Magazine Le Mensuel

Nº 2851 du vendredi 29 juin 2012

HORIZONS

Campagne anti-corruption. Il est temps de se réveiller

L’Association libanaise pour la Transparence (LTA) a lancé sa campagne de communication contre la corruption intitulée Il est temps de se réveiller. L’événement était une occasion de présenter les réalisations de l’Association dans son combat contre la corruption politique et administrative.

Fondée en 1999, l’Association vise à dénoncer les cas de corruption au Liban et leurs auteurs présumés et à mobiliser les citoyens et particulièrement les jeunes à son combat. Parmi les réformes et les recommandations de l’Association libanaise pour la Transparence, un rapport intitulé Vers une stratégie nationale anti-corruption qui conclut que l’absence de bonne gouvernance est étroitement liée au régime de partage de pouvoirs et des postes dans l’administration publique entre les communautés religieuses. Un second rapport sur le Système national d’intégrité couvre les dix-sept institutions et secteurs qui forment les piliers du système politique du pays, en tête desquels figurent les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, l’administration publique et les partis politiques. Ce second rapport préconise des réformes spécifiques à chaque pilier et d’ordre général dont la ratification de convention des Nations unies contre la corruption, la création d’un organisme national de lutte contre la corruption, la réforme de la loi électorale et la promulgation d’un règlement concernant l’accès à l’information et la défense des dénonciateurs des cas de corruption. «Mais en l’absence de volonté politique et d’un système judiciaire indépendant, les recommandations de l’Association et des autres acteurs concernés, y compris l’Association des parlementaires arabes contre la corruption, sont malheureusement restées lettre morte», déclare Gérard Zovighian, président de l’association. Selon lui, les responsables politiques continuent d’ignorer les appels de la société civile en faveur d’une moralisation et d’une meilleure gouvernance du secteur public. Et la corruption politique et administrative semble plus répandue que jamais. «Népotisme, clientélisme, enrichissement illicite, achat de voix ou détournements de fonds publics, il ne se passe pas une semaine sans que nos politiciens n’aient l’impudence de se jeter à la figure des accusations qui pourraient en premier lieu s’appliquer à eux-mêmes», note par ailleurs le président de l’Association. Et c’est le citoyen qui paie les pots cassés comme en témoigne la multiplication récente des scandales.
Face à l’absence de volonté de réforme de la classe politique, la stratégie de l’Association libanaise pour la Transparence entend dénoncer plus vigoureusement et plus ouvertement les cas de corruption au Liban. L’Association vise également à collaborer plus étroitement avec ses partenaires de la coalition anti-corruption de la société civile pour promouvoir leur cause commune. Mais également capitaliser sur l’influence ainsi acquise, afin d’exercer une pression plus efficace sur les pouvoirs publics et de faire aboutir ses demandes de réformes. Il s’agit par ailleurs de mobiliser davantage les citoyens au combat de l’Association et de renforcer sa présence dans la région. La campagne de communication lancée au cours des mois de juin et juillet 2012, comprendra une campagne de publicité TV, presse et affichage, une campagne de mailing et dans les réseaux sociaux visant à recueillir le maximum de signatures sur une pétition demandant au gouvernement d’appliquer la Convention des Nations unies contre la corruption et l’organisation d’une manifestation devant le Parlement, afin de soumettre cette pétition appuyée par un nombre maximum de signatures. Cette campagne de communication comprendra enfin la création d’un prix de journalisme d’investigation et d’un prix récompensant la meilleure vidéo-virale anti-corruption ciblant les étudiants des facultés de publicité des universités libanaises.

NADA JUREIDINI

Un dîner de gala organisé par l’association permettra de recueillir des fonds pour financer l’intensification et la poursuite de la campagne.
www.transparency-lebanon.org

 


 

10453, e projet de BIM
Sensibilisation au problème des déchets

Le samedi 7 juillet, à 18h30, à la Corniche de Beyrouth à Aïn Mreissé, se tiendra une représentation théâtrale gratuite, initiée par BIM, autour du thème de l’environnement. Ce sera le troisième et dernier arrêt après les corniches de Tyr et de Saïda. 

