Si certaines banques se sont déjà frottées au paiement mobile, d’autres attendent encore que les technologies dans ce domaine soient réellement au point et surtout, compatibles avec toutes les systèmes. En attendant, le secteur des cartes de crédit poursuit sa croissance.
Qu’est-ce que le paiement mobile? Il s’agit pour le consommateur de pouvoir, dans un futur très proche, payer ses achats via son téléphone portable, directement aux commerçants. Mais le m-paiement ce n’est pas seulement ça, puisqu’à terme, cette technologie «sans contact» devrait être élargie à de nombreuses transactions financières. Au Liban, quelques rares banques se sont lancées dans l’aventure, même si pour l’heure, le marché reste balbutiant… mais très prometteur.
Mais cette situation est aussi celle qui prévaut jusqu’à présent dans la plupart des pays développés. En Europe ou aux Etats-Unis, le paiement mobile ne connaît pas encore d’essor considérable. Avec la mise en place de ce nouveau mode de paiement, c’est une véritable révolution qui s’augure, un nouvel écosystème où tout reste à inventer. Avec un potentiel incroyable. Pour preuve, ces chiffres d’une étude réalisée par le cabinet américain Gartner. Il apparaît que les transactions réalisées avec un téléphone portable ont augmenté de 61,9% entre 2011 et 2012 pour atteindre 171,5 milliards de dollars dans le monde. Toutefois, il n’est pas encore question de détrôner l’argent plastique qui a encore de beaux jours devant lui. Le m-paiement s’orienterait davantage vers un nouveau type de services, destiné à faciliter la vie du consommateur au quotidien. Par exemple au Liban, très prochainement, les automobilistes pourront aussi payer leur stationnement aux parcmètres, avec leur téléphone mobile, quelle que soit leur compagnie télécom. La culture du paiement mobile fait son petit bonhomme de chemin auprès des usagers, comme le prouve l’essor, avec les Smartphones, d’achat sur Internet, de musique ou de contenus de téléchargement divers.
Nombreux problèmes
Toutefois, le paiement mobile fait encore face à de nombreux problèmes. Comme celui, par exemple, d’unifier et de rendre compatible ce type de transactions avec tous les systèmes et Smartphones. Ce qui n’est pas le cas actuellement. De grands acteurs de l’Internet, des banques ou des télécoms se disputent le marché. Avec plus ou moins de réussite. Le système mis en place par Google, avec le Google Wallet, n’est par exemple pas applicable sur l’iPhone pour l’instant. Un problème de taille pour le Liban où ce Smartphone est leader sur le marché. Un autre système, implanté aux Etats-Unis, le ISIS Mobile Payment system, voit son utilisation limitée au territoire américain. Aucune synergie n’est pour le moment en place, alors que cela aurait pour effet d’uniformiser et de garantir l’utilisation du m-paiement de par le monde.
A ce m-paiement s’ajoute aussi le défi de la technologie sans contact Near field contact (NFC). Qui implique également un équipement spécifique de la part des commerçants et points de vente, avec des terminaux de paiement adaptés. Les technologies en la matière sont multiples, ainsi que les vecteurs utilisés : paiement sur facture, SMS, NFC, le montant autorisé pour les transactions, leur application dans les points de vente physique ou virtuels… Et tant qu’il n’y aura pas de synergie entre les acteurs de l’Internet, les banques et les groupes de cartes bancaires du type Mastercard ou Visa, le paiement mobile ou sans contact ne connaîtra pas d’envolée réelle.
Parmi les acteurs qui comptent sur le marché, figure Google, qui a donc lancé Google Wallet. Il s’agit d’un portefeuille sur mobile, accessible seulement aux clients d’un opérateur US et titulaires d’un compte Citigroup/Mastercard, dans un nombre limité de points de vente. Mais l’opération séduction de Google se heurte pour l’instant à la méfiance des opérateurs mobiles et n’est pas compatible avec le iPhone pour le moment.
Séduire le consommateur
Autre alliance, celle par exemple de la joint-venture américaine ISIS, qui regroupe 3 des 4 principaux opérateurs mobiles des Etats-Unis. Pour l’heure, l’enjeu mis au cœur du débat reste la question du «secure element», la procédure qui permettra l’authentification de la transaction.
Paypal, géant du secteur, tente lui de transposer son expérience du monde online aux canaux physique, mais sans s’appuyer sur la technologie du sans contact, le NFC.
Bref, le panel de solutions technologiques est très étendu, mais le défi de ces opérateurs sera aussi de répondre à des mises en place d’usages différents, qui puissent séduire le consommateur, mais aussi le commerçant. Il faut en effet que les bénéfices pour le client soient clairs (rapidité, fidélisation, réserves réunis dans le même portefeuille), tout comme pour le commerçant qui doit trouver un intérêt à modifier son équipement avant d’éventuellement abandonner la gestion des espèces ou des cartes de crédit. Sans oublier le fait qu’à ce jour, encore beaucoup de téléphones ne sont pas équipés de la technologie à puce NFC.
Jenny Saleh
Le boom du m-paiement en Afrique
Selon une étude récente de l’Association des opérateurs mobiles du GSM, près de 60 millions de personnes utiliseraient déjà le m-paiement. Un chiffre en croissance, fortement concentré géographiquement dans les zones de pays en développement. Notamment en Afrique de l’Est.
Ce succès s’explique par plusieurs facteurs. Dans ces pays, les produits de téléphonie mobile sont accessibles, la technologie GSM est très répandue et les prix abordables.
Par ailleurs, on constate qu’en Afrique, près d’un milliard de personnes ne possèdent pas de compte bancaire, alors que près d’un Africain sur deux dispose d’un téléphone portable. Tout est réuni pour favoriser l’essor du m-paiement. Car grâce à leur mobile, les habitants du Botswana par exemple, faiblement bancarisés, paient leurs impôts, leur micro assurance santé, ou encore leurs actes médicaux. A Madagascar, les salaires sont mêmes versés directement sur les mobiles.
Le m-paiement connaît aussi un essor en Asie, dans les Philippines, ou encore en Amérique du sud, des zones où comme en Afrique, la population dans sa grande majorité ne dispose pas d’ordinateurs fixes ou d’accès au système bancaire. Le téléphone portable devient alors un outil indispensable, très populaire notamment pour les échanges financiers de personne à personne.
Une constante augmentation
Selon les données fournies par la Banque du Liban, 1783962 cartes bancaires étaient en circulation dans le pays à la fin de l’année 2011. Une croissance de 6,4%. Toujours selon la Banque du Liban, la grande majorité — 97,1% — des cartes bancaires étaient détenues par des résidents au Liban. Quant au nombre de distributeurs de billets (DAB) sur le territoire, ils sont aussi en augmentation de 3,2%. 1326 DAB sont disponibles dans l’ensemble du pays, avec bien sûr, une majorité dans le Grand Beyrouth, qui représente 46,4% du total des DAB, devançant la région du Mont-Liban (26,2%), le Nord (10,1%), le Sud (8,6%), la Békaa (6,9%) et enfin la région de Nabatiyé (1,7%). Cette hausse du nombre de cartes bancaires en circulation est en adéquation avec les données fournies par la plupart des grandes banques libanaises, qui affichent des taux de croissance de 25 à 30% annuels de leur secteur de cartes bancaires. Et depuis le début de l’année 2012, ces chiffres sont encore en augmentation régulière, montrant une demande exponentielle d’argent plastique, de la part des usagers libanais