Tour d’horizon avec l’ancien député Moustafa Allouche, des questions de brûlante actualité concernant en particulier les manifestations de rues, l’action envisagée du Courant du futur et de ses alliés du 14 mars.
Y a-t-il eu des indics à l’aéroport ou ses environs coupables de l’assassinat du général Wissam el-Hassan?
Nous n’avons pas de données suffisantes pour répondre à cette question. Nous ne pouvons parler logiquement que du lien qui existe entre cet attentat et la découverte du réseau de Michel Samaha et des méthodes utilisées dans l’assassinat des personnalités et des forces politiques opposantes depuis 40 ans qui nous renvoient au régime syrien et ses alliés au Liban.
Le président Fouad Siniora est-il responsable de l’assaut en direction du Sérail comme l’accuse le député Ibrahim Kanaan?
Il est normal qu’ils cherchent à en faire assumer la responsabilité au président Siniora dont les propos étaient pourtant clairs. Kanaan, Moussaoui, Nabih Berry et d’autres ont créé dans le pays durant les cinq dernières années un climat d’extrême tension qui a provoqué chez les citoyens des réactions imprévisibles. Il n’était pas question de prendre d’assaut le Sérail mais de protester devant le siège du gouvernement.
Que pensez-vous des critiques faites à travers les réseaux sociaux par le 8 mars du spectacle peu civilisé autour du Sérail?
Toutes les révolutions du monde commencent ainsi et donnent cette image. Les personnes que vous avez vues dans les rues sont dans leur majorité des étudiants qui ont réagi à la politique d’oppression et à l’insécurité qu’ils vivent depuis ces dernières années.
Certains du Courant du futur nient avoir été au courant de l’appel du journaliste Nadim Koteich aux manifestants de se rendre au Sérail, est-ce possible?
En disant «allons au Sérail», il voulait dire que la contestation devait se faire devant le Sérail. Mais les conséquences laissent penser à une réaction irréfléchie.
Vous critiquiez le sit-in du 8 mars devant le Sérail et affirmiez qu’il était inefficace à faire chuter le gouvernement. Ne prenez-vous pas le même chemin?
Nous savons que ce n’est pas ainsi que nous ferons chuter le gouvernement Mikati mais par une démarche démocratique. Vous constaterez dans les prochains jours que notre démarche ne portera pas préjudice aux intérêts des citoyens et ne paralysera pas le centre-ville.
Il a été dit que le 14 mars déclarerait la désobéissance civile, comment cela se traduira-t-il?
Ceci est sous étude. Par exemple le boycott des Commissions parlementaires.
Mais ce boycott pourrait déboucher sur le maintien de la loi électorale de 1960…
Là n’est pas le but. Personne parmi nous ne pense à cela pour le moment. Nous ne pouvons pas étudier ce sujet alors que les rues sont couvertes du sang des gens.
Le commandement de l’armée a diffusé un communiqué assurant que les gens armés seraient poursuivis. Y en a-t-il qui font partie du Courant du futur?
Les Forces de sécurité savent très bien où se trouvent les armes. Certains partisans du Courant du futur possèdent des armes individuelles mais ne sont pas commandés par le Courant. Si l’armée veut poursuivre les gens armés, qu’elle commence par la banlieue et le Hezbollah.
Le Hezbollah a dénoncé l’assassinat du général el-Hassan, cela veut-il dire qu’il n’y est pas impliqué?
Le Hezbollah avait dénoncé l’assassinat du président Rafic Hariri et exhibé des photos le montrant avec Nasrallah, cela n’empêche pas le Hezb de refuser de remettre les suspects à la justice.
Que dites-vous de la demande faite par le président de la République à la justice d’accélérer la diffusion de l’acte d’accusation dans l’affaire de Michel Samaha?
C’est une accusation officielle indirecte de ceux qui, selon le plus de probabilité, sont coupables de l’assassinat de Wissam el-Hassan.
Walid Joumblatt appuie le maintien de ce gouvernement pour éviter une vacance du pouvoir. Qu’en pensez-vous?
Walid Joumblatt pense que pour maîtriser l’aile militaire du Hezbollah il faut maintenir le parti dans le gouvernement.
Si vous faites assumer à ce gouvernement la responsabilité de l’assassinat du général el-Hassan, pourquoi le gouvernement Siniora n’a-t-il pas démissionné sous le mandat duquel il y a eu 12 attentats?
Pour la simple raison qu’à l’époque les attentats étaient menés contre les forces de la majorité dans l’objectif d’entraîner la démission du président Siniora qui a résisté face aux tentatives de tuer le pays et ses institutions.
Croyez-vous à la démission de Najib Mikati et à la formation d’un nouveau gouvernement?
A mon avis, la pression doit être maintenue mais je ne crois pas que Najib Mikati sera autorisé à démissionner.
Propos recueillis par Saad Elias