le rompre. Il l’a gardé «dans son cœur» pendant toute sa carrière et dans les différents postes qu’il a occupés, allant jusqu’à prendre l’initiative de créer l’Amicale des anciens du Collège Notre-Dame de Jamhour à Riyad, en Arabie saoudite.
Cet ancien conseiller diplomatique du gouvernement français, sous la présidence d’Emmanuel Macron, donne deux raisons à son nouvel engagement. La reconnaissance d’abord «envers ce peuple doté de qualités humaines, actif, dynamique, qui a la soif de vivre, et envers un pays qui reste un modèle de cohabitation, porte le message du vivre-ensemble et où on respire un air différent d’ouverture et de liberté». L’envie, ensuite, «de servir une noble cause, de mettre les valeurs chrétiennes d’ouverture et d’entraide au profit des plus démunis, des malades, des handicapés et des réfugiés, sans distinction d’appartenance nationale, communautaire ou sociale».

Un pays pilote. Effectivement, pour la hiérarchie de l’Ordre de Malte que le nouvel ambassadeur, fervent catholique, a rencontrée lors de son dernier passage à Rome, le Liban demeure «un pays pilote et symbole dans cette région du monde, qu’il faut soutenir pendant cette période difficile économiquement et socialement en aidant les nécessiteux et en contribuant à alléger leurs souffrances».Bien sûr, Bertrand Besancenot n’est pas le premier ambassadeur de l’Ordre au Liban où il succède à Charles-Henri d’Aragon, son «ami fidèle et très actif».
Mais son mandat à lui est encore plus vaste, puisqu’il est assorti d’une deuxième mission en sa qualité d’«Envoyé spécial de l’Ordre de Malte dans les pays du Golfe». On notera qu’il s’agit là d’une nouvelle représentation pour l’Ordre qui souhaite «accompagner le désir d’ouverture et de dialogue de ces pays».
Cette nouvelle orientation a été déterminante dans le choix de Besancenot. Non seulement ce diplomate est arabisant et spécialiste de cette région vitale, mais aussi et surtout, il a réussi à y nouer des relations étroites et personnelles avec un certain nombre de dirigeants, même opposés. Il est resté neuf ans ambassadeur (record de longévité diplomatique) en Arabie saoudite et sept ans au Qatar où il a fait deux passages remarqués à l’ambassade de France à Doha. C’est précisément la raison pour laquelle le président Macron l’a envoyé il y a quelques mois dans le Golfe, pour participer au nom de la France aux efforts de médiation dans le conflit qui oppose le Qatar à ses voisins.

Actions de solidarité. L’ambassadeur Besancenot révèle la teneur du message qu’il porte dans sa valise diplomatique à destination des rois et jeunes princes du Golfe. L’Ordre de Malte, dit-il, veut les convaincre «de l’intérêt pour leur pays à gagner en image, aussi bien en Occident qu’en Orient, en traduisant cet esprit d’ouverture et de dialogue interreligieux à travers des actions concrètes de solidarité envers les plus démunis». Et d’ajouter: «S’il y a un pays référent vers qui doivent porter ces actions non sectaires et ces gestes significatifs, ça ne peut être que le Liban, pays arabe frère, qui donne un exemple universel de convivialité et de coexistence entre chrétiens et musulmans». Le nouvel ambassadeur de l’Ordre a-t-il déjà informé de sa nouvelle mission ses contacts au sein des familles régnantes des pays du Golfe? Contacts avec lesquels il a l’habitude d’échanger des messages via WhatsApp. Bertrand Besancenot répond en souriant qu’il a déjà contacté l’«Emir-père», à savoir le père du jeune prince du Qatar Tamim al-Thani, et précise seulement que sa réaction a été «favorable et encourageante».

Béchara Bon (à Paris) 

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