Tom Hooper, réalisateur du film oscarisé The king’s speech, présente l’adaptation cinématographique de la comédie musicale Les Misérables inspirée du roman éponyme de Victor Hugo. Ce film a une tête d’affiche impressionnante avec notamment Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway…
A chaque adaptation cinématographique des Misérables de Victor Hugo, les doutes s’installent, entre attentes, expectatives et craintes. C’est qu’il est très difficile de pouvoir présenter une quelconque adaptation de cet immense chef-d’œuvre. Les questions reviennent sans cesse. L’adaptation sera-t-elle réussie? Parviendra-t-elle à transmettre l’émotion qui transite dans chaque ligne du roman? Ou ratera-t-elle entièrement sa cible?
Tom Hooper se prête à cet essai. Comme pour anticiper la réaction des puristes littéraires, il n’adapte pas le roman d’Hugo lui-même, mais la comédie musicale culte, inspirée du roman, et présentée en 1980 au Palais des Sports de Paris, mise en scène par Robert Hossein. La musique est signée Claude-Michel Schönberg et les paroles Alain Boublil et Jean-Marc Natel. La comédie musicale a été ensuite adaptée en anglais par le producteur Cameron Mackintosh et la traduction par Herbert Kretzmer. La version anglaise, connue sous l’appellation Les Miz, fut un immense succès mondial. Tom Hooper présente ainsi la première adaptation cinématographique de cette comédie musicale.
Ton Hooper semble devenu un habitué des films d’époque. En 2011, il avait marqué les esprits par son magnifique long métrage The king’s speech, qui relate, rappelons-le, le problème du bégaiement du roi George VI. Un film qui a obtenu une dizaine de nominations aux Oscars. Sacré meilleur film, il avait également permis à Hooper de remporter la statuette du meilleur réalisateur, octroyant par la même occasion l’Oscar du meilleur acteur à Colin Firth. Après cette grande épopée, le réalisateur britannique s’est attelé à une tâche encore plus monumentale: Les Misérables. On connaît tous l’histoire de Jean Valjean, de Cosette, de l’inspecteur Javert, de Fantine, des abominables Thénardier… Des personnages devenus au fil du temps des symboles en bonne et due forme.
Des vies brisées
On est dans la France du XIXe siècle. La pauvreté sévit. Jean Valjean est relâché après 19 ans de détention pour avoir volé une miche de pain pour nourrir sa famille. Il ne peut, malgré tout, reprendre une vie normale. Il est pourchassé par l’inspecteur Javert pour n’avoir pas respecté ses conditions de libération. Jean Valjean est donc obligé de fuir encore et encore avant de changer d’identité, de devenir maire d’une petite bourgade et propriétaire d’une usine. Dans cette usine, travaille Fantine. Quand le secret de cette jeune et belle employée est dévoilé, elle est aussitôt congédiée. C’est qu’un tel secret risque de ternir la réputation de l’usine: Fantine cache sa petite fille Cosette chez des aubergistes véreux, les Thénardier qui ne cessent de lui réclamer de l’argent pour s’occuper de sa fille. Sans le sou, mourante, Fantine se voit poussée au désespoir. Jean Valjean découvre cette histoire et, repenti, il promet à Fantine de prendre soin de Cosette comme s’il s’agissait de sa propre fille. Leur vie va être changée à tout jamais. Victor Hugo ne se contente pas dans Les Misérables de raconter l’histoire de Jean Valjean et de Cosette, il dresse en filigrane l’histoire de cette France-là. C’est qu’au moment où Cosette coule des jours paisibles auprès de son nouveau père, une révolte gronde dans l’air, menée par un groupe d’étudiants privilégiés qui ne supportent plus l’indifférence du nouveau roi de France devant l’extrême pauvreté qui sévit dans le pays. Parmi ces étudiants, un certain Marius qui tombe fou amoureux de Cosette, alors qu’il est secrètement aimé par Eponine, la fille des Thénardier. Révolte, barricade, amour, passion impossible, sacrifice, décisions, choix à prendre… l’inspecteur Javert rôde toujours, prêt à dénoncer les étudiants et surtout à saisir, une bonne fois pour toutes, son ennemi de toujours, Jean Valjean.
A comédie musicale film musical; Tom Hooper présente une œuvre entièrement chantée par ses acteurs en direct pendant le tournage, en plein cœur de leur action. Et quels acteurs! Les Misérables tranche par son merveilleux casting. Hugh Jackman en imposant Jean Valjean, Russell Crowe pour camper l’imperturbable inspecteur Javert et une émouvante Anne Hathaway dans le rôle de Fantine. Le reste de l’équipe regroupe Amanda Seyfried dans la peau de la belle Cosette, Eddie Redmayne (My week with Marilyn) en Marius et Samantha Barks qui interprète son premier vrai rôle au cinéma. Et il ne faut surtout pas oublier les magnifiques Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen qui campent un décapant couple Thénardier.
La critique est divisée. «Les Misérables est un film à crever le cœur, un vrai plaisir pour tous », estime The Telegraph. Alors que Rolling Stone clame:«Tant pis pour les imperfections, le film est merveilleux». Autre son de cloche du côté de The Hollywood Reporter: «Une ribambelle de stars livre une bataille sans fin contre une hémorragie musicale et une approche visuelle laborieusement répétitive», ou du New York Magazine: «Bombardement de mauvais goût». Mais toute œuvre artistique entraîne divergences et goûts différents. A chacun de se faire son avis à la projection. A voir!
Nayla Rached