L’importance de la terminologie
Prenant la parole dans le cadre du Sommet arabe de Bagdad, le président Michel Sleiman a évité de parler des «minorités», préférant utiliser les termes de «composantes humaines plurielles» dans le monde arabe, dont la composante chrétienne enracinée dans cet Orient depuis plus de 2000 ans. Le chef de l’Etat a souligné le rôle de ces communautés au niveau de l’éveil arabe et du développement des pays dans lesquels elles sont présentes. Les responsables occidentaux ont adopté la terminologie utilisée par le président libanais, tout comme le Saint-Père qui a parlé de «composantes» insistant sur le fait que le monde arabe, avec ses chrétiens et ses musulmans, est un modèle caractéristique. Le Liban en est le principal exemple.
En quête de voix modérées
Après les derniers développements enregistrés au Nord, à Saïda et dans la Békaa et à l’émergence de courants salafistes et fondamentalistes qui ont essayé de se frayer une place sur l’échiquier politique, surtout sur la scène sunnite, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a appelé à maintes reprises les voix modérées à s’exprimer. Cette question a d’ailleurs été évoquée avec les Turcs pendant les négociations menées par le général Charbel pour la libération des otages libanais retenus par les rebelles syriens.
Les responsables turcs sont décidés à livrer les prisonniers à l’Etat libanais sans passer par un quelconque dignitaire religieux, après qu’on eut découvert que certains parmi les hommes de religion tentent d’exploiter l’affaire pour consolider leur position sur la scène libanaise, via des cheikhs turcs et syriens. Pour l’Etat, l’instrumentalisation de ce dossier est interdite.
Vol de câbles électriques
Les vols des câbles électriques branchés au réseau public se multiplient dans certaines régions du Sud. Résultat: une intensification du rationnement. Des plaintes ont été déposées devant la justice par des citoyens lésés par ces actes de vandalisme. Des enquêtes sont en cours pour retrouver les coupables. Les Forces de sécurité qui avaient arrêté, il y a quelque temps, des individus suspectés d’être les auteurs de ces actes ont multiplié les patrouilles de jour comme de nuit pour mettre la main sur ce réseau formé, semble-t-il, de voleurs professionnels. Un responsable associe ces incidents à l’affaire des journaliers et au différend qui avaient opposé à ce sujet le ministre Bassil et le président Nabih Berry.
Les Kataëb, parti du centre
Le Rassemblement international des partis du Centre a élu le parti Kataëb comme membre représentant le Moyen-Orient au sein du comité exécutif. Le chef du parti, l’ex-président Amine Gemayel, s’envole pour Rome en fin de semaine pour participer à la réunion du comité exécutif. Celui-ci planche sur un mémo qu’une délégation, dont le président Gemayel fait partie, soumettra au Pape Benoît XVI. Le mémo inclut un plan et une feuille de route avalisés par les membres du comité, concernant les grands problèmes de ce monde dont les crises du Moyen-Orient.
Rencontre discrète
En marge de sa participation au Sommet islamique qui s’est déroulé à la Mecque, le président Najib Mikati s’est réuni avec un responsable saoudien, loin du tapage médiatique. Le politique libanais, qui véhicule l’information citant des sources arabes, ajoute que les deux hommes ont passé en revue la situation au Liban et dans la région et évoqué les incidences de la crise syrienne sur la scène libanaise à la lumière des tentatives déployées par le régime de Damas pour déstabiliser notre pays.
L’interlocuteur saoudien a salué le choix de la politique de dissociation par rapport aux événements en Syrie adoptée par le gouvernement.
L’Iran et la stabilité du Liban
Un membre de la délégation libanaise présente en Iran à l’occasion du Sommet des pays non-alignés, révèle que le guide suprême de la République islamique d’Iran, Ali Khamenei ainsi que le président Mahmoud Ahmadinejad que le président Michel Sleiman a rencontrés séparément, lui ont tous deux exprimé à plus d’une reprise, l’attachement de l’Iran à la stabilité du Liban. C’est ce qui a encouragé le numéro un libanais à initier la prise des récentes mesures sécuritaires.
