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Nº 2880 du vendredi 18 janvier 2013

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Pétrole et gaz. Rien n’est réglé entre le Liban et Chypre

 

A l’occasion de la visite qu’il a effectuée au Liban, le président chypriote, Demetris Christofias, a examiné les relations bilatérales. Il n’a toutefois pas résolu le litige autour de la délimitation des frontières maritimes entre les deux pays. Le Liban avait refusé toute médiation chypriote dans son litige avec Israël, qui permettrait aux trois pays de profiter des richesses en gaz et pétrole découvertes récemment.

Une tentative de compromis a été proposée par les Etats-Unis conformément auquel le Liban obtient deux tiers de la superficie objet de litige avec Israël, soit 500 des 860 km2, pour profiter des richesses qui y sont enfouies. Beyrouth a demandé à négocier sur le troisième tiers, tandis que l’Etat hébreu n’a pas donné de réponse définitive.
Selon les experts, les revenus liés à l’exploration des hydrocarbures découverts au large des côtes libanaises pourraient couvrir dix fois la dette publique nationale. Et selon une étude américaine du US Geological Survey, les fonds marins libanais abriteraient 3454 milliards de mètres cubes de gaz et 1,7 milliard de barils de pétrole.
Quant au total pour la Méditerranée orientale, dans son ensemble, il est évalué à 9700 milliards de mètres cubes de gaz et à 3,4 milliards de barils de pétrole.
Israël a pris de l’avance par rapport au Liban. Il possède un réservoir équivalant à 300 milliards de dollars. Selon les études, la capacité du Liban serait supérieure. Il est, cependant, loin de pouvoir bénéficier des recettes de l’exploitation de ses ressources en hydrocarbures offshore. Il faut du temps et, si tout marche comme convenu, il ne pourra profiter de l’exploitation de ces ressources avant dix ans. Le gouvernement avait pris du retard dans la mise en place des dispositions légales pour s’attaquer au forage. Au début des années 2000, il avait fait appel à la société britannique Spectrum. Les résultats de l’étude sont alors très prometteurs. En 2006, la société norvégienne Petroleum Geo Services entame une autre exploration. Ses résultats confirment les résultats précédents.
En août 2010, le gouvernement libanais approuve la loi-cadre. Les décrets d’application sont en bonne voie et le Parlement adopte la loi établissant la zone économique exclusive maritime du Liban. L’Autorité de régulation devra évaluer les propositions d’environ 35 entreprises intéressées par l’exploration des eaux libanaises. Une liste de six participants sera recommandée dans les négociations finales avec le ministère de l’Energie et de l’Eau.
En octobre 2010, Israël découvre un gigantesque méga-gisement offshore de gaz naturel dans ce qu’il estime être sa zone économique exclusive. Et en décembre 2010, il signe un accord frontalier avec Chypre pour délimiter cette zone. Les frontières ne concordent pas avec le tracé libanais. Israël empiéterait sur 1500 km² des 25000 km² de la zone exclusive libanaise. Les autorités libanaises demandent un recours à une médiation de l’Onu et, plus particulièrement, au Tribunal maritime international. Les autorités israéliennes refusent ce recours. La question n’est pas près d’être résolue, malgré la médiation américaine.
Faute d’un accord direct ou indirect, aucune exploitation ou exploration pétrolière ou gazière n’est possible normalement dans la zone contestée. Israël a pourtant déjà entamé, en 2011, l’exploration pour l’exploitation du gaz dans ces zones. Le Liban devra se rattraper pour ne pas laisser échapper ses richesses.

Arlette Kassas

 


L’Autorité de régulation
L’Autorité de régulation du dossier pétrolier a été désignée par le Conseil des ministres. Elle est chargée d’orchestrer toutes les prochaines étapes du dossier et aura donc pour rôle d’approcher les sociétés pétrolières internationales, de négocier les contrats d’exploration et de production et de veiller à la bonne exécution des décrets d’application.

   

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