Bien que le contexte de violences jette un doute sur la réalité des rapports de force politique au sein de la population syrienne, le référendum constitutionnel organisé dimanche dernier par le régime encore en place met en tous cas en lumière l’impasse de l’Occident, incapable de s’accorder sur un plan d’action contre Bachar al-Assad.
Selon le ministère syrien de l'Intérieur, la nouvelle Constitution a été approuvée à 89,4% par 57,4% des électeurs inscrits. L'article faisant du parti Baas le pilier de l'Etat et de la société ne figure pas dans la nouvelle loi fondamentale, qui autorise le pluralisme politique et limite la présidence à deux mandats de sept ans. La communauté internationale a vu dans le scrutin de dimanche une imposture. «Si une nouvelle Constitution et la fin de l'hégémonie du parti Baas peuvent entrer dans le cadre d'un règlement politique, un référendum doit se dérouler dans des conditions exemptes de violences et d'intimidation. Il a peu de chances d'être crédible dans le contexte de violences omniprésentes et d'atteintes innombrables aux droits de l'homme», a estimé ce lundi Eduardo Del Buey, porte-parole de l'Onu. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a en revanche qualifié le scrutin «d'étape importante sur la voie des réformes».
L’Occident dans le flou
Ceux qui veulent la chute d’Assad et du régime syrien avec lui n’ont toujours pas trouvé le moyen de parvenir à leurs fins. Vendredi 24 février, à Tunis, était organisé la conférence des «Amis de la Syrie». Le groupe composé d’une soixantaine de pays et d’organisations, a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions contre la Syrie. Le groupe a également reconnu le Conseil national syrien (CNS) comme «un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique» et s'est engagé à fournir «un soutien effectif» à l'opposition. Ces déclarations d’intention s’arrêtent à la déclamation. Ils ont été incapables de s’entendre sur des mécanismes concrets d’intervention. Premier sujet de discorde, le déploiement d'une force arabo-onusienne de maintien de la paix. La Tunisie et le Qatar ont plaidé en faveur de la création d'une «force arabe», dans le cadre de la Ligue arabe, mais la France a estimé que cette force devrait auparavant obtenir «le feu vert» du Conseil de sécurité de l'Onu. Mieux, l'Arabie saoudite a approuvé l'idée d’envoyer des armes à l’opposition.
Il y a donc deux camps au sein de la communauté internationale. Lundi, le Qatar a encore demandé à la communauté internationale d'armer les insurgés syriens et a invité les pays arabes à prendre la tête d'un mouvement visant à mettre fin à l'effusion de sang en Syrie. Les Etats arabes du Golfe, autour de Doha et de Riyad, seraient ainsi partisans d'une approche plus ferme. Mais les pays occidentaux excluent pour le moment une quelconque intervention militaire. Dimanche, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a affirmé, dans un entretien à la chaîne CBS News, que le fait de livrer des armes à l'opposition syrienne pourrait aider Al-Qaïda et le Hamas. A la BBC britannique, elle a même expliqué «qu'il y a tous les risques d'une guerre civile. Une intervention étrangère n'empêcherait pas cela, elle précipiterait même probablement les choses». Des déclarations dont peuvent aujourd’hui se gausser le régime syrien et ses alliés.
En tous cas, ce constat d’échec permet aux autorités syriennes de lâcher leurs coups. Le ministre syrien de l'Information, Adnane Mahmoud, a raillé, samedi, la conférence de Tunis, en la qualifiant de réunion «des amis de Washington et des ennemis de la Syrie». Il a également dénoncé «ceux qui s'en prennent à la Syrie en Occident et aux États-Unis et à leurs instruments régionaux que sont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Ils se déplacent d'un congrès à un autre afin de masquer leur grand échec au Conseil de sécurité de l'Onu», a-t-il encore dit, faisant allusion au blocage d'une résolution condamnant la Syrie grâce au double veto russo-chinois.
