Diminuer la consommation du sel dans notre alimentation permettra de prévenir les maladies cardiovasculaires. Une étude menée par la faculté des Sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), montre que le pain, à lui seul, est responsable, en moyenne, de 25% de nos besoins journaliers en sel.
Les adultes devraient consommer quotidiennement moins de 2000 mg de sodium, soit 5 g de sel par jour selon les dernières recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une réduction de la consommation de sel de 5 grammes par jour se traduirait par une baisse des décès causés par les accidents vasculaires cérébraux et les maladies cardiovasculaires. Le sodium est naturellement présent dans divers aliments, dont le lait, la crème et les œufs. On le retrouve également, en grande quantité, dans les aliments transformés. En effet, 75% de la quantité quotidienne de sodium consommée est invisible. Parmi ces aliments, le pain contiendrait environ 400 à 500 mg de sodium, mais également les charcuteries, les fromages, les jus de légumes, les soupes préparées ou en conserve et les pâtes alimentaires. L’hypertension artérielle constitue un risque majeur de cardiopathies et d’accidents vasculaires cérébraux. Selon l’OMS, 39% des Libanais sont atteints d’hypertension artérielle. On estime que l’apport élevé en sel alimentaire est à l’origine de 30% de la prévalence de l’hypertension artérielle. Une consommation excessive de sel et d’aliments contenant du sodium accroît par ailleurs le risque de cancer de l’estomac, le 2e cancer le plus meurtrier dans le monde. Des études ont montré que les pays où l’on consomme le plus d’aliments salés comme des poissons ou des viandes salées ont des taux de cancer de l’estomac très élevés. Pour réduire sa consommation de sodium, il est conseillé de manger des repas maison pour pouvoir contrôler la quantité du sel, choisir des aliments frais, vérifier la teneur en sodium des aliments et privilégier les aliments contenant peu ou pas de sel. Selon les experts, il est préférable de réduire graduellement la consommation du sel pour pouvoir s’habituer aux goûts non salés. Pour rehausser le goût des aliments, on peut utiliser des épices ou de fines herbes sans sel, des herbes fraîches, de l’ail, des oignons ou du jus de citron.
Trois questions au Dr Lara Nasreddine
La nutritionniste et chercheuse à l’AUB, le Dr Lara Nasreddine répond aux questions de Magazine.
Quels sont les résultats de l’étude menée par la faculté des Sciences de l’agriculture et de l’alimentation?
L’enquête nationale que nous avons menée a révélé que près de 70% des adultes libanais ont des apports quotidiens en sodium très élevés. Or, selon l’Organisation mondiale de la santé, il ne faut pas dépasser les 5 g de sel par jour. Le pain consommé en grande quantité par les Libanais, contiendrait à lui seul, 400 à 500 mg de sodium, soit 25% de l’apport quotidien en sodium dont 4% la pizza au thym.
Quels sont les méfaits du sel sur la santé?
Une consommation excessive de sel expose les consommateurs à l’hypertension artérielle qui est un facteur de risque de maladies cardiaques et d’accidents vasculaires cérébraux. Mais également au cancer de l’estomac, à l’ostéoporose ou à une maladie rénale. Sensibiliser la population libanaise aux dangers d’une consommation excessive de sodium, contribue à réduire le risque d’être touché par ces maladies. Il faut donc changer les habitudes alimentaires des Libanais et adopter un régime avec peu ou sans sel. Les gens pourront ainsi s’habituer à un goût moins salé.
Quel est le message à passer?
Réduire le sel ne signifie pas seulement ne pas en ajouter dans les plats, mais également éviter la consommation de produits salés comme entre autres, le pain, la pizza au thym, la charcuterie, les viandes transformées, le fromage ou le labneh. Notre objectif est de sensibiliser la population et le corps médical aux méfaits du sel sur la santé. Nous allons également collaborer avec les représentants de l’industrie agroalimentaire pour réduire le sel dans les aliments transformés et veiller à ce que l’étiquetage des produits alimentaires comporte la quantité du sel qu’ils contiennent.
Nada Jureidini