La police marocaine n’a pas changé
Les services de sécurité marocains, connus pour leur intransigeance et leur sévérité sous le règne du roi Hassan II, ne semblent pas avoir changé de méthode malgré le passage du Printemps arabe à Rabat et l’élection d’un Premier ministre islamiste. Lors des manifestations pacifistes, organisées par les étudiants, le député Abdel-Samad el-Idrissi avait tenté de protéger les étudiants contre la violence policière. Il s’était ainsi présenté aux officiers sur place, révélant son identité et les priant de ne pas utiliser la force contre les manifestants. Réponse des forces de l’ordre: Idrissi est lui-même battu à coups de bâton. Il a été transféré d’urgence à l’hôpital suite aux blessures graves qu’il a subies!
Ali Abdallah Saleh l’ancien président yéménite, semble avoir finalement tiré un trait sur un quelconque avenir politique après de longs mois de tractations au pays du Qat. Le président Saleh, qui avait dernièrement passé des semaines aux Etats-Unis d’Amérique, a décidé de finir ses jours en dehors du pays, permettant la mise en marche du processus de réconciliation nationale.
Pour sa part, l’actuel président du Yémen,
Abd Rabo Mansour Hadi, qui avait écarté le fils et le neveu de Ali Abdallah Saleh de leurs postes-clés au sein de l’armée, a eu gain de cause et pourra, durant les deux années qui lui restent à son poste, préparer la conférence du dialogue national tant attendue. Mieux vaut tard que jamais.
Mohammad Jihad el-Laham l’actuel chef du Parlement syrien, n’a pas compris que son rôle était de représenter et de défendre les membres du Parlement et non le gouvernement en place. Ainsi, le principe de séparation des pouvoirs lui semble complètement étranger. Résultat: au cours de la dernière séance d’interpellations des parlementaires au gouvernement, Laham est intervenu chaque fois qu’un député a critiqué le gouvernement. Par conséquent, le Premier ministre, Waël el-Halki, n’a pas eu à répondre, laissant cette tâche à son délégué, le chef du Parlement! Après 22 mois de révoltes populaires, rien n’a changé au Majlis al-Chaab.
Marzouki voit les choses en grand
Le président tunisien El-Moncef el-Marzouki vient de choquer les observateurs en appelant les pays arabes à s’unir pour former un bloc économique et politique. Drôle d’analyse. Rien ne lie une économie qatarie ou koweïtienne aux économies tunisienne ou marocaine. C’est sans compter sur le fait que, suite au Printemps arabe, les mouvements islamistes ont pris le dessus, écrasant tous les mouvements nationalistes arabes à leur passage. De plus, cette poussée islamiste a creusé le fossé sectaire entre sunnites et chiites et entre musulmans et Coptes. Mais toutes ces considérations importent peu au président tunisien qui semble avoir perdu tout contact avec la réalité.
En pointille
Le mouvement salafiste égyptien, qui avait réussi aux élections législatives à recueillir le quart des sièges, se trouve dans une position très difficile en ce début d’année. Des divisions internes ont poussé Imad Abdel-Ghafour, président du parti salafiste el-Nour, à claquer la porte et à former son propre parti: al-Watan. S’est joint à lui l’ancien candidat présidentiel Hazem Abou Ismaïl, une figure importante dans le Pays des Pharaons, ce qui a inquiété les cheikhs de la Daawa salafiste, qui soutiennent toujours le parti el-Nour. Ainsi, aux prochaines élections qui auront lieu en mars, les islamistes s’engageront dans la bataille en rangs divisés, ce qui signifie qu’il leur sera presque impossible de rééditer l’exploit de 2012. Feuilleton à suivre.
Ahmadinejad joue sa dernière carte
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le mandat présidentiel s’achève en milieu d’année et qui ne peut plus briguer un troisième mandat, fait tout pour que son gendre Rahem Mashaei puisse lui succéder. C’est ce qui explique son opposition ferme à la tentative d’introduire des réformes sur le mode de scrutin, présentées par son ennemi le chef du Parlement Ali Larijani, afin de rendre impossible toute candidature de Mashaei. Larijani avait proposé que les candidats soient âgés d’au moins 45 ans et qu’ils détiennent un DEA, deux conditions susceptibles de mettre le gendre hors jeu. Réponse du président: «Nous ne vivons pas sous une dictature où une seule personne peut tailler la Constitution et les lois comme bon lui semble».
Sistani insulté
Le député irakien Hussein el-Assadi, membre du bloc du Premier ministre Nouri el-Maliki, a été forcé de prendre la porte. Assadi n’avait pas apprécié les critiques du Grand Ayatollah Ali el-Sistani envers le gouvernement actuel. Par conséquent, il a considéré que la plus haute autorité chiite dans le monde n’avait aucun poids parce qu’al-Najaf «représente une organisation civile sans aucun intérêt». Fureur de la communauté chiite qui ne s’attendait pas à ce qu’un des siens ose attaquer le Grand Ayatollah. Appelé au bureau du Premier ministre, Assadi a été prié de quitter le bloc majoritaire et forcé de former un mouvement indépendant. Aux prochaines élections parlementaires, il devra se trouver de nouveaux alliés. Ce ne sera pas mission facile.
La Turquie au sommet du monde
Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, artisan de la politique étrangère adoptée par le parti islamiste, Justice et Développement au pouvoir, a toujours considéré que son pays était le digne successeur de l’Empire ottoman. C’est ce qui expliquerait les remarques surprenantes du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui a demandé que son pays devienne membre permanent du Conseil de sécurité, un droit qui manque toujours à des pays tels que le Japon, l’Allemagne, l’Inde ou le Brésil! Au cours d’un meeting avec les ambassadeurs turcs à travers le monde, il a souligné que «l’histoire a passé et passera toujours par Ankara. C’est une réalité que nul ne peut ignorer». Vu les récents faux-pas de la diplomatie turque dans plusieurs dossiers, Davutoglu ferait mieux de corriger sa propre ligne avant de voir les choses en grand!
Les diplomates algériens sont vivants
Les trois diplo-mates algériens kidnappés, en avril 2012 au Mali par l’organisation al-Tawhid wal Jihad proche d’Aqmi, ont donné signe de vie à travers une vidéo de deux minutes. Leur quatrième collègue, quant à lui, a d’ores et déjà été annoncé mort. Il avait été exécuté par ses geôliers. Les diplomates ont adressé un appel au président Abdel-Aziz Bouteflika, le priant de négocier avec leurs ravisseurs pour assurer leur libération. Les terroristes ont exigé une rançon importante et la libération de plusieurs des leurs. Alger refuse officiellement tout chantage et assure qu’elle ne négociera jamais avec les terroristes. Mais en secret, des contacts ont bel et bien eu lieu, car cette affaire a créé des remous dans la population algérienne, très inquiète du sort de ses diplomates.
Abdullah Öcalan négocie
De sa cellule de prison, le leader kurde Abdullah Öcalan négocie en toute discrétion avec les services de renseignements turcs pour signer un accord mettant fin à la lutte armée. Des médias à Ankara ont rapporté que les deux camps seraient sur le point de signer la dissolution de l’aile armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui considère que la crise syrienne pourrait avoir des effets négatifs sur son pays, veut à tout prix mettre un point final au problème kurde. En échange, l’ennemi numéro un d’Ankara sera libéré et placé sous surveillance, pendant que les milices armées kurdes seront graciées et que la porte de l’exil leur sera ouverte. Ces contacts n’ont cependant pas plu aux rebelles révoltés contre leur chef. Il n’est pas sûr qu’ils soient prêts à respecter l’accord qu’il signera avec ses geôliers.