Magazine Le Mensuel

Nº 2860 du vendredi 31 août 2012

Confidences Liban

Confidences Liban

Répudiez l’ambassadeur!
Les étudiants du mouvement du 14 mars ont enclenché une série de mouvements et de manifestations devant le ministère des Affaires étrangères et d’autres locations, dont éventuellement l’ambassade de Syrie, pour protester contre l’ingérence syrienne dans les affaires libanaises, après les mandats émis contre Michel Samaha et le chef des SR syriens, le général Ali Mamelouk. Seul slogan brandi: «Répudiez l’ambassadeur syrien et mettez un terme aux violations de son pays à la frontière et aux assassinats des citoyens». Le comité des parents des détenus dans les prisons syriennes a, pour sa part, décidé d’intenter des procès contre les hauts responsables à Damas, et de réclamer l’émission de mandats d’arrêt contre eux, à l’instar de ce que la Justice avait fait avec le Colonel Mouammar Kadhafi dans le dossier Moussa Sadr. L’ambassadeur syrien a, d’ailleurs, limité ses déplacements et mis un bémol aux conseils moralisateurs qu’il avait l’habitude de livrer aux Libanais!

 

 

Les frères ennemis
Le président Nabih Berry n’a pas mâché ses mots lorsqu’il s’en est pris au Premier ministre Najib Mikati et à son gouvernement, les accusant d’être responsables de la détérioration sécuritaire sur le terrain et dénonçant leur apathie dans le traitement des problèmes, surtout après les prises d’otages et le blocage de la route de l’aéroport. Le président Mikati n’a pas souhaité répondre à son «frère et ami, le président Berry», refusant d’alimenter la polémique… Mais il a laissé entendre qu’il a des choses à dire. Le but de la campagne, menée par le chef de l’Assemblée, n’est pas de faire chuter le Cabinet auquel Berry reste attaché. Il voudrait seulement que l’équipe soit plus productive pour répondre aux besoins des citoyens.

 

 

Puanteurs à Nahr-Beyrouth
Les odeurs nauséabondes, émanant du fleuve de Beyrouth, font suffoquer les citoyens des environs qui se demandent pourquoi la municipalité concernée n’essaie pas de régler ce problème avec les commerçants du souk des légumes. Ceux-ci ont transformé le lit du fleuve en véritable dépotoir qui exhale ses puanteurs, surtout en été. Une association environnementale a décidé à cet effet de trouver des solutions à cette affaire en collaboration avec le ministère de l’Environnement, après lecture du rapport détaillé présenté au ministre Nazem Khoury lequel est déterminé à œuvrer pour la protection du fleuve.

 

 

 

La guerre civile n’aura pas lieu
Reçus par le directeur général de la Sûreté générale, les membres du syndicat de la presse ont rapporté que le général Abbas Ibrahim a affirmé que l’émergence d’un nombre de petites organisations n’est que la résultante de la crise syrienne et de ses incidences sur notre pays. «Nous ne permettrons pas que le Liban devienne le théâtre d’une guerre civile. Et je suis confiant à ce sujet». Il a expliqué que les conditions pour l’éclatement d’un conflit interne généralisé n’étaient pas rassemblées, cela exige des implications internes et externes inexistantes. Il n’existe aucune volonté politique ou populaire pour mener le pays dans cette direction. Les rapports sécuritaires, parvenus aux responsables, confirment que les événements du nord resteront circonscrits, les tentatives de semer la discorde entre l’armée et la communauté sunnite ont échoué, tout comme celles visant à provoquer un conflit sunnite interne.

Conciliabules diplomatiques
Les conseillers des ambassadeurs européens à Beyrouth ont tenu une réunion au siège de l’Union européenne, la semaine dernière, pour passer en revue les développements internes à la lumière des enlèvements, des menaces adressées aux ressortissants européens et arabes et des apparences armées… Les participants ont décidé de relever le niveau des mesures de protection et de surveiller la conjoncture de près, surtout que le conflit armé à Tripoli est préoccupant. Ils n’ont cependant pas demandé à leurs concitoyens de quitter le territoire, à l’instar de certains gouvernements arabes.

