La crise politique libanaise n’a pas empêché le président arménien, Serzh Sargsyan, d’effectuer une visite officielle de trois jours, placée sous le signe de l’amitié entre les deux pays.
On pourrait presque dire que Serzh Sargsyan est arrivé en pays conquis, lundi, tellement les rapports entre le Liban et l’Arménie sont plus que jamais excellents. Une relation privilégiée qui s’explique bien évidemment par la présence d’une forte communauté libanaise d’origine arménienne au Liban, depuis des décennies.
Lundi matin, le président Sargsyan et son épouse ont donc été reçus en grande pompe au Palais de Baabda, où s’est déroulée la cérémonie d’accueil, au son des hymnes libanais et arménien.
C’est dans une entente cordiale que les présidents Michel Sleiman et Serzh Sargsyan ont entamé des pourparlers bilatéraux visant à accroître les échanges entre les deux pays amis. Le chef de l’Etat libanais en a d’ailleurs profité pour remercier son homologue pour le soutien constant de l’Arménie au Liban.
A ces entretiens, participaient également plusieurs ministres libanais, dont ceux des Affaires étrangères, des Déplacés, de l’Information, de l’Education et de l’Enseignement supérieur et de la Culture. Etaient conviés également, le ministre d’Etat Panos Manjian, le député Arthur Nazarian, président de la commission de l’amitié libano-arménienne, ainsi que plusieurs responsables et officiels arméniens.
Parmi les accords bilatéraux importants signés lors de cette visite, l’annulation des visas entre le Liban et l’Arménie. Désormais, Libanais comme Arméniens pourront voyager sans contrainte aucune. Autre accord important, dans le domaine de l’éducation, celui portant sur la reconnaissance réciproque des diplômes supérieurs.
Les deux chefs d’Etat ont appelé, lors d’une conférence de presse conjointe, au renforcement de la coopération bilatérale entre les deux pays. Une coopération à accroître en augmentant les échanges entre les officiels libanais et arméniens. Sleiman a également souligné la «fierté que porte pour le pays la contribution substantielle des Libanais d’origine arménienne, aussi bien dans la vie politique que dans les domaines économique, social et culturel». Il les a d’ailleurs appelés à jouer un «rôle accru», afin de «renforcer les relations de complémentarité entre le Liban et l’Arménie».
Des déclarations auxquelles le Premier ministre Najib Mikati a fait écho, appelant à «abattre toutes les entraves aux relations libano-arméniennes», car «il existe des domaines de coopération très larges qui attendent d’être exploités».
Le président Sargsyan a, lui, souhaité que «le Liban surmonte les circonstances régionales dans le calme» et appuyé l’appel de Michel Sleiman à «encourager la coopération bilatérale, surtout entre les secteurs privés».
Autre temps fort de cette visite, le déjeuner organisé à Aïn el-Tiné par le président du Parlement Nabih Berry. Un déjeuner qui a tenté de remplacer, bon gré mal gré, la séance au Parlement devant lequel le président arménien devait s’exprimer. Etaient présents, Najib Mikati, les ministres des Affaires étrangères des deux pays, l’ambassadeur arménien au Liban, Ashot Kocharian, le chef du CPL, Michel Aoun, le vice Premier-ministre Samir Mokbel, le nonce apostolique au Liban, Mgr Gabriele Caccia, plusieurs ministres, ainsi que des députés du 14 mars et du 8 mars, le général Jean Kahwagi, Achraf Rifi et les présidents des partis politiques arméniens du Liban.
Au cours de ce déjeuner, Sargsyan a souligné que « Le Liban occupe aux yeux des Arméniens un statut unique». Il a également remercié le Parlement libanais et son président pour leur prise de position dénonçant le génocide arménien.
Abordant la crise en Syrie, le président arménien a déclaré que «L’Arménie s’inquiète du sort du Moyen-Orient. En Syrie, les conflits armés et les opérations terroristes sont inadmissibles et beaucoup d’Arméniens syriens vivent une phase difficile. Je suis sûr que la situation actuelle en Syrie découle de l’attitude de certains pays de la région, qui règlent leurs propres problèmes aux dépens du sang du peuple syrien».
Le séjour de Serzh Sargsyan et de son épouse a été aussi ponctué de visites à l’université Haïgazian, ainsi qu’au siège du catholicos des Arméniens-orthodoxes, à Antelias, où ils ont été accueillis par Aram Ier.
Jenny Saleh