Poutine au Kremlin
Quelles implications sur la diplomatie russe?
Malgré les efforts de Dmitri Medvedev et de son conseiller diplomatique Serge Prikhodko pour amarrer la Russie à l’Occident, la diplomatie russe a été conduite par Sergueï Lavrov, un proche de Vladimir Poutine, fin diplomate certes, mais formé à l’école soviétique et empêtré dans les schémas traditionnels mis à mal par les évolutions rapides que le monde connaît. Le retour de Poutine au Kremlin devrait apporter quelques changements.
Moscou, Nathalie Ouvaroff L’annonce par Dmitri Medvedev de sa décision de renoncer à briguer une seconde fois la magistrature suprême, pour laisser la place à son mentor Vladimir Poutine, n’a pas provoqué de réactions à l’étranger, tant la candidature du Premier ministre était acquise d’avance. Même les responsables américains qui, à maintes reprises, n’avaient pas caché en public et en privé qu’ils ne souhaitaient pas le retour de «l’homme fort du Kremlin», se sont abstenus de tout commentaire. Preuve du grand malaise que suscite dans le reste du monde le cynisme de la politique russe. Reste que si un durcissement vis-à-vis des Etats-Unis et un infléchissement vers l’Europe-Poutine étant par tropisme plus européen qu’atlantiste-sont à prévoir, une complète réorientation de la diplomatie russe est, au moins dans un premier temps, exclue pour une simple raison: les investissements étrangers dont le pays a cruellement besoin pour accomplir sa modernisation. Par contre, on peut raisonnablement s’attendre à une utilisation plus systématique de l’arme du pétrole et du gaz, pour imposer les vues de la Russie. «Gazprom est un puissant levier d’influence économique et politique sur le reste du monde», déclarait Vladimir Poutine en 2005.
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Dans ce contexte, le futur locataire du Kremlin tentera de conserver les acquis de son prédécesseur, tout en se montrant pointilleux sur le système de défense antimissile ABM, dont la réalisation devait être renforcée avec son arrivée au Kremlin.
Par ailleurs, convaincu que la Russie ne peut relever les défis qu’elle a devant elle qu’avec l’aide de l’Occident, Vladimir Poutine, qui ne considère pas l’Europe comme une grande puissance, va tenter de se rapprocher de chaque pays séparément, jouant sur les différences de conceptions et d’intérêts qui existent entre les différents acteurs de la scène politique européenne. Toutefois, la tâche ne sera pas facile, dans la mesure où cette tactique, basée sur des relations personnelles, risque de se heurter à des changements d’équipe qui se profilent à l’horizon. Silvio Berlusconi a des problèmes avec la justice, la popularité d’Angela Merkel est en baisse, Nicolas Sarkozy va devoir affronter ses électeurs lors d’un scrutin qui n’est pas joué d’avance. Quant aux relations entre Moscou et Londres, elles sont plombées par l’affaire litvinenko (ancien espion du KGB empoisonné par du polonium en 2006), affaire qui devrait rebondir très prochainement avec les révélations accablantes pour la Russie, de l’ancien procureur général du Royaume-Uni.
Force est de constater qu’en quelques mois, la Russie a perdu toutes les positions qu’elle avait regagnées au Proche-Orient au cours des 20 dernières années. Le Printemps arabe a pris la Russie de cours. Le renversement des dictateurs par des soulèvements populaires est difficile à concevoir en Russie.
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