«Walid Joumblatt avait dénoncé les assassins de son père devant les caméras de la télévision. Ni les Joumblatt, ni les druzes, ni le PSP ne doivent leur place politique aux Syriens», déclare le député Marwan Hamadé.
Qu’est-ce qui caractérise la commémoration du 14 mars cette année, alors qu’elle coïncide avec les révolutions arabes?
Ce sont les principes, la constance, la détermination et la mobilisation de ses cadres qui la caractérisent.
Sayyed Hassan Nasrallah ironise sur la révolution du Cèdre et vous demande si vous êtes convaincus d’avoir inspiré les Printemps arabes…
Nous avons, sans aucun doute, inspiré les Printemps arabes. Celui qui prétend à la résistance contre l’ennemi, s’allie à ceux qui agissent comme les gangs sionistes contre le peuple palestinien. Nous assistons dans des villes syriennes au même drame qu’a vécu la Palestine en 1947, 1948. Il est inadmissible que sayyed Hassan Nasrallah soutienne la famille Assad coupable d’un Deir Yassine arabe.
La commémoration du 14 mars peut-elle ramener le député Walid Joumblatt, qui dénonce ce qui se passe en Syrie, dans les rangs de l’opposition?
Le 14 mars n’est ni un bloc parlementaire, ni un rassemblement de parties ou une rencontre ponctuels. C’est un climat et une approche civilisée de la réalité du Liban et du monde arabe. Ce sont ces principes qui ont rassemblé les Libanais le 14 mars 2005 Place des Martyrs, et à leur tête, Walid Joumblatt. C’est ce qui les fera se retrouver sur la scène politique même si ce n’est pas dans un salon ou autour d’une table.
Walid Joumblatt a déclaré, à l’occasion de la commémoration du martyr de Kamal Joumblatt, qu’il était temps de faire tomber le mythe Hafez el-Assad et il accuse directement le régime syrien de l’assassinat de son père…
Cette accusation n’est pas nouvelle. Walid Joumblatt avait ouvert le dossier de l’assassinat devant les caméras de la télévision. Un dossier complet impliquant directement le régime syrien. Un régime qui brûle les terres syriennes aujourd’hui comme il l’avait fait à Achrafié, Tripoli, Sofar, Saïda, Zahlé, les camps et autres. Les trêves étaient imposées par la situation libanaise, et Walid Joumblatt agissait dans l’intérêt de l’unité du Liban et de sa stabilité. Après Taëf, il avait des raisons personnelles. Mais lorsque les assassinats touchent des dizaines de milliers de Syriens, le silence n’est plus permis.
Certains accusent Walid Joumblatt d’ingratitude envers la famille Assad qui l’aurait soutenu dans la guerre de la Montagne et jusqu’à l’après-Taëf…
Ni la famille Joumblatt, ni les druzes et leur histoire, ni le Parti socialiste progressiste ne doivent à la famille Assad leur place naturelle sur la scène libanaise. Leur position évolue en fonction des développements politiques libanais comme toutes les autres forces libanaises.
Vous refusez que le livre d’histoire ignore n’importe quelle étape et, surtout, celle de la révolution du Cèdre…
Aucune étape ne doit être ignorée, mais il ne faut pas évoquer les étapes actuelles en les falsifiant, elles n’auraient plus leur place à l’avenir.
En ce qui concerne le Tribunal international, le juge Bellemare dit que le Hezbollah ne prête aucun intérêt aux communications par au moyen de cellulaires ni aux traces qu’elles peuvent laisser …
Je pense que les premiers assassins n’ont pas prêté attention à cela, la sécurité étant assurée par le bloc libano-syro-iranien. Lorsque les choses ont changé, il a probablement changé les moyens. C’est ce qui a permis de découvrir les auteurs des attentats qui ont eu lieu avant la fin 2005.
Craignez-vous une fitna sunnito-chiite au Liban?
L’action politique du président Nabih Berry limite les risques d’une Fina. Les propos du président Saad Hariri et son ouverture politique prouvent que tous sont conscients du danger et n’y exposeront pas le pays. Nous souhaitons aussi que le chef de l’Eglise maronite soit l’acteur le plus efficace dans le rapprochement des points de vue pour éviter toute fitna.
Le gouvernement actuel restera-t-il en place jusqu’aux élections?
Le gouvernement doit démissionner avant les législatives et céder la place à un gouvernement de technocrates, capable d’organiser des élections intègres loin du poids des armes.
Quelle solution préconisez-vous?
Que le gouvernement des armes ne soit pas au pouvoir.
Propos recueillis par Saad Elias