Magazine Le Mensuel

Nº 2876 du vendredi 21 décembre 2012

general

Brigitte au Music Hall. Un show tout chaud

Brigitte, duo formé de Sylvie Hoarau et Aurélie Saada, une brune et une blonde, a donné un concert le dimanche 16 décembre au Music Hall, à l’initiative de l’Institut français et d’Eleftériadès Productions. Et le public fut sous le charme…

Comment vous êtes-vous rencontrées?
Par un ami commun, musicien également. Nous habitons le même quartier. Nous avons eu des parcours musicaux parallèles. Nous nous suivions, nous nous connaissions un peu, nous avions des copains en commun, nous allions nous voir l’une et l’autre en concert. Il nous arrivait de nous retrouver autour d’un apéro. Notre relation sur Brigitte a commencé sur quelque chose d’assez professionnel en fait. Nous avons eu un vrai coup de cœur artistique l’une pour l’autre, sans nous connaître intimement. L’amitié est née à force d’écrire des chansons ensemble. C’est ça qui est fou. Nous nous aimions beaucoup, nous nous sommes proposé de travailler ensemble car nous avions une admiration l’une pour l’autre sans savoir à qui nous avions vraiment affaire. Nous avions juste un feeling. Nous avons commencé à travailler de manière assez studieuse au départ et puis l’amitié s’est tellement développée à force de rire, de pleurer ensemble en écrivant des chansons ensemble. Car c’est très difficile d’écrire des chansons avec quelqu’un.

Justement, comment écrire à deux?
C’est un peu comme une conversation, en miroir ou ping-pong. Chacune rebondit sur ce que dit l’autre. Nous nous sommes encouragées de cette manière à aller au bout de nos idées.

Comment est née l’idée de Brigitte?
Du temps de travail passé ensemble. Nous ne nous sommes pas dit un jour nous allons faire un concept. Nous avons suivi nos désirs. Et c’est né de cette manière, au fur et à mesure des mois. C’est un concept malgré nous, qui nous a dépassées. Ça a l’air d’être un concept, parce que c’est totalement cohérent, car sincère et libre.

Brigitte, un nom en hommage à Brigitte Fontaine, Bardot, Lahaie…
C’est plus une référence qu’un hommage. Une référence à la liberté, l’audace de ces Brigitte. Ce qui nous amusait beaucoup aussi, comme c’est un prénom très français  très familier, il y a toujours une Brigitte dans toutes les familles. C’est très lié au quotidien et en même temps ça renvoie à des icônes célèbres. La musique que nous faisons ensemble, c’est Brigitte. C’est l’assemblage de nous deux en fait.

Très rapidement, Brigitte a eu du succès. Comment l’expliquez-vous?
C’est vrai que ça a très bien marché tout de suite. On ne peut pas expliquer le succès de quelque chose. C’est plein de paramètres; un paramètre de conjoncture. C’est-à-dire que tu arrives à un bon moment, au moment où les gens ont envie d’écouter quelque chose comme ça et toi c’est ce que tu fais. Il y a une place à prendre et naturellement tu t’es mise là. Ce qui a contribué également c’est le fait d’avoir écrit des chansons avec beaucoup de sincérité, tout comme le fait d’avoir eu un parcours un peu particulier qui a touché aussi. C’est-à-dire deux «looseuses» de musique qui tout d’un coup font un truc ensemble en se disant allez, advienne que pourra, l’essentiel est de se sentir libre, de réaliser cette envie de faire quelque chose ensemble, non pour plaire aux autres, mais pour se plaire ensemble, et pour nous faire plaisir dans nos vies, comme si c’était l’ultime projet musical qu’on allait faire. Sinon on ouvrirait un restaurant et on s’occuperait de nos gosses. Et tout d’un coup, ça a marché. Ça donne de l’espoir, un peu comme dans The Full Monty; on fait avec ce qu’on a et puis ce qui compte c’est l’enthousiasme qu’on y met, la joie, l’envie, le sérieux. C’est ça aussi que les gens perçoivent.