Datas: la polémique reprend
Prolongation du délai de transmission des datas aux organes jusqu’au 19 septembre. La décision a été prise par le magistrat Hatem Madi, président de la commission juridique chargée de délivrer des permis pour l’obtention des données téléphoniques. Le juge Madi en a informé le ministre des Télécommunications après avoir mis les présidents de la République et du Conseil au courant de sa démarche. Le ministre Nicolas Sehnaoui a, quant à lui, réclamé la signature des trois juges membres de la commission, ce à quoi Madi a répondu que sa seule signature en tant que président a toujours été prise en compte, les autres membres ayant donné leur approbation. L’un d’eux qui se trouve à l’étranger -le juge Chucri Sader qui participe à Dubaï au Congrès des présidents des Conseils d’Etat- a approuvé la décision par téléphone. La question des datas risque de relancer la polémique, puisque le général Aoun est opposé à la transmission de toutes les données au nom de la protection de la vie privée des citoyens.
Les élections entre le Hezbollah et Raï
La loi électorale a figuré au menu de la rencontre de la délégation du Hezbollah avec le patriarche Mar Béchara Boutros Raï à Dimane. Le Hezb a communiqué au chef de l’Eglise maronite, une position en deux points: Premièrement: un non définitif à la loi de 1960. Deuxièmement: l’idée est que le Liban a expérimenté les modes du scrutin majoritaire qui ne correspondent pas à la complexité du tissu social libanais. Par conséquent, il faut reconnaître que la proportionnelle est la mieux adaptée à notre réalité, à notre régime et à notre pacte. Surtout à l’heure des éveils populaires où chaque électeur se demande: à quoi sert ma voix?
L’essentiel est d’admettre le principe, a ajouté la délégation qui s’adressait au patriarche, le nombre de circonscriptions et tous les autres détails ne nous posent pas problème! Le danger vient des manœuvres de l’opposition actuelle qui cherche à faire avorter toute réforme électorale en vue de maintenir la loi de 1960, a-t-elle conclu.
Mikati au Palais de Verre
Le Premier ministre Najib Mikati s’envole dimanche pour New York où il prononcera le mot du Liban devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 27 septembre. Au programme du président du Conseil: des rencontres, en marge des réunions, avec des chefs de délégations arabes et occidentales. Parmi les temps forts de cette visite: la réunion prévue avec le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, qui portera sur les relations du Liban avec l’Organisation internationale, l’application de la 1701 et plus précisément les possibilités de confier à l’armée des missions supplémentaires où elle pourra prendre la relève de la Finul. Deuxième temps fort: l’allocution que prononcera le Premier ministre devant l’Assemblée générale dans laquelle il insistera sur l’aspiration du Liban à une paix juste au Moyen-Orient, sur la nécessité d’aplanir tous les obstacles dressés par Israël. Il exprimera aussi son soutien au Printemps arabe, au règlement politique de la crise syrienne, et sa condamnation de tout débordement de la violence au Liban. Le Premier ministre Mikati renouvellera l’engagement du gouvernement à poursuivre l’application de la 1701 et réclamera le retrait d’Israël des fermes de Chebaa, des hauteurs de Kfarchouba, du nord du village de Ghajar et la cessation des agressions à la souveraineté du Liban par voies aérienne et maritime notamment sur la zone économique exclusive. Le Premier ministre a été désigné pour représenter le Liban à l’Assemblée générale, suite à des concertations avec le président Sleiman qui avait tenu, depuis le début de son mandat en 2008 jusqu’à l’année passée, à présider lui-même la délégation qui se rend à New York à cette occasion.
Affaire Sadr: une version douteuse
Des sources chiites mettent en doute la version égyptienne de la disparition de l’Imam Moussa Sadr publiée au Caire, quelques jours après le retour de la délégation libanaise de Mauritanie où elle avait pu rencontrer l’ex-chef des renseignements libyen, Abdallah Sannoussi. D’après cette version, celui-ci aurait avoué que l’ex-président Mouammar Kadhafi -suite à une querelle avec l’Imam- avait donné l’ordre de le liquider avec ses compagnons immédiatement et devant lui. Les dépouilles avaient été transportées pour être enterrées dans une région désertique proche de la capitale. Les autorités libyennes commencent à traiter sérieusement l’affaire Sadr, poursuivent les sources, et le président de l’Assemblée nationale est optimiste quant aux résultats des enquêtes en cours. Le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, s’était rendu en Mauritanie à cet effet au début du mois de septembre où il a rencontré le président mauritanien et son Premier ministre. Bien que le ministre Mansour n’ait révélé aucun détail, ces mêmes sources dévoilent que deux des membres de la délégation libanaise ont obtenu l’autorisation de rencontrer Sannousi dans son lieu de détention où ils l’ont interrogé pendant des heures. A l’issue de cette visite qui a bénéficié d’une large couverture dans la presse mauritanienne, Nouakchott a livré Sannoussi à Tripoli, soit deux jours après le départ de la délégation libanaise.
