Dans les années 60, le Liban est le premier pays arabe à envoyer des fusées dans l’espace. Pourquoi a-t-on arrêté le projet et pourquoi cela a-t-il été totalement occulté?
Pendant des années, des essais furent menés au Liban pour la construction d’une fusée. Lesquels malgré leur succès ne devaient aboutir à rien de concret. Il a toujours été interdit au Liban de pousser son progrès technique.
En 1960, cinq ans après la fondation du collège Haïgazian, un professeur de sciences, Manoug Manoukian et onze de ses élèves, fondent la Haïgazian College Rocket Society. L’objectif est d’envoyer des fusées dans l’espace. Les recherches, en partie financées par Emile Boustany, aboutissent au lancement, en avril 1961, de Cedar I qui s’élèvera à 1000 mètres. Les débuts libanais de la conquête de l’espace atteindront leur consécration en novembre 1962 où Cedar III, une fusée à trois étages, s’élèvera à 180 km et franchira 425 km à la vitesse de 9000km/h.
Dirigée par le professeur Manoukian, la Lebanese Rocket Society dispose d’un centre d’études. Elle procède à plusieurs reprises à des essais pour la construction d’une fusée. Durant six ans, ce sont des essais répétés sur des modèles, chaque fois plus perfectionnés, conclus avec succès.
Le 9 avril 1961, la première fusée libanaise est lancée. Lieu de lancement: une forêt du Metn. La fusée est de 1,75 mètre et s’élève à 1000 mètres avant de retomber. Les essais sont effectués en laboratoire. Le premier fut un échec. L’engin, propulsé au carburant solide, retombe à 25 m de sa rampe de lancement.
Le 14 mai 1961, la deuxième fusée lancée par la H.C. Rocket Society, monte à 2360 mètres à la vitesse de 800 km/h. Elle mesure 1.40 mètre, pèse 13 kg et utilise du carburant solide. La fusée est à un étage, et la H. C. Rocket Society promet de nouveau un prochain essai.
Le 7 juillet 1961, un progrès est enregistré. La nouvelle fusée est à deux étages. Elle est lancée dans la région de Sannine. Elle est à allumage électrique et à séparation automatique. Malheureusement, l’essai n’est pas concluant. La fusée est perdue de vue à 2.2 km d’altitude, et la Haigazian College Rocket Society indique que l’expérience portait sur le système d’allumage et de séparation des étages.
En septembre 1961, la donne change. La quatrième fusée, Cedar IV, est lancée avec succès à partir de Sannine. L’engin est de deux étages séparables. De 2.85 mètres, elle pèse 45.5 kg, et utilise du carburant solide, comme les précédentes fusées.
Au cours des années qui ont suivi, aucun essai n’a vu le jour. Les expériences se sont pourtant poursuivies au laboratoire du centre d’études. Pendant quatre ans sans progrès.
En septembre 1965, la lebanese Rocket society lance de Dbayé la fusée Cedar VI. Elle ne compte qu’un étage et s’élève à 14 km. C’est un demi-succès. Il fallait encore plus de travail pour aboutir au résultat escompté. Les expériences restent limitées et rien de concluant n’apparaît pendant la nouvelle année.
Finalement, le 4 août 1966, la fusée de deux étages Cedar-8 est lancée de Dbayé. Elle effectue un parcours de 180 km avant de finir en mer. C’est une mission qui s’accomplit avec grand succès, mais pourtant on n’entend plus parler d’essais dans ce domaine. Le programme fait la fierté du pays jusqu’en 1967, quand les scientifiques de l’université Haïgazian sont sur le point de créer un satellite.
C’est à la suite de pressions internationales que ce programme est arrêté net après la guerre contre Israël en 1967. Les Libanais à la conquête de l’espace dans les années 60? Le rêve s’arrête là. A.K.
N.B: Les informations de cet article sont tirées d’articles parus sur Internet et du Mémorial du Liban-mandat de Fouad Chéhab et de Charles Hélou de joseph Chami
Qui est Manoug Manoukian?
Sous la direction du scientifique Manoug Manoukian, Arménien né en Palestine, une équipe de chercheurs de l’université Haïgazian de Beyrouth a fait évoluer ses recherches sur la trajectoire vers un programme spatial. Après des débuts artisanaux, les rapides succès de l’entreprise attirent l’attention de toute la nation.
Peints en rouge, décorés d’un cèdre, les engins, dont les plus puissants atteignent Chypre, font la une des journaux. Manoug Manoukian, a aujourd’hui 92 ans. Il vit à Tampa, en Floride.
Joana Hadjithomas et Khalil Jreige, un couple de plasticiens-cinéastes ont réalisé un documentaire sur le programme spatial. Son titre: Une fusée dans l’espace, l’étrange aventure de la conquête spatiale libanaise.