Votre musique est un peu funk, rétro, hippie… Comment la présenteriez-vous?
Elle est inclassable. Nous aimons bien le côté très libre. Nous nous sommes toujours dit que nous pouvions tout faire, tout mélanger, que nous avions le droit de créer l’équilibre entre tous les styles, les influences. Que c’était quelque chose qui nous appartenait, qui faisait notre particularité. Nous ne voulons pas choisir un genre précis, car c’est fermé, limité. Et nous n’avons pas envie de nous limiter. Nous voulons pouvoir rajouter encore d’autres épices, d’autres éléments à l’infini, à notre musique.

Propos recueillis par Nayla Rached

 


Et le concert fut
Rarement le Music Hall n’a été aussi secoué, aussi charmé, aussi exalté et aussi dansant, que ce dimanche 16 décembre au soir. Accompagné d’un guitariste, d’un bassiste et d’un batteur, tout aussi déjantés que lui, le duo Brigitte a présenté à l’audience un bouquet de ses chansons tirées de son album Et vous, tu m’aimes ? ainsi que des reprises, comme la mythique Ma Benz de NTM ou encore Eye of the Tiger. Battez-vous, Cœur de chewing-gum, La vengeance d’une louve, J’veux un enfant, Encore un verre… Le duo Brigitte a allumé la scène, la foule. Et le public dansait. Hommes et femmes. Tous sous le charme. Il a mis le feu au «dancefloor». Le duo Brigitte s’est déhanché, s’est émoustillé, s’est cambré. Il a crié, susurré, vocalisé, louvoyé ses mots. Des mots décapants, libres, audacieux, féminins, pluriels, sensuels, tigrés, félins. Brigitte, c’est chaud. Et c’est un show inoubliable. Sacrée Brigitte! Et merci Brigitte!

 


 

Tout bas… si bas
Mise en scène par Joanna Andraos et Wissam Kotait, Tout bas… si bas est une pièce de l’auteur tchadien, exilé de son pays natal, Koulsy Lamko. Un père démissionnaire, perché sur un arbre. Une vieille sans descendance, chassée de son village pour sorcellerie. Et une gamine précoce, prête à tout pour s’en sortir, annonce la naissance d’un bébé miraculeux. Telle est la trinité qui ouvre la pièce. A peine annoncée, la naissance du bébé, relayée par la voix d’un reporter, devient l’objet de toutes les convoitises qui attire les représentants d’un pouvoir frelaté: l’armée, l’Eglise, l’islam, l’autorité politique. Tout bas… si bas fait écho au contexte libanais et jette un regard onirique et critique sur le fonctionnement d’une société ancrée dans des traditions obsolètes.
La première rencontre entre ce texte et les metteurs en scène a eu lieu en 2008, à Paris, dans un foyer de travailleurs migrants d’origine sub-saharienne, soulevant «la question du déracinement, des frontières, des langues, de l’espoir et du mensonge», qui «est alors venu redessiner ce Liban, cet ailleurs, et le rêve de monter cette ici a connu sa première impulsion». D’impulsion en impulsion, de rencontre en rencontre, la pièce est finalement née. Nadim Deaibes a signé la scénographie, les costumes et les accessoires et Jawad Nawfal la création sonore. Les comédiens sont: Daniel Balabane, Wissam Koteit, Joanna Andraos, Dana Mikhaïl, Jean-Elie Jed, Samar Baldo, Karim Monsef et Caroline Hatem.
Tout bas…si bas a déjà été présenté au Théâtre Tournesol, les 13, 14, 15 et 16 décembre. Deux autres rendez-vous auront lieu les 27 et 29 décembre, à 20h30.

Nayla Rached
 

La pièce est sur-titrée en arabe.
Réservations: (01) 381290 – (03) 675-264 .
Prix des billets: 30 000 L.L. – 20 000 L.L. (étudiant).

 

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