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Nº 2874 du vendredi 7 décembre 2012

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Small Crime de Christos Georgiou. Ailleurs mais si proche

Projeté en ouverture de la 19e édition du Festival du cinéma européen, Small Crime du réalisateur chypriote Christos Georgiou est profondément humain, simple et authentique. Un baume au cœur.

Dès les premières scènes, un sentiment de bien-être vous envahit. Qui durera tout au long de la projection. Et bien au-delà. Christos Georgiou ne s’en cache pas: «C’est un ‘‘feel good movie’’. Les spectateurs sortent de la salle contents, ils ont eu du bon moment. Ce qui est bien dans la comédie, c’est qu’on peut se faire facilement des amis», ajoute-t-il, le sourire plaisant. Small Crime amuse, divertit, fait sourire, profondément. C’est qu’il est pétri d’humanité, de simplicité. Leonidas est un jeune policier fraîchement diplômé, affecté à une petite île de la mer Egée, où rien ne se passe. Il sent sa vie passer, à poursuivre, en vain, les contrevenants aux règles de la circulation ou à s’asseoir au café avec les habitants pour regarder Angelikis, la fille la plus célèbre de l’île, présenter son émission télévisée du matin. Mais le jour où Zacharias est retrouvé mort au pied de la falaise, Leonidas lance son enquête.
Small Crime a fait la tournée d’un très grand nombre de festivals de par le monde. Et partout la réaction du public est la même. «L’histoire est universelle. Elle peut avoir lieu dans n’importe quelle petite communauté du monde. Tout un chacun peut comprendre les relations qui se tissent dans le film, peut se rattacher aux personnages. Ces derniers sont amusants, mais ils sont aussi chaleureux et humains».
D’ailleurs, Georgiou s’est inspiré de belles histoires simples, humaines et authentiques pour écrire son film. Tout a commencé quand, en vacances dans une petite île, un détail attire son attention: sur le pont une rampe avait été construite où les enfants roulaient sur leurs bicyclettes avant de se jeter dans la mer, comme dans la dernière image du film. «J’ai aimé tous les détails de cette histoire. Il y a aussi l’idée de ce vol un peu fou, comme Icare. Ça a commencé par cette image: vouloir décoller, quitter une petite ville». Petit à petit l’idée s’élabore, se développe, se relie à l’environnement, à l’aide d’histoires récoltées çà et là, dans les petites îles, qui sont autant «de
microcosmes d’histoires incroyables, de personnages, de détails…». Et une autre rencontre fut, décisive celle-là, «avec un jeune policier qui était exactement comme Leonidas. Il ne voulait pas être là, il ne cessait de nous dire que l’île avait 365 églises, plus que le nombre d’habitants! Il y avait plein de détails qui n’avaient aucun sens pour lui». En un mois, le réalisateur  a trouvé le thème de son film et son personnage principal. Au bout de deux ans environ, voilà le scénario prêt. Encore un an et demi pour récolter les fonds, assurant une coproduction entre Chypre, Grèce et Allemagne. En moins de six mois, entre les préparatifs, le tournage et le montage, le film est prêt.
Leonidas est campé par le célèbre acteur grec Aris Servetalis tellement expressif dans chacun de ses gestes, ses mouvements, ses traits, son regard. «Dès que je l’ai rencontré, explique Christos Georgiou, j’ai perçu cette confiance qu’il avait en lui et le fait qu’il correspondait exactement à ce rôle. Il a une fantastique présence physique. Son corps s’exprime rien qu’en marchant». Si Servetalis «porte à lui seul le film», le reste du casting est tout aussi attachant et décapant. L’île est emplie de charme et de personnalité et constitue à elle seule un des personnages principaux. L’équipe a tourné dans une petite île du nom de Théresia, à une vingtaine de minutes de Santorin, «l’une des villes les plus cosmopolites au monde. Et ce qui est incroyable c’est qu’en vingt minutes, on a l’impression de revenir vingt ans en arrière. On cherchait ce genre d’île qui soit très loin de tout, authentique, basique, dans tous ses moindres détails et avec son beau désordre organique. D’ailleurs, il y a beaucoup d’éléments dans les films nés de l’île, qui n’étaient pas dans le script et que personne d’entre nous n’aurait pu imaginer».

Nayla Rached

 

Le cinéma à Chypre
Small Crime est le deuxième long métrage de Christos Georgiou, après Under the stars en 2001 qui traite de l’invasion et de l’occupation. «Un thème majeur dans notre vie et qui revient souvent» dans le cinéma chypriote et ne présente pas une cohésion au niveau de l’esthétique ou de la vision. «Chacun crée son propre monde. Même si on pointe les mêmes choses quand on évoque la société, le paysage urbain, les problèmes environnementaux… qui nous concernent tous et pas seulement à Chypre. Si jamais il y a quelque chose en commun c’est le thème de l’invasion et de l’occupation. Et bientôt, je crois le thème de la crise».

 

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