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Nº 2874 du vendredi 7 décembre 2012

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POLITIQUE

Raï: «pour un nouveau gouvernement» Forcing pour des élections à temps

Dans la morosité ambiante, il se dégage une quasi-certitude: les élections législatives de juin prochain se tiendront à la date prévue. C’est là le seul consensus entre les pôles politiques libanais, qui fourbissent leurs armes dans l’attente d’une grande inconnue: le dénouement de la crise syrienne.

S’il y a une proposition à laquelle les Libanais ne s’attendaient pas, c’est celle du patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, de procéder à un changement de gouvernement. Voilà qui risque de changer la donne et laisse penser qu’il existe une réelle possibilité de sortie de crise facilitant la tenue des élections législatives dans six mois.
Sachant combien le patriarche est soucieux d’éviter des prises de position qui le discréditeraient aux yeux de l’un ou l’autre des clans politiques, il y a fort à parier que l’expression de ses souhaits n’est pas le fait d’un hasard. Il ne reste plus que quelques mois avant l’échéance législative et l’impasse reste totale. Le spectre de devoir, comme dans les plus sombres pages de l’Histoire libanaise, proroger le mandat de la Chambre, plane sur tous les cercles politiques. C’est sous ce seul angle que peut être compris le relatif dégel du 14 mars vis-à-vis de sa décision de boycotter les Commissions parlementaires. Suite à des négociations menées par le président de la Chambre Nabih Berry et son vice-président Farid Makari, les députés de l’opposition, membres de la sous-Commission chargée d’examiner une nouvelle loi électorale, auraient accepté d’y participer. Mais un problème de taille n’est pas encore résolu. Il nécessitera sans doute de longs débats autour du lieu où se tiendront les réunions de la sous-Commission. Les députés du 14 mars arguent du fait que nombre d’entre eux ayant reçu des menaces, ils doivent renforcer leur sécurité. Se réunir place de l’Etoile devient pour le moins hypothétique. Ils suggèrent de se réunir au domicile de l’un d’entre eux, dont celui de Makari…
Le ministre de l’Intérieur se voulant rassurant affirme que les élections auront bien lieu le 9 juin prochain et que, faute d’adoption d’une nouvelle législation, celle de 1960 sera appliquée.
A ce jour un consensus autour de la formule permettant une représentativité optimale des élus relève de l’utopie. Le 14 mars refuse la loi de 1960 et avance un projet de 50 circonscriptions, proposé par le chef des Forces libanaises Samir Geagea. Le général Michel Aoun, lui, se déclare pour le mode proportionnel et la circonscription unique. Une proposition aussitôt qualifiée d’hérésie par les ténors de l’opposition.
Pour le président de l’Assemblée, Nabih Berry, qui s’efforce de se montrer neutre en affirmant être d’accord avec toute législation emportant consensus, c’est une façon adroite, comme d’habitude, de sortir son épingle du jeu…
Le véritable enjeu ne réside pas dans la tenue à tout prix des législatives à la date prévue. Une grande partie de la bataille électorale se joue avant le lancement des campagnes car, selon la formule adoptée, le paysage politique pourrait changer. Les différents acteurs en sont conscients. La bataille électorale, si elle a lieu, sera rude.
Les alignements ne sont plus les mêmes qu’en 2009. Des rapprochements inattendus feront grincer des dents. Ainsi, la position des Kataëb en faveur de l’initiative joumblattiste fera certainement des vagues. Le parti d’Amine Gemayel s’est montré favorable à la proposition de Joumblatt de reprendre le dialogue et de reformuler en  termes clairs et nets le principe gouvernemental: «armée, résistance, peuple».
On voit ainsi se profiler, à l’horizon de 2013, un redéploiement stratégique des forces laissant espérer, non pas un renouvellement des mêmes alignements, mais, peut-être, l’émergence d’un vrai centre, renforçant par là-même la position du chef de l’Etat.

Joumana Nahas
 


Le Courant du futur hausse le ton
Le Courant du futur ne semble pas prêt à remiser ses armes avant d’avoir obtenu satisfaction de sa principale réclamation: la chute du gouvernement Mikati. C’est dans le fief de ce dernier, à Tripoli, qu’à l’occasion du quarantième de l’assassinat du général Wissam el-Hassan, que la confrontation vient de s’inscrire dans la durée et l’intensité.  
C’est en termes d’une rare virulence, parfois assortis d’accusations à peine voilées, que le parti de l’ancien Premier ministre Saad Hariri a choisi de bloquer toute possibilité de dialogue avant le changement gouvernemental.
Dans la foulée des attaques au vitriol contre les forces du 8 mars, notamment le Hezbollah, une flèche a été lancée en direction des forces centristes, jugées «demi-patriotiques». La position tranchée du 14 mars semble tenir la route, en tout cas du côté du Courant du futur.

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