Le régime pousse son avantage
Répondant aux propos de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton qui a appelé la communauté internationale à pousser la Chine et la Russie à «changer de position» sur la Syrie où ces deux pays «se mettent en travers des aspirations du peuple» puis aux déclarations saoudiennes et qataries qui vont dans le même sens, les deux pays ont vertement réagi. «Nous ne pouvons pas accepter cela. Le monde extérieur ne devrait pas imposer son supposé plan de solution de la crise au peuple syrien», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaire étrangères, Hong Lei, lors d'un point de presse.
De son côté, Vladimir Poutine a mis en garde lundi l'Occident contre une intervention militaire en Syrie. Dans une tribune de presse, le Premier ministre et candidat à la présidentielle russe explique que, ayant «appris d'amères expériences», il est «contre toute résolution du Conseil de sécurité qui pourrait être interprétée comme un signal à une interférence militaire dans les procédures domestiques en Syrie. Toute tentative de lancer une action militaire sans le feu vert des Nations unies affaiblirait le rôle de l'Onu et affecterait la sécurité internationale. J'espère fortement que les Etats-Unis et les autres pays tirent la leçon des mauvaises expériences et ne tenteront pas le recours au scénario de la force en Syrie».
Il propose que le gouvernement et l'opposition syriens doivent se retirer des zones habitées pour mettre un terme au bain de sang, estimant que le refus des Occidentaux de l'exiger des opposants à Bachar el-Assad était «cynique».
Sur le terrain, la situation reste toujours aussi volatile. Depuis trois semaines, les quartiers de Khalidiya, Ashira, Bayada et Bab Amro de Homs, à majorité sunnite, sont pilonnés. Des opposants syriens ont fait état lundi de la découverte d'au moins 62 corps près de Homs, grande ville du centre de la Syrie mais l'identité de ces morts était controversée. Il s'agirait, selon eux, de membres de familles du quartier insurgé de Bab Amro, qui ont été enlevés alors qu'ils fuyaient les bombardements. D'autres militants ont en revanche déclaré qu'il s'agissait de membres de la minorité alaouite.
D’ici là, les gesticulations diplomatiques continuent. «Le jour viendra où les autorités civiles et militaires syriennes, en premier lieu le président Assad lui-même, devront répondre de leurs actes devant la justice», a assuré Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, devant le Conseil des droits de l'homme de l'Onu réuni lundi à Genève, où l'Iran s'est opposé à l'organisation d'un débat d'urgence sur la répression. L'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, nommé récemment émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, a rencontré Alain Juppé et son homologue iranien Ali Akbar Salehi en marge de la réunion de Genève. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réuniront le 10 mars pour deux jours afin de faire le point sur la situation. Julien Abi-Ramia
Sarkozy alimente le suspense
Le photographe britannique Paul Conroy a été évacué, lundi, à la faveur de la nuit par les insurgés retranchés à Bab Amr, dans la ville de Homs. Il aurait traversé les 25 kilomètres séparant le quartier rebelle de la frontière libanaise à moto. Arrivé à la frontière, il aurait été pris en charge par des insurgés syriens qui connaissent bien le point de passage clandestin. Il serait passé en territoire libanaise par Wadi Khaled, où l’Armée syrienne libre jouit de la sympathie des habitants et dispose de base arrière.
En revanche, un long suspense a régné sur le sort de la journaliste française du Figaro, Edith Bouvier, auquel a contribué involontairement Nicolas Sarkozy. Le président français avait annoncé mardi qu’elle était en sécurité au Liban, avant de se rétracter quelques heures plus tard. En fait, l’état de santé d’Edith Bouvier ne lui aurait pas permis de faire le même trajet que Conroy. Atteinte d’une fracture à la jambe, il lui est difficile de se déplacer à moto, qui est le moyen de transport utilisé par les rebelles syriens.
Liban-Syrie. La grande peur des druzes
Communauté de guerriers, issue du chiisme, les druzes se sont de tout temps distingués par leur pragmatisme politique. Dispersés entre Le Liban, la Syrie, Israël et la Jordanie, ils sont aujourd’hui confrontés à de nombreux défis. Ils sont au centre d’un grand jeu régional, visant à gagner leur allégeance et leur soutien. Magazine se penche sur la réalité druze dans un Levant en proie aux troubles.