Partira? Partira pas?
Le sort du gouvernement Mikati restera sujet à débat jusqu’à ce que l’une des composantes de l’équipe soit convaincue que le maintien du cabinet en place constitue un poids pour elle et pour le pays, et que le changement est devenu nécessaire à la lumière des données et circonstances disponibles. Ou, deuxième scénario, si le Premier ministre Mikati présente sa démission pour des raisons qu’il veut garder confidentielles pour le moment, même s’il pense que seul le chaos remplacera le ministère actuel.
Des sources officielles ajoutent qu’il sera quasiment impossible de mettre sur pied une nouvelle équipe, si jamais l’actuelle rend son tablier, celle-ci continuera à expédier les affaires courantes jusqu’à l’échéance électorale de 2013.

Une longue crise
Des leaders libanais de l’opposition, tout comme d’autres instances, ont reçu des informations en provenance de capitales occidentales, selon lesquelles la guerre qui se déroule en Syrie ne mènera pas à la chute du régime de Bachar el-Assad. Le président syrien ne renoncera au pouvoir que dans deux cas: s’il est victime d’un assassinat, ou s’il décide de démissionner. La crise syrienne, comme le prétendent ces rapports, n’est pas près de toucher à sa fin, c’est un long parcours. «Vous devez vous organiser à l’interne, au Liban, en prenant en compte ces données!»

Le Hezbollah révise ses positions
Le Hezbollah, comme le font remarquer des sources politiques chiites, remet en question sa position. Il serait désormais prêt à briser les règles du jeu, n’étant plus tellement attaché au gouvernement mais plutôt décidé à opter pour une politique plus agressive pour reprendre en main l’initiative, ou du moins pour stopper l’érosion de son capital populaire. Cela ne signifie pas qu’il se prépare à un nouveau 7 mai, la conjoncture n’étant plus la même au double plan local et régional. Il détient toutefois d’autres moyens de pression auxquels il peut avoir recours, comme il en a fait la preuve ces derniers jours. Les raisons qui dictent au Hezbollah cette révision seraient dues à trois éléments: le nouveau positionnement du président Michel Sleiman, la modification des rapports de force à l’intérieur du Cabinet dominé par le trio Sleiman-Mikati-Joumblatt, et le renforcement du mouvement du 14 mars suite aux événements en Syrie.

 

 

Dahié veut accueillir Benoît XVI
La banlieue sud s’apprête à réserver un accueil des plus chaleureux à Sa Sainteté le pape Benoît XVI qui sera au Liban le 14 septembre. Les municipalités et certaines organisations civiles et politiques ont établi des plans pour le nettoyage et la décoration des rues que traversera le célèbre hôte. Aussi, des mesures ont-elles été prises pour assurer au Saint-Père un accueil populaire exceptionnel. Le commandement du tandem chiite encourage fortement ces dispositions, étant conscient que le pays traverse actuellement une phase difficile qui nécessite le resserrement des liens de l’unité nationale face aux pressions internes et externes. Le chef de l’Assemblée nationale a souhaité que la visite ait lieu dans un climat paisible «parce qu’elle ne concerne pas uniquement les chrétiens mais l’ensemble des Libanais». Il a par ailleurs invité tout le monde à accueillir le pape afin de profiter de sa présence sur le sol libanais pour réaffirmer le rôle du Liban au niveau régional en cette période difficile. Les fils de la banlieue sud, a ajouté Berry, bloqueront la route de l’aéroport avec des fleurs et des calicots de bienvenue à l’arrivée du pape Benoît XVI, l’invité de tous les Libanais.

Qui a tué Kamal Cheikh Moussa?
Propagation de rumeurs suite à l’assassinat de Kamal Cheikh Moussa dans la région de Dawhat el-Hoss, au sud de Beyrouth. La victime, a-t-on dit, est un ressortissant kurde de nationalité turque, un activiste wahhabite qui s’était abrité sous les ailes du Moustaqbal pour s’assurer une protection. Des sources du village de Naamé, proches du lieu du crime, pensent que l’homme serait en relation avec des services de renseignements étrangers. Il aurait, ajoutent-elles, joué un rôle important pour exacerber le clivage communautaire dans la région avant et après les incidents du 7 mai 2008. Ces mêmes sources ne confirment pas l’appartenance de la victime aux renseignements turcs, mais ne l’écartent pas non plus, vu que les services secrets d’Ankara œuvrent depuis longtemps à recruter des agents parmi les turkmènes et dans les milieux kurdes qui détiennent la nationalité turque.
Les observateurs ont bien remarqué, le jour de l’incident, l’arrivée d’Amjad el-Assir, frère du cheikh Ahmad el-Assir, à Dawhat Aramoun et Haret Naamé pour encourager les cheikhs et les parents de la victime à attaquer les partisans du Hezbollah. Les sources du parti chiite ont nié tout lien avec cet assassinat, privilégiant la thèse du crime individuel.

