Dans Hyde Park on Hudson, réalisé par Roger Michell, Bill Murray campe le rôle du président américain Franklin D. Roosevelt, l’espace d’un week-end, lors de la visite historique du roi et de la reine d’Angleterre, à l’orée de la Deuxième Guerre mondiale. Mais derrière l’homme d’Etat, il y a l’homme tout simplement.
Hyde Park on Hudson: un film dont l’impact sur le spectateur s’avère inattendu, semant presque le trouble dans son esprit. C’est qu’il emmêle la grande Histoire à la petite histoire, humanisant surtout de véritables icônes politiques. Le 33e président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt, apparaît ainsi sous un autre visage. Il n’est plus seulement ce grand décideur politique qui a bouleversé l’Histoire du monde. Il est avant tout un être humain qui a à gérer ses affaires de cœur. C’est ce qu’ont décidé de nous montrer le réalisateur Roger Michell (Notting hill – Changing lanes – The mother) et son scénariste Richard Nelson. Ils se sont fondés sur les écrits privés de Margaret Suckley, découverts après la mort de cette dernière.
Mais qui est Margaret Suckley? Une cousine au cinquième ou sixième degré du président Roosevelt. C’est sur ce personnage, prénommée Daisy, que s’ouvre le long métrage. Daisy vient tout juste de recevoir un coup de fil de la mère du président. Elle lui demande de se rendre auprès de ce dernier pour lui tenir compagnie l’espace d’un après-midi. C’est que le président est tellement fatigué, ennuyé, submergé par les crises d’Etat. Et Daisy parviendra à lui faire oublier ses soucis. Le président l’emmènera souvent pour des escapades en voiture dans des paysages bucoliques. Et leur relation devient intime.
On est en juin 1939. L’Angleterre se prépare à entrer en guerre contre l’Allemagne. Le roi George VI et son épouse, la reine Elisabeth (Olivia Colman), sont sur le point de se rendre en visite officielle aux Etats-Unis, une première dans les relations entre les deux pays. A la résidence familiale du président, on s’active pour s’apprêter à cette visite. C’est à Hyde Park on Hudson, au nord de New York, que le spectateur fait la connaissance de la mère du président (Elizabeth Wilson), sa femme Eleanor (Olivia Williams) et sa secrétaire Missy (Elizabeth Marvel). Entrée de plain-pied dans la grande Histoire, avec toutefois une très grande attention portée aux détails de l’humain. Les souverains anglais forment en fait un tout jeune couple, encore hésitants, incertains d’eux-mêmes, redoutant d’être ridiculisés par le président et sa femme qui, justement, viennent de les inviter à un pique-nique de hot-dog! Comment interpréter ce signe? Entre le bégaiement du roi George VI, les inquiétudes de la reine d’Angleterre, la liberté négligemment simple d’Eleanor Roosevelt, l’effacement observateur de Daisy et son amour naissant, l’exubérance respectueuse de Roosevelt mère et la présence de son autre maîtresse, Missy, Franklin Delano Roosevelt tranche, en catimini presque, et parvient à gagner la confiance de tous. Un homme d’Etat. Un homme tout simplement.
Pour ceux qui s’attendent à un film historique, à un biopic, la déception est garantie. Mais le film est tissé de tension de bout en bout, par les dialogues, les regards, les silences, les prises de vue et la manière dont les deux histoires, les deux points de vue s’entremêlent. A l’instar de la discussion d’homme à homme entre le président et le roi d’Angleterre, où le bégaiement de ce dernier n’est même pas perçu par le président assis sur chaise roulante à cause d’une poliomyélite. Ou du fameux pique-nique historique qui a ouvert une nouvelle page dans les relations anglo-américaines.
Si Hyde Park on Hudson est inégal dans sa mise en scène, son scénario et l’impression qu’il dégage, entre intérêt, étonnement et une certaine lassitude, il doit en revanche, beaucoup à sa tête d’affiche. Un Bill Murray méconnaissable se glisse à merveille dans la peau du président Roosevelt. L’acteur oscarisé pour Lost in translation a d’ailleurs été nommé pour ce rôle au Golden Globes 2013 dans la catégorie du Meilleur acteur dans une comédie ou une comédie musicale. Un prix qu’il a dû céder à Hugh Jackman pour Les misérables (voir page 60). Laura Linney, toujours aussi magnifique, incarne une très fraîche et réjouissante Daisy. Mention également à Samuel West qui campe le roi George VI, incarné, rappelons-le, par Colin Firth dans The king’s speech de Tom Hooper en 2010. Hyde Park on Hudson n’est pas un grand film ou un film inoubliable, mais il reste à voir et à découvrir, d’autant plus qu’il permet au spectateur de relativiser, de voir d’un autre œil, d’une autre manière. Et c’est en cela que réside sa force.
Nayla Rached
Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas.
En salles aussi
Django unchained
Action de Quentin Tarantino
Avec l’aide de son mentor Dr King Schultz, Django, un ancien esclave devenu chasseur de primes, se met en tête de sauver sa femme de l’immense plantation du puissant et brutal Calvin Candie. Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio…
Circuits Empire et Planète.
The last stand
Action de Jee-Woon Kim
Un shérif américain vivant près de la frontière mexicaine tente d’arrêter le chef d’un cartel de drogues avant que celui-ci ne s’échappe à Mexico. A l’affiche: Arnold Schwarzenegger, Eduardo Noriega, Forest Whitaker…
Circuits Empire et Planète – Grand Cinemas