Magazine Le Mensuel

Nº 2872 du vendredi 23 novembre 2012

POLITIQUE

Nazem el-Khoury. Sans dialogue, pas de nouveau gouvernement

«Si nous réduisons le dialogue à l’arsenal du Hezbollah, je crois que nous ne parviendrons à aucun résultat. Soyons réalistes et objectifs». Tour d’horizon des développements avec Nazem el-Khoury, ministre de l’Environnement.

Le député Walid Joumblatt a souligné la nécessité de songer à une nouvelle formule ministérielle. Pensez-vous que cela soit possible?
Je crois que nous sommes au début du processus. Les ministres du PSP ont été chargés par Walid Bey de sonder tous les camps afin de déterminer les possibilités d’entente, de façon au moins à gérer la crise loin de la paralysie des institutions et des discours enflammés.

Est-ce que le président de la République a proposé une formule aux pôles qu’il a rencontrés, surtout qu’il a été question d’un cabinet de 13 ministres?
Le président n’a proposé aucune formule. Son discours est clair, il prône le dialogue comme prélude à un changement ministériel. Ce qui lui importe, en premier lieu, c’est le dialogue, sinon un remaniement ministériel sera impossible. En toute simplicité dans l’état actuel des choses, le cabinet doit démissionner ou être renversé, or les deux procédés ne sont pas à portée de main aujourd’hui. Tout le monde reconnaît la nécessité d’éviter le vide. Même les pays étrangers formulent leur attachement à la stabilité du Liban pour éviter de payer le prix de la crise en Syrie.

Certains visiteurs du palais de Baabda rapportent que le dialogue ne se tiendra pas le 29 novembre comme prévu…
Le président persévère, insiste et déploie des efforts pour maintenir l’invitation au dialogue. Les consultations ne sont pas closes, le président Sleiman n’a pas encore discuté avec tous les participants à la conférence. Certains y sont opposés. C’est un cercle vicieux, pour les opposants, le but du dialogue est de discuter des armes du Hezbollah. Si nous réduisons le dialogue à l’arsenal du Hezbollah, je crois que nous ne parviendrons à aucun résultat. Soyons réalistes et objectifs. Si l’un ou l’autre des deux camps cherche à exploiter le dialogue pour faire gagner du temps ou pour renverser l’équation en sa faveur, je crois que cet exercice ne sert ni l’intérêt national, ni la stabilisation au plan politique et sécuritaire.
Je n’ai pas d’informations sur l’option finale du chef de l’Etat. A ce jour, un camp boycotte. Si cela persiste, le président réexaminera certainement les données. Si jamais la situation se détériore, aucun pays ne pourra bloquer la dégradation…

A votre avis, un autre Doha n’est plus au programme?
Il n’y a pas de Doha II. L’approche du cas de Gaza est significative. C’est à nous de choisir d’être des personnes de dialogue ou des suicidaires. Il n’y a pas de troisième option. Le partenariat national nous impose le recours au dialogue et la mise sur pied d’une conférence permanente du dialogue.

Les forces du 14 mars disent qu’elles ne s’attableront pas avec les assassins du général Wissam el-Hassan, mais elles sont prêtes à communiquer avec le président…
Faut-il qu’on réfléchisse de façon globale ou épidermique à chaque fois qu’un événement se produit? Le général Hassan est un grand martyr, il constitue une perte énorme au niveau sécuritaire, nul ne peut le nier. Même ses adversaires politiques reconnaissaient ses capacités à garantir la sécurité de tous les Libanais. Mais le général Hassan est un martyr parmi les nombreux martyrs tombés depuis 1975 à nos jours.

Le président est-il disposé à échanger des idées avec chacune des fractions séparément?
Le dialogue n’est pas un confessionnal. Le président ne va pas jouer le rôle de confesseur des leaders politiques. Si le président jouit de leur confiance, comme ils le disent, et qu’ils le considèrent comme une référence nationale, ils doivent faire preuve de transparence lorsqu’ils posent les problèmes.

A l’ombre de la crise qui prévaut, quel sera le sort de la loi électorale?
Tout le monde semble avoir oublié la loi électorale. J’avais dit, il y a deux ans, qu’il sera impossible de l’amender. Malheureusement, un consensus à ce sujet est difficile, malgré les souhaits du président qui appuie l’adoption d’un nouveau mode de scrutin. C’est lui qui, dès le début de son mandat, avait chargé le ministre de l’Intérieur, Ziad Baroud, de préparer un nouveau projet de loi. Aujourd’hui, avec le ministre Marwan Charbel, nous avons présenté un projet basé sur la proportionnelle. Le président a toujours encouragé ce processus.

Propos recueillis par Saad Elias

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