Le film du réalisateur tunisien Chaouki Mejri, Le Royaume des Fourmis, vient de sortir sur nos grands écrans, la première mondiale ayant lieu à Beyrouth, avant les autres pays arabes. Un film qui porte haut et fort le combat palestinien.
Le Royaume des Fourmis résonne comme autant d’appels vers la terre, l’attachement, l’appartenance à cette terre. La terre de la Palestine. La terre, la seule certitude qui reste, la seule vérité, l’ultime entité, identité. Cette terre de Palestine piétinée, détruite, meurtrie, saccagée, bombardée, privée de son sang, de son essence. Cette terre qui résiste, à sa manière, de mille et une manières. Avec patience, souffrance, abnégation, sacrifice, fierté, dignité, larmes et volonté. Plus forte que l’envahisseur. Plus forte que l’être humain. Plus forte que la mort.
En mettant en scène trois générations de Palestiniens, Mejri distille l’espoir de la résistance, sous toutes ses formes. Une résistance apolitique dans le film, loin des nouvelles internationales et déchirements internes. Résistance par le feu, l’eau, l’air et la terre. Les quatre éléments sont judicieusement exploités par le réalisateur pour exacerber la poésie et la beauté de son histoire, pour s’éloigner de la réalité tout en y adhérant, tout en nous y ramenant, sans pathos, sans misérabilisme, sans pitié. En toute grâce. En toute humanité. En toute noblesse.
La Palestine. 2002. Une terre de désolation et d’espoir. Les bombardements réguliers, les hélicoptères Apache et les blindés qui sèment la mort et la désolation, les bulldozers qui rasent des maisons, des quartiers entiers… Tel est le lot quotidien des habitants. Pourtant, ils résistent et ne cessent de résister. Dès la première scène, dès le prologue, l’arme qu’ils brandissent apparaît dans son côté dérisoire: une pierre lancée par un enfant aux cheveux pourtant blancs face à cet imposant mur qui se dresse. Armes dérisoires, armes différentes, que les trois générations de Palestiniens utilisent dans la lutte pour leur survie et la survie de leurs rêves, chacune à sa manière.
La dignité d’une terre
Il y a d’abord la génération des anciens qui sauvegarde la mémoire collective et essaie de protéger les plus jeunes. Ensuite, c’est la génération des adultes, celle de la résistance sous toutes ses formes. Elle lutte pour vivre, aimer et procréer, pour préserver l’identité et la terre. Il y a enfin la génération de l’Intifada, ces enfants dont on a volé l’enfance et dont les armes sont les pierres et la volonté de terminer leurs études. Trois générations, sept personnages-clés tissent les dédales de l’histoire du Royaume des fourmis: Abou Naml et Khadra, Tarek, Jalila et Dalal, Salem et Mohammad.
Chacun des personnages porte une partie de la Palestine dans son être, dans son combat. Une impression qui vous submerge dès les premières scènes du film, quand l’armée de l’occupation déboule toutes armes dehors au cœur de la maison de Khadra et Jalila, que Tarek, le résistant, le maquisard, vient tout juste de fuir. Les deux femmes font face à l’armée de l’occupant, dignes, fières, la tête haute, portées par la conviction d’appartenir à cette terre, chacune défiant le représentant de l’armée israélienne à sa manière. Khadra par ses mots, son silence, et par cette série de you-you qu’elle lance, reprise aussitôt par des dizaines de voix féminines autour du quartier, dans le noir, pour célébrer l’amour triomphant de Tarek et Jalila. Jalila qui, elle, de ses yeux foudroyants, lumineux, remplis de haine et de détermination ne cessera de défier l’occupant même enceinte, même en prison, même en ayant peur pour son fils Salem, même accablée de douleur, même en deuil.
Connu pour ses feuilletons télévisés, dont Une couronne d’épines, Ismahan, Houdou Nesbi, Al Ijtiyah qui a reçu l’Emmy du meilleur feuilleton en 2008, Chaouki Mejri met en scène dans Le Royaume des Fourmis la dignité qui anime le combat palestinien. Et qui vous submerge dans autant de détails poignants: dans le jeu d’un regard, l’échange de regards, dans la contradiction éclatante entre joie de vivre et souffrance, dans leur résolution cinématographique, humaine, dans chaque trait des acteurs, dans les séquences intimes et naturelles qui s’enchaînent, dans la rencontre entre une colombe et une fourmi…
Le Royaume des Fourmis, à l’instar de l’activité fébrile de ces petits êtres vivants, grouille de symboles qui se rencontrent et se côtoient. Une symbolique légèrement exagérée et fatigante par moments. Mais la condition palestinienne est tellement dure à supporter qu’elle nécessite cette emphase pour pouvoir infiltrer les interstices de l’imaginaire. La plus forte symbolique qui traverse le film reste celle qui est attachée à la terre, dans tous ses éléments. Preuve en est d’ailleurs le titre même du long métrage; Le Royaume des Fourmis comme pour signifier du premier coup d’œil que tout se passe au cœur de la terre même, dans ses entrailles. Que tout est une question d’appartenance à la terre. Abou Naml est à la tête d’un royaume constitué d’une toile d’araignée de galeries souterraines et de grottes qui courent sous toute la Palestine. Il y entrepose avec application les ossements des morts, anciens et nouveaux, les arrachant ainsi à l’oubli et à la profanation. Le reste des personnages semble se mouvoir sous sa protection, sous la protection de cette mémoire qu’il porte en lui, qu’il incarne, qu’il leur apprend à préserver, au-delà de la mort. Officiant à l’instar de la fourmi-reine, il les guide au cœur du royaume qu’ils ne cessent encore et toujours de bâtir sous terre, en espérant le porter à la lumière du jour. Et voilà que se profile à l’écran l’image d’une nature morte, d’un champ décimé, probablement par la main de l’homme, de l’occupant, de l’usurpateur. Mais, volonté de résistance et de persévérance, Dalal y plante un arbuste, à l’image de l’olivier, arbre symbole de la Palestine, symbole de l’espoir. Et la terre de la Palestine restera le terreau même de l’âme palestinienne, la mémoire de ses habitants, son berceau, son lit de mort, sa renaissance.