 

 

 

Baisse du financement européen
Les organisations, associations et municipalités, dans diverses régions libanaises, qui bénéficient d’un financement européen sont acculées à réviser leurs budgets. Les aides européennes sont à la baisse, vu les graves difficultés que traversent les pays de l’UE. Dans les milieux de la société civile, on révèle que certaines ambassades auraient présenté des requêtes à leurs partenaires sociaux libanais pour leur demander d’interrompre l’exécution de certains projets et de rembourser le solde du montant déjà alloué, quel qu’il soit. Ces mesures restrictives touchent même le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), qui a supprimé certaines sections administratives à Beyrouth et réduit les activités liées au programme international exécuté en collaboration avec des municipalités et associations dans plus d’une région. Parmi les autres mesures prises par le PNUD, dues à la réduction des fonds européens, le licenciement de fonctionnaires et la fermeture de bureaux dans les régions. De plus, le gouvernement libanais a suspendu l’aide que versaient les précédents Cabinets à cette structure internationale.
Toutes ces données font craindre une montée du chômage sur le marché des ONG, dont le volume s’était amplifié au cours des dernières années. Des sources libanaises indépendantes ont indiqué que le gouvernement libanais finançait les activités du PNUD dans une proportion dépassant les 90%, sans que ces dépenses ne soient soumises à un quelconque contrôle officiel.

Fateh el-Islam reprend vie
L’organisation intégriste de «Fateh el-Islam» reprend du nerf, d’après des rapports diplomatiques récents qui parlent de la réapparition de certains de ses leaders. La tentative de fugue de l’un des prisonniers de l’Organisation, le yéménite Salim Saleh surnommé Abou Tourab, est un indicateur des grandes capacités logistiques qu’elle détient, surtout au chapitre financier.
Les rapports révèlent que le responsable des renseignements qataris de la famille Attié, qui avait été incarcéré à Beyrouth, il y a quelques mois, accusé de soutenir des organisations terroristes multinationales opérant au Liban et en Syrie, et qui par la suite a été relâché sans autre forme de procès, est l’un des argentiers de Fateh el-Islam ainsi que d’autres groupes liés à al-Qaïda. La prison de Roumié a, en effet, été le théâtre d’une tentative d’escapade d’un dangereux détenu de Fateh el-Islam appréhendé après les affrontements de Nahr el-Bared en mai 2007, tentative déjouée grâce au commandement de la brigade des prisons. Les rapports ajoutent que l’organisation islamiste intégriste s’est infiltrée dans le milieu palestinien, en particulier, puisque les artisans de l’escapade sont deux ex-prisonniers palestiniens du mouvement Fateh el-Islam qui résident près de Saïda. Ils avaient falsifié des cartes d’identité et des documents officiels pour «libérer» leur camarade yéménite.

La «lecture stratégique» du général Aoun
Après une période de silence inaccoutumée, le leader du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, est apparu mardi sur la OTV où il a longuement abordé tous les sujets épineux d’actualité, y compris l’affaire Michel Samaha. Un diplomate européen a qualifié de «lecture stratégique» l’analyse présentée par le général Aoun sur les enjeux des conflits dans la région et leurs répercussions sur les équilibres internationaux.

 

 

 


Rapprochement
Le président Saad Hariri s’est empressé de féliciter le patriarche maronite Mar Béchara Boutros Raï pour le succès de sa visite au Akkar. Il l’a également remercié pour ses prises de position et n’a pas tardé à dépêcher son conseiller Daoud Sayegh à Dimane, pour un tour d’horizon de la situation. Les derniers incidents sécuritaires ont été condamnés par les deux interlocuteurs.

 

 

Vieille querelle
L’ex-député Moustapha Allouch, membre du bureau politique du Moustaqbal, affirme que les accrochages qui ont lieu à Tripoli durent depuis trente-sept ans, qu’ils ne se sont jamais arrêtés et qu’ils se poursuivront parce que leurs vraies causes n’ont jamais été traitées. Selon lui, le problème disparaîtra avec la disparition du régime syrien, «ce qui ne saurait tarder».

 

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