Moins d’un tiers de personnes sont diagnostiquées ou reçoivent un traitement adéquat, selon une étude menée dans onze pays dans les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique afin d’estimer la prévalence des symptômes de la broncho-pneumopathie chronique obstructive.
C’est une première recherche régionale consacrée à la BPCO. La vraie mesure du fardeau de la maladie était largement méconnue dans les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique. Selon l’étude réalisée, plus de 13 millions de personnes souffrent d’une BPCO consécutive au tabagisme. «Ce chiffre est une estimation prudente, puisque d’autres facteurs de risque, tels que l’utilisation du narguilé ou l’exposition à la combustion de biocombustibles, n’ont pas été pris en compte dans le calcul», indique le Dr Marie-Louise Coussa Konisky, chef du service de pneumologie et réanimation à l’Hôpital Rizk. La proportion des sujets risquant de développer une BPCO s’élève à plus de 30%. Le taux de prévalence au Liban est de 5,3% chez les sujets âgés de 40 ans et plus, alors que la prévalence globale dans les onze pays couverts par l’étude est de 3,6%. Selon les médecins, ce pourcentage est presque identique à la proportion de la population atteinte d’asthme ou d’insuffisance cardiaque chronique, et dix fois plus important que la proportion de la population souffrant d’épilepsie dans le même groupe d’âge. L’étude menée a, pour la première fois, quantifié le véritable fardeau que représente la BPCO tant en ce qui concerne son coût pour la société que les effets de la maladie sur les patients et leurs familles dans ces régions. Cette étude est un appel à l’action pour améliorer la prévention, le diagnostic, la prise en charge et la qualité de vie des 5,3% de la population âgée de 40 ans et plus, qui vit avec cette affection chronique au Liban.
Le tabagisme en cause
«La BPCO provoque un rétrécissement des voies respiratoires dans les poumons, ce qui rend la circulation de l’air plus difficile à l’intérieur et à l’extérieur des poumons», explique le Dr Coussa Konisky. Une toux persistante, un essoufflement même au repos, une respiration sifflante, sont parmi les symptômes de la maladie. Les personnes atteintes de BPCO présentent aussi un risque plus élevé de développer des infections des voies respiratoires, ce qui peut aggraver leurs symptômes à court terme. La mortalité et l’invalidité dues à la BPCO devraient augmenter dans les pays en voie de développement au cours des prochaines décennies, principalement en raison de l’accroissement du taux de tabagisme, un facteur de risque connu de la maladie. Les conclusions de l’étude Breathe, menée en collaboration avec GlaxoSmithKline (GSK), révèlent que le tabagisme est un problème de santé publique de plus en plus inquiétant dans la région où les taux peuvent atteindre 30%. L’étude révèle, par ailleurs, que moins de 10% des traitements utilisés sont conformes aux directives thérapeutiques actuelles. De plus, le fardeau sanitaire et économique lié au traitement de la maladie est énorme; la BPCO est responsable de 1000 consultations, 190 visites aux urgences et 175 hospitalisations par heure au total, dans l’ensemble des onze pays où l’étude a été effectuée. De plus, de nombreux patients sont mal informés sur la BPCO et son traitement. D’où la nécessité d’améliorer la sensibilisation à la maladie. Selon les chiffres, 30% des patients ne connaissent pas avec certitude la cause sous-jacente de leur maladie, tandis que 50% d’entre eux ne reconnaissent pas le tabagisme comme étant une cause possible. Et plus préoccupant encore, 65% des patients auxquels on a diagnostiqué une BPCO continuent de fumer régulièrement.
NADA JUREIDINI
L’étude en bref
Breathe, une étude épidémiologique transversale d’observation de la broncho-pneumopathie chronique obstructive, a été menée auprès de plus de 60000 sujets âgés d’au moins 40 ans vivant dans des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique. Les personnes susceptibles d’être atteintes de BPCO ont été sélectionnées afin d’évaluer les facteurs de risque, les antécédents de la maladie, les symptômes, les répercussions sur la vie quotidienne, la prise en charge de la maladie et ses conséquences financières.