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Nº 2875 du vendredi 14 décembre 2012

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L’aéroport de Halate. Le projet des FL qui n’a jamais vu le jour

Pendant les années de guerre, la mise en service de «l’aéroport de Halate» a longtemps été évoquée. En 1986, quand les Forces libanaises prennent la décision d’aménager cette piste, l’affaire prend de nouvelles dimensions.

Le commandement des Forces libanaises décide, le 15 décembre 1986, de hâter la mise en service d’un aéroport à Halate, pour desservir les régions est. L’accès à l’aéroport de Beyrouth devenant fort risqué, la nécessité d’un autre aéroport civil s’imposait. Pendant des années, la liaison maritime Jounié-Larnaka servait de relais pour les voyageurs, il était temps de penser à une alternative, surtout avec les incidents qui menaçaient la liaison maritime.
Cependant, cette initiative des Forces libanaises ne plaît pas à tout le monde, les protestations et les critiques se multiplient. L’ancien président de la République, Sleiman Frangié, considérant que l’ouverture d’un nouvel aéroport favoriserait la partition du pays, déclare que celui de Halate «ne verra pas le jour tant qu’il sera à portée de mes canons».
Des pays européens, de leur côté, annoncent leur refus d’accueillir tout avion en provenance d’un aéroport autre que l’Aéroport international de Beyrouth (AIB). La Belgique fut la première à l’affirmer, suivie bientôt par d’autres pays, malgré les contacts établis par les Forces libanaises avec certaines capitales occidentales. Ainsi l’obstacle était de taille. La mise en service de l’aéroport de Halate devenait problématique.
Les Forces libanaises, toutefois, étaient bien décidées à mener à terme leur projet. Pour elles, il fallait à tout prix une alternative. Le ton monte et les FL lancent des slogans appelant à l’ouverture de l’aéroport de Halate le plus rapidement possible, sinon, l’accès à l’aéroport de Beyrouth devra s’en ressentir. C’était «Halate et l’AIB, ou pas d’AIB», ou encore «Halate hatman» (Halate sûrement).
En janvier 1987, les FL mettent tout en œuvre pour que l’affaire soit conclue en faveur de l’ouverture du nouvel aéroport. Les obstacles restaient pourtant nombreux. Les FL refusent que l’AIB, sous contrôle des forces syriennes et des milices de l’Ouest, reste opérationnel, si l’aéroport de Halate ne l’est pas et lancent un avertissement à la MEA de ne plus utiliser l’AIB à partir de minuit.

Des obus sur l’AIB
Le 17 janvier 1987, les forces syriennes se déploient aux côtés des soldats libanais aux abords et dans l’enceinte de l’AIB, sous prétexte d’assurer la sécurité des voyageurs et celle des employés. Mais le trafic est malheureusement suspendu à l’AIB à maintes reprises, des obus tombant sur sa piste avaient détruit un Boeing de la MEA.
Outre cette situation risquée de l’aéroport international, des duels d’artillerie entre l’Est et l’Ouest rendaient même les voies y accédant dangereuses. Les menaces qui pèsent sur l’AIB sont sérieuses. Le chef des FL, Samir Geagea, se dit déterminé à exploiter la piste de Halate. Il arguait du fait qu’il était anormal que chaque année «cent mille personnes soient contraintes à voyager via Chypre et dix mille via Damas, faute d’un aéroport à Halate».
Finalement l’aéroport de Halate ne sera jamais officiellement opérationnel, malgré les incidents qui se multipliaient à l’AIB. Après avoir occupé la scène politique durant des mois, l’affaire prend fin en l’absence d’un accord interne et international.

Arlette Kassas   

 

N.B: Les informations de cet article sont tirées du Mémorial du Liban: Le mandat Amine Gemayel de Joseph Chami.

Incident avec Chypre
Le 1e janvier 1987, les navires israéliens contraignent un navire arrivant de Chypre à Jounié avec 64 passagers à bord de repartir vers son port de départ. Les Israéliens soupçonnaient le navire de transporter des renforts aux camps palestiniens. Le président libanais, Amine Gemayel, a dû intervenir auprès de l’ambassade américaine pour rétablir la liaison maritime avec Chypre.

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