Magazine Le Mensuel

Nº 2873 du vendredi 30 novembre 2012

POLITIQUE

Ghazi Youssef. «Joumblatt a des paroles, pas des actes»

Tour d’horizon de l’actualité avec le député Ghazi Youssef, membre du Bloc du Courant du futur. Que pense-t-il de l’initiative de Walid Joumblatt? D’un retour possible de Najib Mikati à la tête d’un nouveau gouvernement? Du problème des cartes prépayées et des bateaux générateurs qui n’arrivent pas.

Que pensez-vous de l’initiative du député Walid Joumblatt concernant le dialogue?
Cette initiative est censée apporter un élément nouveau de rassemblement. Je n’y vois aucun nouvel élément sauf une critique plus dure de ses alliés du 8 mars et, en particulier, du Hezbollah et de l’ingérence iranienne qui veut faire du Liban un autre Gaza.

Le changement gouvernemental ne peut se faire sans le dialogue, dit-il…
Tout à fait. Il a considéré qu’au Liban les centristes étaient lui-même, Najib Mikati, le président de la République et Nabih Berry. Ce dernier est devenu, aux yeux de Walid Joumblatt, un centriste que le 14 mars a mal compris. Ceci n’est qu’un maquillage pour revenir à la table du dialogue.

N’êtes-vous pas satisfait de voir Joumblatt se rapprocher du 14 mars?
Il le fait en paroles mais non en actes. Sur la Syrie, sa position est connue comme elle l’est à l’égard du Hezbollah. Cela suffit-il pour lui faire prendre des positions claires relatives aux armes. Ce qu’il réclame c’est la neutralité et la distanciation.

En tant qu’opposition, êtes-vous parvenus à une décision définitive concernant le dialogue?
Nous n’avons pas encore décidé. Nous avions posé, pour y participer, une seule condition: un changement gouvernemental. Après avoir entendu sayyed Hassan dire qu’il rejetait toute condition préalable et que «celui qui n’est pas content s’en aille», nous maintenons notre décision. Avec qui voulez-vous que nous dialoguions? Avec ceux qui disent accepter, dans leur grandeur d’âme, de s’asseoir à nos côtés?

Accepteriez-vous le retour de Najib Mikati à la présidence du Conseil?
Je ne veux pas me prononcer pour le moment. Si le président Mikati veut présider ce gouvernement et renoncer à sa candidature aux élections, il est le bienvenu.

On vous reproche de torpiller les affaires qui concernent les gens et les institutions?
Pas du tout. Tout projet de loi adressé au Parlement attend au moins deux ans pour être voté. 69 envoyés à l’époque du gouvernement du président Fouad Siniora, dorment dans les tiroirs. Son gouvernement étant considéré amputé. Quant aux projets de loi en suspens, le président Berry en a choisi deux importants: celui concernant le pétrole et le second les marchés financiers et il les a fait passer en leur donnant un caractère de double urgence. Si les députés du 8 mars sont majoritaires, pourquoi le président Berry ne convoque-t-il pas l’Assemblée générale pour les voter alors qu’ils ont été approuvés dans les commissions adéquates?

Etes-vous satisfait du retour des cartes prépayées et des télécartes sur le marché libanais?
C’est une affaire étrange. Nous avons posé à ce sujet trois questions au ministre des Télécoms et au gouvernement qui n’ont pas pris la peine d’y répondre. Le ministre contrevient au règlement et dilapide l’argent de l’Etat qu’il prive de moyens importants et les citoyens d’un service essentiel. Le ministre refuse d’émettre les cartes en arguant du fait que cela est de son ressort mais qu’il revient à Ogero de le faire. Le ministère paie lorsque le travail est terminé, Ogero ayant à ses yeux le statut de salarié. L’ancien ministre Charbel Nahas considérait qu’Ogero était un entrepreneur chargé d’un travail pour lequel il serait payé. Le directeur général d’Ogero, Abdel Meneem Youssef, a relevé l’illégalité de cette formule et affirmé qu’il ne pouvait engager un argent inexistant sans risquer la prison. A cela, le ministre lui a intimé l’ordre d’imprimer les cartes à ses conditions, ce que Youssef a refusé à juste raison. Il aura fallu attendre deux ans l’intervention du président du Conseil. Après avoir entendu le point de vue des deux interlocuteurs, Mikati a demandé à  Youssef de signer. Ce à quoi ce dernier a riposté: «Je ferai pour vous ce que vous voulez mais je ferai de la prison». Mikati a, alors, imposé au ministre de se conformer à la loi.

Où en est l’affaire des bateaux générateurs d’électricité?
Le ministre de l’Energie a promis d’améliorer l’état de l’électricité grâce aux bateaux générateurs d’électricité. Pour lui faciliter la tâche, nous avons accepté de libérer un budget d’un milliard et deux cent millions de dollars. Pourquoi à ce jour n’a-t-il pas versé la somme due à la société turque afin qu’elle dépêche les bateaux?

Propos recueillis par Saad Elias

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