Les druzes ont pendant longtemps gouverné le Liban et continuent aujourd’hui d’y jouer un rôle de loin plus important que leur poids démographique. Pourtant, la communauté s’interroge sur son avenir dans une région en proie à des cha
ngements dont personne ne sait comment ils aboutiront.
«On évalue la communauté druze à près de 250000 personnes, soit entre 6% et 7% de la population libanaise», précise cheikh Sami Makarem, auteur de nombreux ouvrages sur les druzes. Sous l’impulsion de deux Ismaéliens Hamza et al-Darazî et du calife fatimide d'Egypte Al-Hakem, la communauté prend forme vers le XIe siècle, s’articulant autour d’une religion universelle, monothéiste, s’inspirant des philosophies grecques et du soufisme sunnite.
«La religion druze a un caractère très philosophique et n’est pas à la portée de tout le monde, ce qui explique le secret qui l’entoure. Cela n’a pas manqué de susciter la méfiance des autres communautés
au cours de l’Histoire», explique cheikh Makarem.
C’est avec l’avènement de la renaissance arabe de la Nahda, au XIXe siècle, que les druzes s’ouvrent au monde extérieur. «Depuis, il existe un dédoublement au sein de la société entre druzes éduqués et la classe religieuse des cheikhs», raconte Makarem. Ce schisme entre cheikhs et bourgeois ne fait que s’aggraver avec le passage du temps. Depuis 2008, avec la radicalisation des discours politiques, la communauté assiste à l’émergence d’un courant fanatique dans les régions de Deir Koubel, Ain Halé et Abadiyé. S’accrochant à des pratiques rigides, proches du salafisme sunnite, ces nouveaux cheikhs exacerbent les divisions au sein de la communauté.
Ce comportement peut s’expliquer par les changements démographiques, avec la multiplication des mariages mixtes, le nombre de druzes s’étiolant par rapport aux communautés musulmanes et chrétiennes. On naît druze, on ne le devient pas. Cette religion hermétique rejette les conversions, ce qui complique d’autant plus la donne. Dans les salons éclairés, on s’insurge contre cette nouvelle réalité. «Les uqqal (les sages) se sentant en perte de vitesse, craignent les découvertes et technologies nouvelles, ils ont l’impression qu’elles sonnent le glas de la communauté. Ce qui est tout à fait faux, la religion druze étant une philosophie basée sur la raison», murmure-t-on.
La démographie demeure un des principaux défis auxquels sont confrontés les druzes aujourd’hui. On estime le nombre de druzes à près d’un million, éparpillés de par le monde. Une population qui se réduit peu à peu à une peau de chagrin, en raison des nombreuses conversions dans les foyers d’émigration comme l’Australie, les Etats-Unis et l’Amérique du Sud. L’été passé, un congrès regroupant les émigrés druzes s’est penché sur ce problème. «Nous avions décidé de localiser la diaspora druze, d’établir le contact entre les divers membres de la communauté, et sensibiliser la jeunesse à son héritage culturel», commente Kamal Sariedine, un des organisateurs du congrès.
Réforme tardive
La refonte du statut personnel druze reste au cœur des discussions. Lors du congrès, et pour la première fois, il fut décrété que tout enfant né de père druze serait considéré comme membre à part entière de la communauté. En effet, jusqu’à 2010, étaient considérés comme druzes (par les cheikhs et uqqal) seuls les enfants nés d’un couple druze. Une réforme tardive qui, en l’absence d’autres, ne saurait garantir la survie de la communauté à long terme.
«En raison de leur statut minoritaire, ce qui lie les druzes entre eux est, avant tout, leur doctrine religieuse. Vous ôtez ce lien, il ne reste rien», assène Sami Makarem qui s’inquiète de l’éloignement de la jeunesse druze de son héritage culturel.