La mission principale de la troupe théâtrale BIM, initialement connue sous le nom de Books in Motion, est de «reproduire des histoires libanaises à travers des représentations gratuites dans des espaces publics au Liban», selon Denise Maroney, la productrice du projet. Après des représentations en 2010 dans les anciennes gares de train abandonnées, BIM s’attaque à un autre sujet: l’environnement et les déchets sur les côtes libanaises. «On essaie à chaque fois de monter un projet dont les racines sont ancrées dans l’histoire et la culture du pays. Cette année en particulier, en parlant aux gens et en vivant au Liban j’ai été inspirée par les problèmes environnementaux. C’est un problème urgent d’autant plus que ces derniers temps il y a beaucoup de gens qui essaient de faire une différence. Et quand j’ai vu la montagne de détritus à Saïda, je me suis sentie de plus en plus convaincue de l’urgence d’en parler».
Sur une création originale écrite et mise en scène par Camille Brunel Aoun, cinq comédiens, Daniel Balabane, Hadi Deaibess, Tony Kahoush, Raghda Mouawad et Khouloud Nasser, se glissent dans la peau de personnages qui «vivent au cœur d’une montagne de déchets, qui y ont leurs habitudes comme dans un quartier de Beyrouth et qui vont décliner, à travers leurs comportements, un certain nombre de comportements libanais, d’attitudes sociales qu’on a par rapport à nos ordures quotidiennes. Donc on va les voir aussi bien dans des attitudes où ils sont en train de jeter que de consommer ou de recycler. On travaille aussi sur l’idée de l’accumulation de la masse des déchets qu’on manipule et qu’on génère au quotidien. Chaque Libanais crée un kilo de déchets ménagers. Ce qui fait 365 kilos par an par habitant. Des milliards de tonnes de déchets dont la plupart ne sont pas recyclés». Camille s’est inspirée de chiffres réels pour ensuite tisser des moments complètement absurdes mais engagées également pour dire la réalité des choses, pour traiter de façon humoristique des comportements du quotidien.

Le changement commence par soi
Gestes du quotidien, gestes au quotidien, les deux responsables du projet insistent sur cette notion. «Beaucoup de choses peuvent se passer à une petite échelle, à l’intérieur même d’un ménage. Il ne faut pas attendre l’action des municipalités ou des responsables au pouvoir». A en croire les recherches et les rencontres effectuées par Denise Maroney, «de plus en plus de Libanais prennent conscience de ce problème. Mais comme partout dans le monde, il faut que le mot se propage». C’est pour cette raison que le projet de BIM cette année est réalisé en collaboration avec l’ONG IndyAct qui aura des stands sur place lors des spectacles avec toutes les informations nécessaires concernant le recyclage et les initiatives qui existent au Liban.
La sensibilisation avait d’ailleurs même été amorcée dès la phase de préparation. Le décor du spectacle est formé de déchets récupérés; des bouteilles et des sacs en plastique, des canettes, un vieil échafaudage… A l’instar de Sukleen, BIM a lancé le programme BIMKleen. «Ceux qui avaient entendu parler du projet se sont portés volontaires pour collecter leurs détritus qu’on passait prendre durant trois mois. C’était aussi un effort de notre part pour forcer les gens à trier leurs déchets».
De son côté, Camille Bunel Aoun a entrepris un véritable travail de questionnement avec sa troupe de comédiens «par rapport à leur conscience sociale personnelle. Quelle est la responsabilité de chacun, la responsabilité collective? Quel est le message que nous voulons faire passer au final?». Aoun souligne l’énergie des comédiens, les conditions difficiles dans lesquelles ils ont eu à travailler, étant donné que le spectacle ne présente pas une histoire avec un début, un milieu et une fin, où les personnages évoluent. «On n’est pas dans du réalisme, ou alors dans un certain réalisme poétique». En effet, dans l’écriture et la mise en scène, Camille a privilégié l’expérience visuelle avant tout, pour monter un spectacle assez mécanique, pantomime, clownesque. Un spectacle qui met en scène des tranches de vie dans un univers de détritus, rehaussé par un travail sonore qui ponctue et soutient toutes les propositions visuelles.

Nayla Rached

www.thebimproject.com

 

 

 

 

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