Nayla Rached
Circuit Empire.
Fiche technique
Réalisation: Chaouki Mejri.
Scénario: Khaled Tarifi et Chaouki Mejri.
Premier assistant réalisateur: Bassem Ktaefan.
Directeur de la photographie: Zbignew Rybczynski.
Ingénieur du son: Faouzi Thabet.
Musique: Walid el-Hacheem.
Directeurs de production: Salah Toma et Touhami Kochbati.
Producteur délégué: Néjib Ayad.
Coproduction: Société Rives Productions / United Artistic Group / Ebla International for Cinema and TV Production
Interprétation: Saba Moubarak, Monthir Rayahna, Jamil Awad, Juliet Awad, Sabah Bouzouita, Abdellatif Othman – participation spéciale de Abed Fahd.
Premium Rush
Action de David Koepp
David Koepp, devenu célèbre en signant les scripts de Jurassic Park, Mission Impossible, Spider Man, Men in Black 3… signe là son 5e film en tant qu’auteur-réalisateur, après The Trigger Effect, Stir of Echoes, Secret Window, Ghost Town. Premium Rush suit Wilee, alias Joseph Gordon-Levitt, qui est sans doute le plus doué et le plus rapide des coursiers à vélo de New York. Il passe ses journées à traverser la ville en tous sens, sur sa bicyclette minimaliste dont il a été jusqu’à enlever les freins, en évitant les taxis qui foncent, les voitures et huit millions de piétons. Pourtant, le jour où il sera chargé de livrer une mystérieuse enveloppe à Chinatown, le danger va être d’un autre genre. Un policier véreux, Bobby Monday, interprété par Michael Shannon (Revolutionary Road, Take Shelter…) cherchera par tous les moyens à intercepter le précieux document. Ce qui avait commencé comme une course express ordinaire va vite se transformer en une course contre la montre à travers les rues de Manhattan…
Circuit Empire – Grand Cinemas.
The Perks of Being a Wallflower
Comédie dramatique de Stephen Chbosky
Emma Watson tient là son premier rôle d’importance après avoir incarné durant des années le personnage d’Hermione dans la saga Harry Potter. The Perks of being a Wallflower est à la base un roman publié en 1999 par Stephen Chbosky qui a décidé de diriger lui-même l’adaptation cinématographique de son livre. Le film suit Charlie, interprété par Logan Lerman (Percy Jackson, The Three Musketers 3D…) que tout le monde trouve bizarre au lycée où il vient d’arriver. Sa sensibilité et ses goûts sont en décalage avec ceux de ses camarades de classe. Pour son professeur de Lettres, c’est sans doute un prodige, pour les autres, juste un «loser». En attendant, il reste en marge jusqu’au jour où deux élèves de terminales, Patrick (Erza Miller) et Sam (Emma Watson), le prennent sous leur aile. Grâce à eux, il va découvrir la musique, les fêtes, le sexe… tout un nouveau monde.
Circuit Empire – Grand Cinemas
Lawless
Drame de John Hillcoat
Entre Western et film de gangsters, Lawless nous ramène en 1931, au cœur de l’Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, Etat célèbre pour sa production d’alcool de contrebande. Les trois frères Bondurant, Forrest, Howard sont des trafiquants notoires, rendus presque invincibles par la légende qui les entoure. Mais lorsqu’un policier étranger débarque dans le comté, déterminé à imposer de nouvelles lois, ils devront se battre pour assurer leur survie et la survie de leur commerce illégal. A l’affiche un casting alléchant: Shia LaBeouf, Tom Hardy, Jason Clarke, Jessica Chastain, Mia Wasikowska, Guy Pearce, Gay Oldman, Dane DeHaan… Film prenant !
Circuits Empire et Planète
The Words
Drame de Brian Klugman et Lee Sternthal
Roy Jansen, jeune auteur new-yorkais n’arrive à percer dans le milieu littéraire que lorsqu’il prétend être l’auteur d’un manuscrit anonyme qu’il retrouve dans une vieille mallette dénichée dans une brocante. Le succès est alors immédiat et il baigne dans la gloire jusqu’au jour où il devra confronter l’auteur original du livre, maintenant devenu un vieillard. Avec Bradley Cooper, Zoe Saldana, Jeremy Irons, Ben Barnes, Denis Quaid, Olivia Wilde…
Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.
Primeros Pasos
La semaine du film espagnol: Prix Goya se poursuit ce week-end encore au cinéma Métropolis, à l’Empire Sofil, à 20h.
Vendredi 21: Azul oscuro casi negro de Daniel Sanchez Arevalo
Samedi 22: El Orfanato de Juan Antonio Bayona
Dimanche 23: El truco del manco de Santiago A. Zannou
Nayla Rached