Les wakfs druzes sont parmi les plus riches du Liban. Leurs avoirs sont estimés à plusieurs milliards de dollars en liquidités, immobiliers et fonds religieux. Les moyens de gérer ces richesses suscitent souvent des divisions au sein de la communauté.
Les biens des wakfs sont évalués à près de 1432 propriétés, dont des terrains côtiers à Aïn Mreissé, des parcelles à Beyrouth, à Dekwané et à l’est de Saïda. Qui s’en occupe? Selon l’article 1 de la loi du 13/07/1962 relative à l’élection du cheikh akl de la communauté druze «la communauté jouit d’une autonomie en matière de religion, de wakfs et d’institutions caritatives. Elle est chargée de leur organisation et de leur gestion conformément aux dispositions spirituelles, aux privilèges confessionnels, ainsi qu’aux lois et règlements qui en sont inspirés et ce, à travers des représentants hautement qualifiés appartenant à ladite communauté».
En 1999, la loi 127 prévoit la création d’un Conseil des chefs des wakfs druzes chargé de la gestion de ces wakfs dans un cadre réglementaire qui détermine l’étendue et les limites des prérogatives de ce Conseil. Elle a également placé celui-ci, ses membres et ses actes sous le contrôle du Conseil confessionnel et soumis ses décisions à son approbation préalable.
Recours en invalidation
Le cheikh akl de la communauté Bahjat Ghaith a présenté un recours en annulation de cette loi devant le Conseil constitutionnel, alléguant du fait que la communauté druze avait, depuis sa naissance, une seule et même référence religieuse: le cheikh akl. Celui-ci détenait tous les pouvoirs religieux, notamment, la gestion et la supervision des affaires des grands wakfs caritatifs druzes et pouvait disposer des revenus desdits wakfs pour pourvoir aux besoins de certains membres de la communauté. Il a souligné que le 13 juillet 1962, deux lois ont été promulguées en même temps. La première relative à l’élection du cheikh akl et la deuxième portant sur la formation et l’élection du Conseil confessionnel de la communauté druze. La loi relative à l’élection du cheikh akl avait institué ce dernier haut chef religieux de la communauté druze à vie et celle concernant la formation du Conseil confessionnel qui s’occupe de la gestion des wakfs caritatifs druzes l’avait également désigné chef desdits wakfs à vie.
Cheikh Ghaith devait souligner aussi que la loi de 1999 avait permis aux autorités politiques de la communauté druze de soustraire les wakfs à l’autorité du cheikh akl, contrairement aux dispositions des documents du wakf émis par leurs légataires, et aux dispositions expresses de la loi, ainsi qu’aux intérêts des membres de la communauté druze, seuls bénéficiaires desdits wakfs. Il a allégué d’une lacune dans la qualité des députés druzes et de leur incompétence à légiférer en matière de «wakfs druzes» de ceux qui en ont élaboré les textes, étant donné qu’il s’agit d’un sujet purement religieux. Mais le Conseil constitutionnel, tout en retenant certains points secondaires, a décidé de considérer la loi No. 127/99 non contraire à la Constitution.
La totalité de l’argent liquide collecté pour les wakfs provient des lieux religieux de la communauté. 75% du montant va au Conseil confessionnel, et 25% à la Maison de la communauté pour payer les salaires des employés et autres frais. C’est le sort des 75% qui suscite le plus souvent les interrogations.
Les différends politiques au sein de la communauté ont eu leurs répercussions sur la direction des wakfs. Seront-ils réglés?
Arlette Kassas
Les principaux biens
-Wakfs publics caritatifs de la communauté druze, composés des propriétés et biens de la communauté, comme c’est le cas à Aley. Ils sont sous la direction directe du Conseil confessionnel.
-Wakfs reliés aux lieux religieux, comme le lieu du prophète Ayoub. Ils sont dirigés par des commissions ou des cheikhs.
-Wakfs publics à profit, comme les wakfs des druzes de Mtein. Tous les druzes enregistrés au village en profitent.