Les projets futurs de Sleiman
Le président sortant, Michel Sleiman, a fait allusion à son désir d’avoir un rôle politique à l’avenir dans le cadre du courant centriste dont le pilote principal est le député Walid Joumblatt. Celui-ci a exprimé, de son côté, le souhait de poursuivre sa coopération avec l’ex-président. Paradoxalement, il a donné l’impression d’avoir tourné la page Sleiman lorsqu’il a dit: «Nous serons en manque de son courage et de sa sagesse».
Parmi tous les chefs d’Etat qui se sont succédé au Liban, seul le président Camille Chamoun a continué à assumer une charge politique après la fin de son mandat. A sa sortie du palais présidentiel, il est devenu un leader, mais Michel Sleiman n’est pas dans ce même cas de figure. Quoi qu’il en soit, rien ne laisse présager d’une prochaine organisation d’élections législatives et le flou règne toujours sur les futures alliances électorales… Si Joumblatt cherche un nouvel allié chrétien dans le Mont-Liban loin du triangle Aoun-Geagea-Gemayel, l’ex-président sera-t-il cet allié? Les analystes ne se prononcent pas.
Mgr Raï critique les boycotteurs
Pour mettre fin à toute ambiguïté ou fausse interprétation, plusieurs députés chrétiens du 14 mars demandent au patriarche Mar Béchara Boutros Raï de publier les minutes de la réunion des ténors maronites qui avait eu lieu fin avril à Bkerké. Tous les participants, sur insistance du cardinal Raï, s’étaient engagés par écrit à être présents aux séances parlementaires consacrées au scrutin présidentiel et à ne les boycotter sous aucun prétexte, exception faite du député Sleiman Frangié. Le comportement de certains d’entre eux et le blocage de l’élection qui ont suivi ont suscité la colère du chef de l’Eglise maronite qui n’a pas hésité à les critiquer devant ses visiteurs. Le prélat a aussi refusé les médiations locales ou extérieures qui réclamaient l’organisation d’une nouvelle rencontre interchrétienne au siège patriarcal.
La déstabilisation ne sert personne
Une dégradation sécuritaire ou un retour à l’ère des explosions et voitures piégées n’est dans l’intérêt de personne, estime un observateur. Aucun bord ou groupe libanais ne le souhaite, d’autant que les craintes des conséquences d’un éventuel dérapage sont grandes et incontrôlables. Même son de cloche du côté d’une source diplomatique qui estime qu’une explosion sécuritaire ne sert aucune des deux parties. Quant à ceux qui annoncent une période de turbulence qui saboterait le plan sécuritaire, ils le font dans le but d’exercer des pressions. Ils savent très bien que la stabilité dont le Liban jouit actuellement s’inscrit dans le cadre d’une entente entre les acteurs politiques locaux sous l’ombrelle protectrice internationale qui a donné naissance au gouvernement Salam.
Les FL mécontentes
Evoquant l’échéance présidentielle, l’ex-Premier ministre Saad Hariri a rejeté la reproduction du scénario de 2007, assurent des milieux du 14 mars. Le leader du Moustaqbal préfère se placer derrière Bkerké pour laisser aux chrétiens et, plus précisément, au siège patriarcal, la responsabilité du choix du futur président. Des députés des Forces libanaises (FL) estiment que l’ouverture de Hariri sur le Courant patriotique libre (CPL) a encouragé le général Michel Aoun à refuser toutes les offres qui lui ont été faites de renoncer à la présidence en tant que candidat pour devenir un électeur qui propose un nom consensuel agréé par tous. Mais le voilà qui continue à se positionner en seul candidat modéré et de consensus, capable de dialoguer avec toutes les parties.
La «liste» de Raï
L’ambassadeur du Liban au Vatican, Georges Khoury, a été rajouté sur la liste des présidentiables que le cardinal Béchara Raï aurait, dit-on, dressée et qui comporte déjà les noms de Ziad Baroud, Roger Dib et Riad Salamé, gouverneur de la Banque du Liban. Du côté de Aïn el-Tiné, on rapporte que, lors de sa visite au président Nabih Berry, le patriarche Raï avait avancé le nom de certaines personnalités jugées consensuelles et de compromis (ce qu’on a appelé «la liste de Raï»). Des analystes politiques font le lien entre la visite privée en Italie du chef de l’Assemblée pour participer au mariage d’un de ses amis, et l’amélioration du score de Georges Khoury sur la liste des présidentiables.
En attendant les indices régionaux
Pas de règlement de crise en vue, selon l’analyse faite par une source diplomatique qui lie le dossier présidentiel à celui, complexe, de la région. Cette échéance, dit-elle, relève de la responsabilité des deux camps antagonistes, les puissances régionales et internationales ayant fait savoir qu’il existe une réelle occasion de libanisation de ce scrutin. La situation sur le terrain restera plus ou moins maîtrisée, précise un politique du bloc centriste, jusqu’à l’émergence d’indices régionaux positifs qui inciteront les parties locales à s’accorder sur un candidat consensuel.
Nader Hariri/Gebran Bassil: du gaz au menu
Le conseiller de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, Nader Hariri, a pris contact avec le ministre Gebran Bassil à la veille de la réunion du Conseil des ministres, vendredi passé. L’échange a porté sur la nécessité d’éviter une paralysie du gouvernement Salam pour qu’il puisse fonctionner durant cette période délicate et consolider la stabilité politique, économique et sécuritaire. Le ministre des Affaires étrangères a réclamé l’accélération de certaines nominations urgentes et l’application des décrets relatifs aux ressources gazières afin que l’adjudication internationale pour l’extraction du gaz, ajournée à plusieurs reprises, puisse être lancée. La date du 14 août a été retenue pour l’organisation de l’adjudication.