Ces contradictions se reflètent au niveau de la plus haute sphère religieuse des cheikhs Akl, qui en sont les leaders spirituels. En effet, depuis le décès de cheikh Mohammad Abou Chakra, respecté par les membres de la communauté, l’élection au plus haut poste religieux est instrumentalisée par la classe politique.
Il y a toujours eu deux cheikhs Akl druzes, l’un yazbaki et l’autre joumblatti. Mais depuis une trentaine d’année, les familles Arslan et Joumblatt désignaient tour à tour le chef spirituel druze. Dernièrement, alors que Talal Arslan intronisait à Khaldé le cheikh Nasreddine El-Gharib, cheikh Naim Hassam était élu comme nouveau chef spirituel des druzes. «Depuis, ce poste est totalement asservi à la classe politique. On est loin du temps des grands cheikhs comme les Abou Chakra ou Hamadé», se plaint-on.
Le pouvoir politique reste la cheville ouvrière de la communauté. Un pouvoir remontant sans doute à la structure d’origine de la société qui s’articule dès le VIIIe siècle autour des Tanoukh. Le calife Abou Jaafar Mansour al-Abassi envoie alors une tribu de guerriers, les Tanoukh, pour garder les côtes de la Méditerranée (Voir encadré). «De ces princes devenus druzes, la communauté héritera de sa structure militaire préservée à ce jour», souligne Sami Makarem. Le leader de la communauté est donc toujours considéré comme étant son chef guerrier. «La loyauté envers le dirigeant du parti et le culte du chef sont des attitudes largement répandues chez les druzes. Ces derniers vivent leur appartenance politique comme une seconde identité», ajoute le juge Abbas Halabi, auteur du livre Les druzes, vivre avec l’avenir.
Une seconde identité qui va permettre aux druzes de peser dans la balance politique, comme faiseurs de rois, à l’instar de Kamal Joumblatt, qui prend la tête du Mouvement national dans les années soixante, selon Halabi. Les druzes passeront donc, au début du siècle, grâce à des penseurs comme le prince Chakib Arslan et l’écrivain Ajaj Nouweihed, d’un arabisme musulman à un arabisme séculier avec l’avènement de Kamal Joumblatt. Ce dernier fonda le Parti socialiste progressiste, qui à l’origine, regroupait toutes les confessions. «Kamal Joumblatt se range aux côtés de Nasser. En 1975, il représente politiquement la moitié du pays, notamment en soutenant la résistance palestinienne pendant la guerre civile tout en s'opposant plus tard à l'intervention militaire syrienne au Liban», explique Halabi.
Depuis trois siècles, les druzes manœuvrent avec habileté, se démarquant des autres par leur identité nationale et arabe, l’absence d’une politique indépendante à proprement parler, malgré leurs ambitions fédérales, précise le journaliste Suleiman Takieddine. «Les druzes jouent un rôle important dépassant de loin leur poids démographique, en raison de leur intuition politique et leur bonne entente avec les musulmans», ajoute-t-il.
Leur approche politique contemporaine sera toutefois marquée par de nombreuses divergences. Kamal Joumblatt défend une vision claire du Liban tournée vers le monde arabe, tout en tentant de remédier aux défaillances du système politique libanais. «Mais Walid Joumblatt est avant tout un homme d’affaires très pragmatique, qui défend ses intérêts et ses calculs personnels sans avoir une vision claire du Liban», ajoute Takieddine.
Une réalité sombre
Le journaliste dépeint un tableau sombre de la réalité druze moderne. Il rappelle les exploits des druzes lors du siècle dernier, réalisés grâce à la riche diversité d’hommes politiques appartenant à la communauté. Les druzes ont marqué l’histoire arabe par le biais de personnalités comme le prince Chakib Arslan, (candidat au poste «de Prince des croyants») et Rachid Talih, qui fut le Premier ministre de Jordanie lors de la création du royaume, ainsi que Fouad Hamzé, qui fonda le ministère des Affaires étrangères en Arabie saoudite. «Cette diversité enrichissait les druzes. Aujourd’hui, ils sont malheureusement prisonniers du jeu politique d’un seul leader, dont les intérêts ne servent pas nécessairement la communauté», conclut-il. Mona Alami
Les grandes familles
Les grandes familles druzes sont les Nakad, qui gouvernaient la région de Deir al-Qamar, les Imad pour le Arkoub, les Abdel Malak, les Joumblatt pour le Chouf, les Arslan pour le littoral, les Talhouk dans la région de Aley.
