La Bourse de Beyrouth (BSE) connaîtrait-elle enfin une certaine embellie après des décennies d’une activité morose? Les membres de l’Autorité de régulation des marchés de capitaux ont été, il y a moins de dix jours, désignés. Sachant que le projet de loi des marchés de capitaux a été approuvé en août 2011 après avoir traîné 11 ans dans les tiroirs du Parlement pour un problème de quota confessionnel et de choix de l’autorité de tutelle des marchés. Le dilemme se résumait en une ligne: s’agirait-il de la Banque du Liban ou du ministère des Finances?
Dans les faits, le gouvernement a désigné trois des sept membres prévus: Sami Saliba (de la Bank of Beirut & Arab Countries-BBAC), Firas Safieddine (expert des marchés de capitaux) et Fadi Fakih (expert des affaires financières). Les autres membres sont le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, le directeur général du ministère de l’Economie (poste vacant) et le président de la Commission de contrôle bancaire, Oussama Mikdashi.
Riad Salamé, le gouverneur de la Banque du Liban, est le président de l’Autorité de régulation des marchés de capitaux. Les fonctions de cette autorité sont censées être similaires à celles de la SEC américaine ou US Securities and Exchange Commission et, par conséquent, elle sera dotée d’une large autonomie en termes d’élaboration de politiques financières. La loi sur les marchés de capitaux a pour objectif la mise en place d’un cadre légal pour la réorganisation et le développement des marchés de capitaux dans le pays en ligne avec les normes internationales. Les opérations sur informations privilégiées (Insider Trading) seront donc interdites.
En raison de l’état d’attentisme et de précarité à la lumière des développements en Syrie, la volatilité des prix à la bourse de Beyrouth a représenté au cours des sept premiers mois de 2012 seulement 2% contre 4,6% sur les marchés arabes et 5,8% sur les marchés émergents. Selon BlomInvest, l’activité de la Bourse de Beyrouth traverse «une période de prudence au niveau du nombre et du montant des transactions conclues» vu les distorsions sécuritaires régionales. L’indice Blom des actions libanaises cotées à la Bourse de Beyrouth devrait pour le deuxième semestre de l’année en cours, sur base des projections de la banque d’investissement, évoluer en dents de scie sans amorcer une tendance précise. Et le marché des actions n’entamerait une amélioration que lorsque la tension politique serait contenue et la stabilité sécuritaire réinstaurée.
En termes de capitalisation du marché, la Bourse de Beyrouth (BSE) a reculé de 196,99 millions de dollars, de décembre 2011 à juin 2012, atteignant àla fin du 1er semestre 8,86 milliards de dollars. La BSE a enregistré une meilleure performance au cours du 1er trimestre de 2012. Le marché des actions avait progressé graduellement de janvier à avril, influencé par la poussée à la hausse des marchés arabes, tirant à la hausse l’Indice de la Bourse de Beyrouth (BSI) à 1226 points en mars 2012. Toutefois, l’indice BSI a entamé une tendance baissière peu après la fin du 1er trimestre, atteignant un plus bas de 1137 points le 27 juin, dans un contexte de tension à la suite d’affrontements au Nord-Liban. Parallèlement, le long processus de pourparlers entre les trois partenaires sociaux, à savoir le gouvernement, le patronat et la Confédération générale des travailleurs (CGTL), qui a abouti en fin de compte à un réajustement des salaires, n’a pas insufflé une atmosphère d’optimisme au marché. D’une manière générale, les craintes de l’état de la sécurité et les retombées des remous sur le plan régional sur le Liban ont neutralisé les effets des résultats financiers publiés par les dix premières banques au Liban en avril.
Nº 2857 du vendredi 10 août 2012
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