L’ambassadeur d’Iran pressé
Le nouvel ambassadeur d’Iran, Mohammad Fateh Ali, a tenu à présenter ses lettres d’accréditation au président Michel Sleiman avant le départ de ce dernier de Baabda. Arrivé à Beyrouth spécialement à cet effet, il est reparti à Téhéran deux jours plus tard. La précipitation dont a fait preuve le nouvel ambassadeur a été interprétée comme un indice sur la prolongation prévue du vide constitutionnel par les autorités iraniennes. Ayant présenté ses lettres de créance, Mohammad Fateh Ali pourra aussitôt exercer pleinement sa mission officielle.
Armes et réseaux islamistes en Libye
La nouvelle Libye constitue une menace constante pour la sécurité du Liban, selon l’analyse faite par un expert, vu la puissance des groupes terroristes et leur influence sur le pouvoir. L’alliance des Ikhwan et des mouvements liés à al-Qaïda dans la jeune république, après la chute du régime Kadhafi, a facilité l’ouverture de canaux de coopération avec des personnalités islamistes au Liban, et l’instauration d’échanges médiatiques, financiers et militaires. Ces entités idéologiques ont développé une animosité envers les armées arabes du bassin méditerranéen, parce que les exégètes d’al-Qaïda estiment que ces armées défendent les forces laïques dans les sociétés arabes, sans compter leur rôle dans la lutte contre le terrorisme religieux et ses réseaux.
L’expert révèle que la ville de Misrata abrite des bases secrètes de l’Armée égyptienne libre et de l’Armée algérienne libre. Les réseaux de cette alliance islamiste, dont le siège est à Misrata sur la Méditerranée, sont financés par des Etats arabes et régionaux, par le commerce des armes libyennes et par l’exportation des émigrés illégaux vers l’Europe. La même alliance aspire à l’implantation d’Emirats islamistes à la région frontalière du sud de la Libye avec le Tchad, le Mali et l’Algérie. Bachir el-Kabti, inspecteur général des Ikhwan de Libye, avait refusé d’être taxé de terroriste. Il a déclaré que son mouvement se positionnait sous l’ombrelle de la loi, tout en reconnaissant l’existence «d’armes de tout genre dans la rue. Nous parlons de quelque 22 à 25 millions de pièces d’armes à feu».
Quels plans pour le camp de Beddaoui?
Une ONG à Beddaoui (au nord de Tripoli) essaie de profiter du climat ambiant pour exécuter un projet d’insertion de jeunes Palestiniens des camps de Beddaoui et de Nahr el-Bared dans la société tripolitaine. Cette organisation, financée par l’Agence américaine pour le développement, a obtenu des équipements et quelque 100000 dollars pour ce projet intitulé Le théâtre ambulant, qui s’active entre Tripoli, Beddaoui, Minié et Nahr el-Bared. Une source locale explique, qu’en réalité, ce projet ne concerne ni le théâtre, ni l’encouragement des jeunes talents… Les conditions exigées par le donateur obligent l’ONG à recruter un nombre égal de Libanais et de Palestiniens pour l’application du projet en question, l’objectif étant d’intégrer les Palestiniens dans le milieu social tripolitain. Par ailleurs, des jeunes sont embauchés pour un salaire variant entre 40 et 100 dollars par jour pour assurer la protection de personnalités étrangères qui dirigent des séminaires culturels et autres au sein d’associations présentes au Nord. On cite, à titre d’exemple, des formations intitulées «Comment être un leader…» qui s’adressent à des jeunes de 15 à 25 ans. Les matières enseignées durant ces formations valorisent l’image «d’Israël».
Craintes d’un retour aux attentats
Alors que certains rapports diplomatiques arabes prévoient des tensions sécuritaires, des tirs entre Tarik Jdidé et Chiah ont été vite circonscrits par les forces de l’ordre. A part cet incident, le calme total règne sur ce «front» actuellement, notamment dans les quartiers mixtes de Sabra et Chatila et dans Zaroub al-Dik derrière la Cité sportive. Mais des sources font état d’une mobilisation dans les quartiers de Kaskas et Tarik Jdidé où des groupes semi-armés, qui avaient participé aux actes de violence intermittents dans cette zone, sont en train de se reconstituer… Ces informations s’inscrivent dans le cadre de la mise en garde formulée dans ces rapports contre la création de plusieurs foyers de tension sécuritaire à travers le Liban pour dégager l’asphyxie gouvernementale et législative. Des craintes sont, par ailleurs, exprimées portant sur un retour au cycle des attentats ambulants, les forces régionales et internationales ayant échoué jusqu’à présent à résoudre leurs luttes sur le terrain, ou par voie de négociations.
L’été sous vide institutionnel
Le scénario post-25 mai sera le suivant, d’après l’analyse d’un diplomate occidental: prolongation du vide à la première présidence durant toute la saison estivale, avec une possibilité de sortie de crise avant les élections législatives précédées par quelques incidents sécuritaires qui nécessiteront l’intervention de l’armée pour imposer l’ordre. Cet épisode augmentera les chances du général Jean Kahwagi. Les Etats-Unis, ajoute ce diplomate, qui avaient accepté la nomination du général Michel Aoun, «ne tiennent, en fait, ni à lui, ni à une quelconque personnalité. Tout ce qui les intéresse c’est l’organisation du scrutin présidentiel et la prise du pouvoir par un nouveau chef d’Etat, afin que soit sauvegardée la stabilité du Liban qui doit rester à l’abri de la tornade syrienne».