Ces familles avaient été nommées comme percepteurs d’impôts par la Sublime porte. De nombreuses personnalités vont se distinguer au sein de la communauté comme sit Nazira Joumblatt, mère de Kamal, férue de politique, ainsi que le penseur Chakib Arslan. D’autres druzes n’appartenant pas aux familles nobles vont également se démarquer des autres comme les poètes Amine et Said Takieddine, la poétesse Nadia Hamadé Tueni, défunte épouse du journaliste Ghassan Tueni, Abdel Meneem Talhouk, botaniste et entomologiste, le peintre Aref Rayess et la poétesse Nazira Zeineddine connue pour sa révolte contre le port du voile.
Divorce avec les maronites
D'abord installés à Hama, Alep et Damas, les druzes se réfugient dès le XIIe siècle dans le Mont-Liban pour échapper aux persécutions du pouvoir officiel. A partir du XIVe siècle, ils fondent l'émirat du Liban avec la dynastie des Maan, connaissant leur apogée sous le règne de Fakhreddine Ier au XVIIe siècle. A cette époque, les druzes et les maronites du Mont-Liban vécurent dans une atmosphère de confiance. En 1635, le pouvoir ottoman, condamne Fakhreddine à mort. Sa disparition entraîne une longue période de déclin pour la communauté troublée par des conflits très violents avec les maronites.
La religion secrète
La doctrine druze secrète est basée sur les textes sacrés de la Sagesse qui ne sont accessibles qu'à une élite initiée. Communauté fermée, l'adhésion a pris fin entre le XIe et le XIIe siècles. Les druzes ne possèdent pas de lieux spécifiques de culte. Les initiés se réunissent tous les jeudis dans «les Assemblées» appelées majlis. «A chaque majlis est affecté un sayis et la cérémonie de prière débute sur un préambule auquel l’ensemble des druzes ont le droit d’assister», commente Abbas Halabi. Les sages reconnaissables à leur turban blanc peuvent exercer un métier. La religion sera réformée par le prince Abdallah al-Tanoukhi, qui interdira le mariage des femmes avant 15 ans. Le prince Tanoukhi conseillait aux druzes d’avoir un maximum de quatre enfants si leur situation financière le leur permettait, les plus pauvres ne pouvant avoir qu’un enfant. Sayyed Abdallah institue le testament qui permet aux druzes de léguer tous leurs biens à la personne de leur choix, qu’elle soit druze ou non. Selon Halabi, le prince Abdallah légua tous ses biens à la famille Sarkis de confession chrétienne.
Des vassaux devenus princes
Tantôt alliés et tantôt adversaires des Croisés, les Béni Tannoukh ont encore des descendants au Liban: les Kadi, les Nasreddine… L’Histoire ne dit rien sur les raisons de leur décadence et de leur chute, ni sur leur relève par les maanites qui étaient, pourtant leurs vassaux.
Que sait-on de Fachreddine II, dit le Grand, ou de Béchir II, lui aussi dit le Grand, et des événements qui ont marqué leur vie politique? Les réponses des historiens n’étaient pas objectives. Ils ont abordé avec circonspection la période qui a précédé celle de Béchir II. Un voile couvre la vie politique de l’émir Youssef Chéhab qui fut, après Fakhreddine, un pionnier de la conception du Liban contemporain.
Les émeutes de 1842, 1845 et 1860 sont présentées comme étant des querelles confessionnelles. Ne faut-il pas plutôt en chercher les causes dans les conditions économiques et sociales exploitées par des puissances étrangères et par des ambitions politiques. Les historiens étaient-ils de mauvaise foi ou mal informés? M.B.