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Nº 2856 du vendredi 3 août 2012

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ECONOMIE

La loi de finance 2013. L’austérité n’est pas la solution

Les trois partenaires sociaux, l’Etat, le patronat et les ouvriers, sont d’accord au moins sur un point. Un budget 2013 d’austérité associé à des pressions fiscales n’est pas la solution appropriée au ralentissement économique qui s’accentue. Ce qui est réclamé est un projet de loi de finance qui encouragerait la croissance économique. D’ailleurs, tant le président de l’Association des Banques au Liban (ABL), Joseph Torbey, que le doyen des industriels, Jacques Sarraf, l’ont exprimé explicitement à maintes reprises. Ce dernier a même indiqué que la réduction du déficit budgétaire nécessite une croissance économique de 6%. Il est vrai que le vote d’un budget reste préférable à l’inexistence d’une loi de finance, comme c’est le cas depuis des années. Mais encore faut-il que celui de 2013 définisse clairement les sources de revenus et le plafond des dépenses?
Les incertitudes et la précarité qui marquent la scène interne secouée par des incidents sécuritaires et des tensions politiques, en plus des développements dramatiques aux frontières libano-syriennes, ont eu des retombées directes sur le marché financier. Ceci sans compter les nouvelles sanctions américaines et européennes qui imposent un embargo à la compagnie aérienne nationale syrienne. Le premier indicateur négatif est au niveau de l’évolution des dépôts bancaires des résidents. Le mouvement a été faible au cours des dernières semaines: le volume n’a augmenté en juin dernier que de 493 milliards de livres, et de 200 millions de dollars au cours de la première quinzaine de juillet. Ce mouvement des dépôts est en contradiction avec celui enregistré en avril, mars et février derniers. La moyenne de la progression des dépôts bancaires des résidents était de l’ordre de 1200 milliards de livres en avril et de près de 1500 milliards de livres en mars. Le marché des titres souverains a été marqué à la dernière semaine de juillet par un recul de plus de 2% en raison de l’offre à la vente de titres et d’eurobons libanais en provenance d’acteurs institutionnels étrangers. Toutefois, cette offre est demeurée limitée du fait que la majorité des titres souverains sont portés par des Libanais. Pour ce qui est des bons du Trésor, les banques domestiques ont poursuivi leur tendance à souscrire à la catégorie des titres de moyen terme dans une tentative ultime d’obtenir le meilleur taux d’intérêt à la hausse, vu le rétrécissement des domaines d’investissement. De toute façon, l’indice le plus révélateur du ralentissement économique demeure le volume des chèques retournés. Leur nombre a accusé au premier semestre de 2012 une hausse de 11,63%, alors que leur valeur a enregistré une progression de 8,22% sur la même période. Dans ce contexte morose, la question du financement de l’échelle des salaires du secteur public se pose avec insistance. A l’évidence, cette échelle ne peut être approuvée sans que le gouvernement ne trouve de nouvelles sources de revenus au Trésor. Certes, l’Etat est entré dans un cercle vicieux. Il devrait du moins tirer les enseignements de ce qui s’était produit en 1987, lorsqu’une augmentation de salaires de 100 pour 100 a été accordée aux salariés des secteurs privé et public et contribué à une montée en flèche du dollar face à la monnaie nationale en l’absence de nouveaux revenus. Avant même la classe ouvrière, ce sont les organismes économiques qui rejettent les nouvelles taxes proposées dans le cadre du projet de budget 2013. La raison principale est que de telles taxes porteraient principalement sur les taux d’intérêt bancaires, sur le relèvement du taux de la TVA, ainsi que sur l’immobilier. Pour certains économistes, il y aurait une issue à ce problème, mais la solution proposée n’est pas ce qu’il y a de mieux. Ces derniers proposent une avance de la BDL à des taux d’intérêt étudiés pour faire taire la grogne sociale. Mais ce règlement pourrait entraîner de nouveau le pays dans la tourmente d’une progression de la dette publique et toutes les conséquences négatives qui pourraient en découler, comme la hausse vertigineuse de la structure des taux d’intérêt, la chute de la valeur de la livre et, évidement, une croissance économique nulle. Quel homme politique serait-il prêt à assumer une telle responsabilité?

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