Feu vert absolu pour l’armée
Les perquisitions et arrestations, exécutées par les unités de l’Armée libanaise dans la banlieue sud, notamment dans le quartier des Mokdad, où elles ont réussi à libérer les otages syriens et turcs, ont soulagé les citoyens, indiquent les milieux d’une haute instance politique chiite. Cette instance dit détenir un dossier informatique détaillé révélant l’existence d’infiltrations sécuritaires des groupes impliqués dans la prise d’otages. Certaines de ces «infiltrations» ne seraient pas étrangères à des pays arabes et occidentaux qui s’activent pour modifier l’équilibre des forces à l’intérieur de la communauté chiite. Le vocabulaire tribal utilisé dissimule peut-être une volonté politique qui n’est pas dans l’intérêt du Liban. Son objectif n’est pas la libération des otages, mais la justification d’un soulèvement populaire face à l’Etat. La prise d’otages, dit la personnalité, constitue une agression au prestige de l’institution militaire, elle est comparable aux appels à caractère communautaire lancés par des députés du nord contre l’armée nationale. Pour pourchasser les ravisseurs et détruire les champs de haschich, l’armée et les FSI ont carte blanche, poursuit la personnalité, «il n’y a aucune ligne rouge».
Quel plan pour Ibrahimi?
La mission de Lakhdar Ibrahimi à Damas va favoriser la stabilité au Liban, avance un journaliste proche de la capitale syrienne. Il dit détenir cette information de multiples sources françaises. Pour elles, l’émissaire international, fort expérimenté, a une vision de la crise syrienne qui diffère de celle de son prédécesseur Kofi Annan. La mission qui lui a été confiée reflète un changement dans l’équilibre des forces surtout qu’elle est accompagnée de la mise sur pied du groupe de contact quadripartite sur la Syrie. Toutes ces données mettent en exergue l’affaiblissement du rôle qatari, le recul de celui de la Turquie et de l’Arabie saoudite à la faveur de l’Egypte, et traduisent une reconnaissance de l’influence de l’Iran dans ce dossier. Ibrahimi sait très bien que la stabilité dans son pays, l’Algérie, menacée par les troubles des Printemps arabes est tributaire de son succès en Syrie. L’émissaire onusien se prépare aussi à entreprendre une tournée dans plusieurs pays limitrophes de la Syrie dont le Liban, croit savoir ce journaliste. Après sa rencontre avec le président Assad, le diplomate a assuré qu’il œuvrera «en toute indépendance et que sa référence principale prendra en compte le plan de Kofi Anan et le communiqué de Genève. Tout ajout ou retrait à ces deux documents se fera en accord avec toutes les parties». Quant à la «querelle diplomatique», qui a opposé Ibrahimi au ministre Ben Jassem, elle serait d’ordre politique et personnel. Les Algériens n’ont pas oublié les «menaces» formulées par le responsable du Qatar à l’encontre de leur ministre des Affaires étrangères, l’an dernier, dans le cadre du Conseil des ministres arabes.
Contacts en vue des élections
Des contacts sont entrepris entre les FL et les autres blocs parlementaires dont le Hezbollah et Amal dans le but de les amener à soutenir la formule des circonscriptions électorales restreintes. C’est ce que dévoile Samir Geagea qui indique qu’un délai a été accordé à la commission de Bkerké avant sa prochaine réunion pour lui permettre d’examiner cette suggestion. Le Hezbollah a démenti l’existence de tels contacts.
Du calme
Tout ce qui a été dit sur les raisons politico-électorales qui ont motivé le «revirement» du président de la République Michel Sleiman est sans fondement. Ses milieux proches tiennent à «rassurer les anxieux». «Le chef de l’Etat, ajoutent-ils, ne pense pas aux élections législatives. Il a déjà affirmé que son fils ne serait pas candidat lors de cette consultation populaire.»
Même longueur d’onde
«Entre le député Walid Joumblatt et moi il existe une relation d’amitié, de fraternité et une même vision politique stratégique par rapport à la révolution syrienne», a déclaré l’ancien Premier ministre Saad Hariri après la fameuse rencontre de Paris. «Nous resterons en contact permanent, tout comme le feront les jeunes du Parti socialiste et du Moustaqbal», a-t-il assuré.